L'avenir appartient à celles et ceux qui sont "anti-tout"

Ce qui est désespérant dans la situation européenne actuelle, c’est que les technocrates bruxellois, en permanence à contre courant, continuent inlassablement à expliquer que les contraintes imposées aux états sont totalement inefficaces. En fait, elle ne cesse de transférer sur les politiques, eux responsables vis à vis des citoyens, des décisions arrêtées par une commission réputée dotée de la science infuse. Plus personne ne fait plus confiance à ces zigzags impunis qui conduisent des peuples entiers vers la déserrance idéologique.
Le doute s’est installé durablement et absolument, et dans toute l’Europe la déferlante de la Droite extrême ressemblera à un tsunami social. C’est parti en Italie avec des comportements qui rappellent une autre époque. Cécile Kyenge, une ophtalmologiste originaire de la République démocratique du Congo (RDC), nommée ministre de l’Intégration dans le gouvernement d’Enrico Letta est devenue l’illustration parfaite de ce délire raciste et xénophobe qui s’empare du Vieux Continent. Depuis sa nomination, elle est la cible de véritables « saloperies », et pas seulement sur les sites néo-fascistes. Un parlementaire de la Ligue du Nord, Mario Borghezo, a parlé d’un « gouvernement bunga bunga » , dans une allusion à Cécile Kyenge et aux soirées à caractère sexuel organisées par l’ancien président du Conseil Silvio Berlusconi, dont on connaît déjà les penchants pour l’extrême droite. Lors d’une émission de radio, il a ensuite accusé la ministre de vouloir imposer en Italie « des traditions tribales » et affirmé que les Africains n’avaient « pas produit de grands gènes ». Des sites internet d’extrême-droite ont parlé quant à eux de « la guenon congolaise« , de « zoulou« , de « la noire anti-italienne ». La situation empire et le gouvernement d’union nationale a la langue liée, car dans son sein on retrouve des proches de ces affirmations délétères. L’Aube dorée en Grèce est connue pour ses actes de violence réguliers contre les migrants. Cette fois, un député de ce parti néo-nazi, ouvertement xénophobe et antisémite, s’en est directement pris à un élu, le maire d’Athènes. Ce dernier avait fait interdire dans la matinée une distribution de nourriture gratuite réservée… aux seuls Grecs. L’initiative, jugée « raciste et illégale » par la municipalité, était organisée par le parti d’extrême droite, Aube dorée, dans le centre de la capitale.Même si on n’en est pas encore là en Grande Bretagne on en approche…
La formation « anti-européenne » et « anti-immigration » Ukip a confirmé qu’elle était dorénavant un acteur politique incontournable en obtenant 42 postes de conseillers dans les élections municipales également, même si elle n’a pour l’instant pas d’élu au Parlement. Nigel Farage, leader de l’UKIP, a salué sur la BBC « un changement de cap dans la politique britannique ». Selon des résultats partiels, les conservateurs obtiennent 201 postes de conseillers dans ces sept conseils (66 postes en moins). Avec 73 conseillers, leurs alliés dans la coalition gouvernementale, les libéraux-démocrates (ou « lib-déms »), en perdent 15. Même si les conservateurs, dont la politique de rigueur est très impopulaire, s’étaient préparés à perdre entre 300 et 700 sièges sur environ 2 400, ces premiers résultats ont un goût amer pour le parti au pouvoir. Le FN britannique a fait principalement campagne contre l’immigration, contre l’Union européenne et contre les trois principaux partis britanniques -qu’il trouve coupés des réalités. Ça rappelle étrangement le contenu sans écart du discours lepéniste du 1er mai. Un boulevard électoral s’ouvre devant les thèses de l’extrême droite dans tous les pays européens, tant que l’irresponsabilité de l’UE sera considérée comme un élément décisif et fondateur de la rigueur. C’est à croire que, dans le fond, l’obstination devient un mode de gouvernance débouchant sur une déliquescence progressive du sentiment d’appartenance à l’Union européenne qui a été patiemment forgé depuis des décennies. Le danger de voir transformer l’UE en château de cartes devient grandissant. Il y a cependant une lueur d’espoir : Bruxelles viendrait de porter à 2 ans le délai pour ramener dans les clous les déficits de la France.
Le célèbre Olli Rehn, le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, a admis du bout des lèvres que le retour sous les 3 % dès 2014 nécessiterait un effort « trop important » car, à politique constante, le déficit serait de 4,2 % pour une croissance de 1,1 % en 2014 ce qui reste pourtant encore une prévision optimiste puisque pour 2013 la Commission ne tablerait que sur un déficit à 3,9 % du PIB en raison d’une récession prévue de 0,1 %… Dans cet infâme micmac de prévisions, de ratios et de diktats financiers, le citoyen lambda ne se réconciliera certainement pas avec le « politique » dont il exige des actes concrets, proches et correspondant surtout à la résorption des difficultés qu’il rencontre. Son angoisse sur le court terme a besoin d’un exutoire et on lui en propose deux : l’immigration et l’Europe. Ce n’est pas pour rien que partout l’extrême droite se réfère à ces deux boucs-émissaires abstraits qui relèvent des impressions, des approximations, des contradictions et plus encore de l’ignorance politique. Anti-Hollande; anti-Europe actuelle; anti-immigrés; anti-réformes; anti-tout, on devient aisément populaire.

