Ouverture à Nice du Congrès de la diversité à vélo

Discours prononcé à Nice en ouverture du 20ème Congrès international des villes et territoires cyclables !
« C’est avec beaucoup de plaisir que j’ouvre ce 20ème congrès du Club des villes et territoires cyclables à Nice Côte d’Azur et en Région PACA, dans une métropole et une région toutes deux adhérentes de notre association.
C’est une grande satisfaction de tenir ce 20ème congrès dans une grande ville du sud de la France et de montrer ainsi que le vélo progresse partout et que nos événements – notamment ce grand rendez-vous bisannuel – sont accueillis partout en France, dans des collectivités de tailles très différentes !
C’est une volonté de l’Assemblée générale des adhérents que de faire ce tour de France du vélo à l’occasion de nos grands rendez-vous. De Lille à Nice, de La Rochelle à Chambéry, nous avons ainsi illustré depuis 2009 la dynamique des territoires cyclables dans toute leur diversité !
Diversité est d’ailleurs, je crois, le mot clé du travail du Club et de ce congrès.
Diversité des démarches des territoires cyclables d’abord. On n’engage pas une politique en faveur du vélo et de la mobilité active de la même manière à Strasbourg, seule ville française à ne pas avoir abandonné le vélo dans les années 60, qu’à Créon, Agen, Lorient, Lille, Angers, Créteil ou Nice. Ni à toutes les échelles d’un territoire : bassins de vie, zones urbaines et périurbaines, régions, zones rurales…
Chaque territoire a ses atouts et ses handicaps et choisit d’enclencher la dynamique vélo sur des fronts différents, tantôt essentiellement sur les aménagements de voirie, tantôt en déployant des services innovants. Il faut faire appel à l’inventivité du territoire et non à la seule – désormais célèbre – boîte à outils. Il faut saisir les opportunités de ces territoires, prendre appui sur les atouts ; repérer les gisements de clientèle pour le vélo et la mobilité alternative, s’appuyer sur l’initiative citoyenne, et tenir compte des moyens humains et financiers dont disposent les territoires.
Diversité des femmes et des hommes qui conçoivent ces politiques locales et qui les animent au quotidien : élus, techniciens, associations, citoyens motivés sont réunis pour un objectif : vivre autrement leur ville.
Diversité des opérateurs et des modèles économiques.
Diversité enfin et surtout des publics auxquels ces politiques et ces services s’adressent !
Quelle meilleure actualité que ces deux événements qui précèdent de très peu notre 20ème congrès !

D’abord :
-l’ouverture ce lundi du système de vélos en libre service de New-York…. Quel symbole que l’arrivée des City Bikes à New-York ! Qui aurait parié voilà 20 ans que New-York ambitionnerait d’être une ville cyclable ? Lentement mais inexorablement, le vélo reconquiert les territoires sur lesquels il avait disparu.

Ensuite :
-le palmarès du Festival de Cannes dont le jury présidé par un prestigieux réalisateur américain a remis la Palme d’or à un Français – Abdellatif Kechiche -, un niçois, arrivé de Tunisie à l’âge de 5 ans et qui illustre que la diversité culturelle demeure un atout essentiel pour le progrès.

C’est bien cette différence qui, comme dans tout écosystème équilibré, toute belle société, fait notre force et notre avenir !

Le vélo offre une chance supplémentaire à la diversité.
Notre congrès est placé résolument sous le signe de la richesse des différences. Je voudrais en effet saluer nos intervenants et congressistes étrangers – de Portland, Ouagadougou, Bogota, Mexico, Shanghai, Boston, Madrid, Murcia, Toyama, Cunéo … – qui nous font le plaisir et le grand honneur de venir partager leur expérience et leur vision de l’avenir du vélo et des mobilités, et du monde.
C’est une fierté pour nous de les accueillir ici et maintenant.

De venir partager aussi la conviction que le vélo permet de réinventer la vie – peut-être même de la réenchanter ! – parce qu’il nous invite à regarder autrement le quotidien, la vitesse, les distances et les relations entre les hommes.
En 2011, le titre de notre rendez-vous était : « l’avenir a besoin du vélo ! ». Nous avions choisi de repousser les horizons de notre réflexion pour concevoir les scénarios d’évolution du vélo les plus probables et surtout les plus désirables.

Cette année, le thème phare est « A nous d’inventer la vie qui va avec le vélo ! ». Pas moins !
En gardant le cap sur demain, bien d’accord avec le philosophe Roger-Pol Droit quand il dit qu’ « il faut retrouver le sens de l’avenir » et raviver les débats sur la société de demain.
Nous ne traversons pas qu’une crise sociale, économique et financière mais nous devons réinventer un monde différent où le respect de l’Homme sera au cœur des préoccupations.

C’est ce que nous essayons de faire au Club des villes et territoires cyclables tout au long de l’année et à l’occasion des événements que nous organisons.
Faire progresser ici et maintenant la mobilité active citoyenne, sociale, durable, en gardant le cap sur l’avenir. Non pas pour prédire cet avenir, ce que Georges Amar qui nous fait l’amitié d’intervenir vendredi, nous garde de faire. Mais déjà pour aimer ce futur afin de projeter des évolutions ou, plus modestement, afin de favoriser les conditions pour faire éclore des changements souhaitables.

Assurément, le vélo et la mobilité joueront un rôle majeur dans ces changements. Un rôle au-delà du seul thème des transports !
En effet, la mobilité active entraîne des transformations déjà à l’œuvre aussi bien sur l’économie, la gouvernance, les nouvelles stratégies urbaines, la santé… Sans doute parce qu’elle n’est pas seulement produite par des opérateurs mais par les individus eux-mêmes.
Un peu à l’image de nos sociétés dont les évolutions prennent souvent les institutions de vitesse…

Il ne s’agit pas non plus, dans nos raisonnements, de passer du tout-flux au tout-individuel ! Il s’agit plutôt de passer d’une tradition qui oppose toujours, peu ou prou, le collectif et l’individuel, à de nouvelles combinaisons entre collectif et individuel, qui sont à l’œuvre aujourd’hui et encore largement à inventer.

Il faut, en outre, avoir confiance dans la capacité de nos concitoyens d’accueillir le changement, qu’il s’agisse de mobilité comme de modes de vie, et de prendre une part active à ce changement.

Comme l’enquête que nous avons réalisée cette année sur « Les Français et le vélo » – dont les résultats seront présentés vendredi – le montre : il se passe quelque chose du côté de la mobilité active dans notre pays !

Un Français sur 2 a fait du vélo pendant les 12 derniers mois.
La pratique du vélo augmente en France autant pour les loisirs que pour la mobilité « utilitaire ».

A l’évidence, le vélo s’installe dans les modes de vie !
En France et dans un grand nombre de pays dans le monde.
Ne boudons pas notre plaisir de constater ces évolutions positives et mobilisons notre énergie pour les accélérer. Dans l’intérêt du plus grand nombre.
A l’instar de Louis Nucera dans son formidable ouvrage, le Roi René, consacré à la Petite Reine, je vous propose que ce congrès soit placé sous sa définition de l’action intellectuelle nécessaire à l’usage du vélo : « décision dans l’esprit, précision dans l’action, concision dans le style ». Rappelons qu’il est mort au champ d’honneur du vélo, fauché à Nice par un chauffard.
Le Festival de Cannes vient de se terminer, je déclare ouvert le 20ème Festival du vélo de Nice !
Bons échanges, bons travaux, bon congrès à tous !

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