Ils étaient venus, ils étaient tous là ou presque. L’état-major de la France forte et le coppéistes avaient ostensiblement occupé les premiers rangs. Un filtrage serré afin que la salle ne soit pas bourré comme aux temps glorieux de Sarkozy ou comme l’an passé lors de la venue de François Hollande. Ils avaient le sourire moqueur du genre : tu vas voir ce que tu vas voir ! Dès qu’André Laignel avait dans son discours objectif prononcé le mot « rythme » les sifflets et les huées étaient très partiellement montés de la salle cette fois exclusivement garnie de maires. Un avant-goût de ce qui semblait promis à Jean-Marc Ayrault. Toutes les interventions tournaient d’ailleurs autour du sujet essentiel pour l’avenir de la nation : le refus par des élus (toujours les mêmes) d’appliquer une loi qui ne les concerne pas, celle de la modification des rythmes scolaires. Une élue bretonne ayant témoigné de l’intérêt et des résultats de la mise en œuvre dans sa commune des aménagements possibles essuyait à son tour des quolibets. La tension était palpable dans le grand auditorium du Congrès des Maires. La France en crise sociale, morale et financière retenait son souffle. Les rythmes scolaires constituaient pour les communes et les intercommunalités le sujet essentiel des préoccupations il fallait au moins le Premier Ministre pour servir de punching-ball ! Coppé au premier rang attendait la mise à mort. Or rien ! Un abruti spécialiste des luttes intégristes contre le mariage pour tous qui pour faire le malin a réussi à attiré les caméras guettant la « mise à mort » de Jean-Marc Ayrault avec un sifflet. Voici des dizaines de journalistes frustrés… On leur avait promis la tempête et ce fut une vaguelette et bien évidemment ils oublieront tous que celui qui a étouffé la contestation c’est un Premier Ministre serein, courageux et surtout…ne cédant rien sur les valeurs qui a longuement répondu au Président de l’AMF.
Une sacrée leçon pour l’Elysée. On lui promettait le tohu-bohu et il a imposé le silence en ne cédant rien sur ce qu’il pense bon pour l’intérêt général. Premier ministre a abordé sur le fond « la question cruciale de la nouvelle organisation des temps scolaires ». Premier constat, alors que l »Elysée envisageait sur ce sujet une nouvelle danse de la « raspa », un pas en avant et deux en arrière il est venu parler haut et fort : le gouvernement entend bien conduire sa réforme jusqu’au bout et ne cèdera pas sur la semaine de 4 jours et demi. Il a bien rappelé que si les parents s’étaient prononcés majoritairement pour le mercredi matin le texte évoquait aussi la solution du samedi matin ! Le gouvernement a ajouté une matinée supplémentaire aux apprentissages sur la base du constat maintes fois entendu que les matinées étaient plus propices aux apprentissages. Personne n’a moufté ! Le reste c’est de la seule responsabilité des Maires mais « hors temps scolaire » ce qui est plus clair et plus franc : chacun son rôle, chacun sa volonté, chacun son projet de place de l’enfant dans la ville. L’objectif essentiel reste d’améliorer les résultats en temps scolaire en apportant aux enseignants une meilleure qualité du temps.
Il a bien confirmé la promesse (déjà rendue publique le 5 novembre dernier) de reconduire l’aide de l’état pour la mise en place des nouveaux rythmes à la rentrée 2014, ou l’annonce d’un délai de quelques mois supplémentaires accordés aux communes pour « l’élaboration des projets éducatifs ». Rien n’est contraint mais tout devra être en place à la rentrée 2014 pour émarger aux fonds gouvernementaux. La volonté des maires de voir assouplir les normes d’encadrement, fixant un nombre d’élèves maximum par animateurs, semble avoir été entendue. L’assouplissement a été autorisé, « à titre expérimental » mais désormais, à 5 mois des élections municipales il faudra enfin assumer la véritable responsabilité : que fait la commune ou ‘intercommunalité en faveur des élèves. Amélioration en maternelle à rechercher, bilan obligatoire en fin d’année scolaire, adaptation locale admise mais à l’arrivée 4,5 jours de classe ! Irrévocable…et fondamental ! Enfin une position solide qui a fait taire toutes les rébellions imaginées et politiciennes. Les Maires n’ont rien à dire puisque le seul décideur de l’emploi du temps des enseignants reste l’Etat ! « Recteurs, préfets, sous-préfets, DDASEN, inspecteurs locaux, directeurs des écoles : tout le système éducatif sera mobilisé pour aider les élus qui le souhaitent à bâtir leurs projets. J’en donne l’ordre ! En revanche l’AMF sera maître d’œuvre de la mise en place des Temps d’activités périscolaires. Vous négocierez ce qui vous paraît difficile à régler et vous nous direz les améliorations à apporter. Nous vous faisons confiance ! » Il quitte la scène avec des applaudissements et aucune bronca comme elle lui avait été promise. La preuve irréfutable que ce n’est jamais en renonçant à l’intérêt général pour ne répondre qu’aux intérêts particuliers que l’on convainc politiquement de la solidité de ses valeurs. Vivement que tout le gouvernement le comprenne.
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