La fuite plutôt que le débat : la démocratie malmenée

Dans la vie collective toutes les prises de position révèlent fortement la conception de la vie sociale de celle ou celui qui les porte. Le tribun sait que les mots ont plus d’importance que les idées. Le raisonneur espère toujours imposer sa logique, plus ou moins rigoureuse, à des foules qui se contentent souvent de la superficialité des événements. Le prudent sait que chaque parole peut constituer une faute et donc il attend qu’on l’oblige à s’exprimer. Le truqueur sait qu’il vaut toujours mieux faire dire que dire soi-même. Il y a également l’inconscient qui ose et cause vrai au risque de se prendre en boomerang une appréciation d’agresseur. Mais le plus souvent dans un groupe celui qui s’en tire le mieux c’est le silencieux qui observe, apprécie mais ne prend jamais le risque de prendre position et qui esquive systématiquement le débat.

Quand ces attitudes sont spontanées elles peuvent être considérées comme acceptables puisque la nature humaine reprend le dessus. Malheureusement souvent tout n’est qu’affaire de calculs, de truquages, d’apparences dans un monde médiatique avide de sensationnel. Alors on s’effarouche, on crie, on s’indigne, on gesticule, on prend à témoin, de telle manière que l’on masque son impuissance à justifier ses positions. On utilise ensuite de manière anonyme la calomnie ou l’approximation… Le silence ou l’aboiement de loin deviennent de plus en plus les seules armes des porteurs d’idées creuses ou de principes tellement partisans qu’ils en sont  ridicules
Il existe cependant un variante girondine qui a été mise en œuvre par les élus UMP du Conseil général, suivis contraints et forcés par les « centristes ». Elle consiste à refuser de pratiquer le débat sur la base d’une accusation rituelle de non sincérité des documents transmis. La manière dont est présentée ce non-événement devient dramatique car elle suppose une mauvaise foi tellement grotesque qu’aucune personne ne saurait être dupe mais ça marche!

D’abord parce que cette attitude suppose que l’on ignore totalement ce qu’est un budget… C’est simplement une prévision qui engage celui qui le présente dans sa réalisation contrôlée en fin d’exercice. Dans le fond rien ne permet de « juger » une présentation qui constitue une promesse de recettes et de dépenses sauf à estimer que la répartition aurait pu être différente. Le seul acte qui permet de vérifier de la véracité des engagements c’est le compte administratif… qui effectue le bilan de la gestion un an après. Une comparaison de ce type reste la seule référence louable. Une prévision peut-elle être sûre à 100 % ? Non. Doit-on pour autant refuser d’agir sous prétexte qu’il faut attendre des certitudes ? Peut-on accuser sans aucun débat des fonctionnaires qui préparent les documents d’être des tricheurs ou des incapables? Il faut simplement pour y parvenir avoir du culot, de la suffisance et une haute idée de ses supposées capacités. Exactement ce qui caractérise le sarkozysme ! On dénigre, on calomnie, on détruit, on méprise afin de persuader l’opinion que l’on est supérieur à ces « manants », ces instituteurs de pacotille, ces ignares osant avoir une vision prospective des finances locales.
En fait c’est une tactique répétitive permettant d’échapper à la confrontation des points de vue. Quand vous êtes certain de perdre ou que vous êtes pas sûr de vos troupes il vaut mieux déclarer forfait en braillant que le match est truqué. C’est devenu le quotidien de l’assemblée nationale avec des députés UMP condescendants et insultants à l’égard de femmes et d’hommes de gauche qu’ils accusent d’avoir usurpé le pourvoir au prétexte qu’eux sont les Phénix de la gestion. On a simplement vu les conséquences de leurs prévisions en matière de dette publique de fonctionnement durant la décennie UMP. Une France ruinée à l’arrivée de Fillon et détruite à son départ. C’est certain que le travail budgétaire devait être à la hauteur des enjeux ! Refuser de débattre n’est donc qu’une véritable fuite devant l’impossibilité à contrer une réalité. La Gironde est dans, absolument tous les ratios reconnue pour la qualité de sa gestion et si tout ne va pas pour le mieux la situation est au minimum acceptable..
J’ai entendu depuis de années tous les reproches : « matraquage fiscal », « endettement insuffisant », « non sincérité », «  gestion opaque », « dépenses inconsidérées »…avec chaque fois le refus de soutenir ce qui relevait du bon sens mais au moins j’ai entendu ces critiques qui ont conduit ceux qui les faisaient porter par un mentor suffisant à ne pas accepter les propositions de la majorité. Là on se trouve face à la réalité de la politique actuelle : il vaut mieux fuir que débattre ! Et c’est dramatique pour la vision qu’en ont les citoyens ! Ils auront beau jeu de clamer « trop payés », « tous vendus », « déconnectés de la vie puisque certains préfèrent rester chez eux avec une indemnité plutôt que de défendre le point de vue de leurs mandants.

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