Qui survivra aux pesticides verra !

pesticide_nasa-dpUne autre catastrophe sanitaire s’annonce et bien évidemment, quand on en prendra conscience, il sera beaucoup trop tard. Les procédures judiciaires succéderont aux procédures judiciaires et le pouvoir politique sera une fois encore secoué pour avoir sacrifié les intérêts des hommes à ceux des multinationales. C’est une certitude, les pesticides utilisés à dose massive ont un impact direct et désormais démontré sur la santé de millions de personnes. La politique de l’autruche ne changera pas la triste réalité. Dans une décennie, des maladies dont on commence juste à percevoir la montée dans la population vont exploser !
Des médecins courageux et lucides de la région du Limousin viennent de tenter de réveiller l’opinion publique et les autorités sanitaires qui soignent sans cesse et de manière strictement financière les conséquences de cette montée des cancers, de la maladie de Parkinson ou de divers troubles neurologiques… Il est vain de tenter de juguler les coûts de la couverture sociale tant qu’on ne se penche pas sur les causes de la montée des dépenses sanitaires. « Trop de signaux de danger sont au rouge », explique le porte-parole de ces médecins en colère. Pour la première fois en France, ces praticiens de terrain, au contact direct de la réalité, interpellent de façon officielle les autorités régionales sur l’impact sanitaire des pesticides dans leur région. Le texte, qui a commencé à circuler dans les cabinets médicaux de la région il y a quelques semaines, compte 85 signatures de professionnels, en Haute-Vienne, Creuse et Corrèze… Je serais curieux de savoir si leurs confrères de la Gironde, qui officient dans le vignoble bourré depuis des années de désherbants, de produits chimiques, seront aussi courageux pour révéler leurs constats en Médoc, en Entre Deux Mers ou en Libournais. Les décès se multiplient parmi les vignerons, qu’ils soient des propriétaires ou des salariés… mais les statistiques restent secrètes ou discrètes
Selon le collectif, «des liens ont en effet été établis en milieu professionnel agricole entre l’utilisation de pesticides et certaines de ces pathologies ». Et ces médecins de rappeler qu’en mai 2012 par exemple, la maladie de Parkinson a été classée comme maladie professionnelle par la Mutuelle sociale agricole. Mais on continue à déverser des tonnes de pesticides dans l’agriculture intensive dont certains secteurs n’ont jamais été aussi rentables grâce à ces produits, qui demeurent ensuite dans les aliments, mais dont on se soucie beaucoup moins que du mélange de viande de cheval dans celle de bœuf. Il est vrai que les fabricants de ces pesticides sont cotés en bourse et que le chantage à l’emploi, conforté par un lobbying parlementaire européen très fort, leur permet de poursuivre leur entreprise d’empoisonnement des pékins moyens ! Les médecins du Limousin sont dans leur rôle citoyen. Leur courage devrait être montré en exemple, alors qu’ils n’auront pas plus de place dans l’actualité que celle que l’on accorde aux chaussures noires du « Père François » !
Vous a-t-on parlé ou présenté, dans une Europe de la concurrence libre et non faussée, protectrice des peuples, l’enquête annuelle de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), publiée le 12 mars ? Elle est passée inaperçue, car noyée dans les fumées blanches ou noires du Vatican. Et pourtant. Elle confirme une fois de plus la présence importante de résidus de pesticides dans l’alimentation.  La contamination des aliments resterait à un haut niveau, avec 65% des fruits et 39% des légumes contenant des résidus en moyenne en Europe, selon le plan de surveillance. Pourtant, d’après le rapport, la France se situerait en dessous de ces chiffres moyens avec 53% des fruits et 30% des légumes contaminés par des résidus de pesticides. On se rassure comme on peut en parlant souvent de doses infinitésimales ou en dessous des normes, dont personne ne sait d’ailleurs qui les a fixées (les industriels adorent les normes qui leur permettent de sauver l’honneur en se défaussant sur ces ratios). Les médecins signataires de l’appel dénoncent d’ailleurs le fait que « la notion de faible dose n’est pas plus rassurante car de nombreux pesticides s’avèrent être des perturbateurs endocriniens soupçonnés d’une recrudescence d’infertilité dans la population française ». Leur crainte: « le lancement d’une énième enquête qui viendrait s’ajouter à des enquêtes internationales aujourd’hui incontestées » mais dont on ne parle jamais. On sait déjà que les générations médianes de notre pays paieront l’addition de notre inconséquence et surtout de notre lâcheté à préférer un confort provisoire au détriment de mesures courageuses. L’économie, le profit, la facilité tuent beaucoup plus que les guerres mais leurs morts ne sont pas comptabilisés.
Prenons l’exemple de la bêtise consistant à s’opposer à la densification des agglomérations et des bourgs. On découvre maintenant que les maisons construites au cœur ou en limite des zones agricoles font courir beaucoup plus de risques à leurs habitants que bien d’autres plus présentables. Dans une région agricole comme la Gironde, avec des activités utilisant en quantité des pesticides pour la vigne, par exemple, la mise en place rapide de mesures de précaution relativement simples devient urgente. Parmi elles, imposer des distances de sécurité avec les habitations pour protéger les riverains qui vivent à proximité de ces cultures, ou encore favoriser des cultures biologiques près des cours d’eau, eux aussi largement touchés par l’usage intensif des pesticides. L’interdiction des épandages massifs est également réclamée. Or, il n’y a aucun mot dans les Schémas de Cohérence et d’orientation territoriale en cours. Le lobby viticole réclame des terres pour anticiper la suppression des droits de plantation, mais… ne dit rien sur les conséquences de ses pratiques environnementales justifiées par… le prix de revient et donc le bénéfice !

Cette publication a un commentaire

  1. morland

    Votre texte est quasi héroïque!!!
    En le lisant, je sentais tant de colère montait en moi, je suis passionné d’apiculture et tout le monde connaît le sort portant atteinte aux abeilles, mais tout le monde se fout des abeilles et de l’humain aussi…
    Je suis écoeuré et me sens impuissant face à tout ça.

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