Cet article a 3 commentaires

  1. davidsudest

    on ne sera jamais assez anti-Hollande et anti-Europe hélas; j’en viens à penser moi ayant pourtant un emploi (minable, mais j’en ai un quand même) que les citoyens en Europe ont le droit légitime de déclarer la guerre totale aux gouvernements collaborationnistes de la barbarie libérale. l’Euroland est dans la même situation que les pays d’Amérique du sud dans les années 80 sous le diktat du FMI.

  2. batistin

    Citations:

    (Armand Farrachi né en1949)
    « Il n’est plus une insulte, une exaction, un égoïsme qui ne se proclame liberté individuelle, y compris la liberté de nuire.
    Toute contrainte étant devenue insupportable, même la présence de l’Etat, l’ensemble des libertés s’appelle le libéralisme. »

    (Noam Chomsky né en 1928)
    “Dans notre monde, il y a des institutions tyranniques très importantes, c’est ce qu’on appelle les multinationales, qui sont les institutions humaines les plus proches des systèmes totalitaires.
    Ils n’ont pas de compte à rendre au public, c’est comme des prédateurs qui se jettent sur la société.
    Et pour se défendre de ces prédateurs,
    les gens n’ont qu’un seul outil de défense, c’est l’Etat.”

    (Jacques Chirac – né en 1932)
    « Une esthétique du pouvoir a remplacé l’exercice du pouvoir concédé à des entourages mondains, des experts technocratiques, des analystes financiers, des éminences lovées dans des cabinets ministériels plus habiles à flatter qu’à trancher.
    Peu à peu, des clans parisianistes ont pris le contrôle des leviers de commande de l’Etat, réduisant toute initiative à un effet d’annonce, la soumettant à l’appréciation des sondages, voire de la mode.
    D’où une dictature sournoise de l’émotion, dans une atmosphère de cour ou de Bas-Empire, aggravée par une dérive monarchique dans le fonctionnement des institutions. »

    (Stéphane Hessel – né en 1917)
    « Je souligne toujours l’écart entre légalité et légitimité.
    Je considère la légitimité des valeurs plus importante que la légalité d’un État.
    Nous avons le devoir de mettre en cause, en tant que citoyens, la légalité d’un gouvernement.
    Nous devons être respectueux de la démocratie, mais quand quelque chose nous apparaît non légitime, même si c’est légal, il nous appartient de protester, de nous indigner et de désobéir. »

    (inconnu)
    « La réponse combat-fuite à une peur ressentie chez les humains remonte à l’ère préhistorique.
    Le combat se manifeste par un comportement agressif et combattif,
    la fuite se traduit par l’évitement des situations menaçantes.
    De nos jours ces réponses persistent, mais les réponses combat-fuite sont assumées par un large groupe de comportements.
    Par exemple, la réponse au combat peut se manifester par un comportement agressif, argumentatif,
    la réponse à la fuite peut se manifester par un retrait social et/ou une toxicomanie »

    _______________
    La dernière citation met en lumière la réaction de nos jeunes gens et filles, que je trouve souvent forts agressifs et si nombreux à faire usage de produits modifiant le comportement, autrement appelés stupéfiants.
    Et ce que je trouve moi stupéfiant c’est que nous ne soyons pas capable de les extraire de la peur qu’ils ressentent.
    Si ce n’est pour nous, faisons le pour eux,
    bouger la graisse molle qui ralentit le fonctionnement de nos synapses.

  3. batistin

    Citation oubliée dans mon commentaire, , excusez

    (François Hollande)
    « Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire.
    Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne.
    Cet adversaire, c’est le monde de la finance. »

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