Qui sème la haine récolte la violence !

L’horreur absolue qu’inspire le massacre dans une école américaine ne saurait faire oublier la responsabilité sociale du système américain que nous badons passivement depuis des décennies. Le progrès viendrait d’Outre Atlantique, et il faut absolument que nous nous adaptions à ses « valeurs » sous peine de ne pas être dans le vent ! La Droite française prend en grande partie son inspiration dans un faux libéralisme, qui ne repose que sur le joug des plus forts sur les plus faibles, et elle tente par tous les moyens d’en éclipser les conséquences. Il faut aussi reconnaître qu’avec le poids sélectif médiatique, les couches réputées « populaires » ne sont pas insensibles à ce rêve du « self made man », supposé ouvrir les portes du succès et de la richesse ! Or le fameux système de l’Oncle Sam ne repose que sur la violence institutionnalisée par le culte de l’individu, supérieur à celui de la collectivité.
Elle est partout: dans la jungle économique, dans la sphère sociale, dans la culture ou même le sport. Elle perle dans les actions ordinaires du quotidien sans étonner le monde, qui considère que le profit que l’on peut en retirer est supérieur aux inconvénients subis… par les autres ! Le massacre qui succède à tant d’autres massacres ne changera pas fondamentalement la triste réalité d’une société des rapports de force permanents, et qui a fini par légitimer les outils de la violence. Nous prenons le même chemin en cette période de crise, car nous tuons peu à peu les bases républicaines du siècle des Lumières. La haine entre dans les rapports humains et elle ne choque plus personne. Bien au contraire, elle se banalise à travers les croyances et surtout l’irrationalité des comportements. La laïcité, inconnue aux États-Unis, est bafouée en permanence, détruisant ainsi le rempart pouvant exister contre les excès des esprits englués dans les sables mouvants de l’intolérance. L’intégrisme ravage les consciences dans tous les secteurs : politiques, culturels, économiques. On le constate chaque jour davantage.
Le corporatisme, l’enkystement social, le repli absolu sur du prêt à porter idéologique, la destruction du vrai lien social, la régression du partage, la perte de la confiance dans le collectif, la diminution prévisible du fait associatif, mènent aux pires violences. Elles se traduisent alors par des passages à l’acte commis par des esprits faibles ou affaiblis par une éducation castratrice ou qui ne repose que sur des constats d’échecs accumulés. Le système scolaire, à tous ses étages, devient alors le bouc-émissaire de ces modifications continues des valeurs repères. Il est en effet assez révélateur de constater que tous les massacres perpétrés outre atlantique l’ont été dans des écoles, des collèges ou des universités ! Plusieurs dizaines de faits similaires ont causé des centaines de morts sur toute la planète et personne ne peut ignorer que la France n’a pas échappé à la règle, avec la tuerie de l’école juive de Toulouse, il y a encore quelques mois ! Les fous s’en prennent toujours à l’éducation, qu’ils considèrent comme responsable de leur misère humaine ou, surtout, qui cristallise leur haine farouche de tout ce qui peut rappeler la raison.
L’Amérique profonde est historiquement ancrée dans la violence, la terrible « struggle for life » qui a guidé la conquête historique des territoires. On oublie ou on piétine le faible s’il a le malheur de ne pas entrer dans la rentabilité dont a besoin la croissance permanente nécessaire aux USA pour établir leur domination sur le monde. Le paradoxe, c’est que ce pays hétéroclite, avec le racisme le plus féroce, l’exclusion atroce, la misère épouvantable ait élu Obama à sa tête, comme pour se donner bonne conscience. Et en France, comme plus largement en Europe, nous abandonnons inexorablement nos valeurs propres pour leur substituer celles qu’on nous vante comme plus efficaces. L’auto-défense gagne du terrain, les armes s’entassent dans des quartiers, la sécurité des biens et des personnes n’appartient plus aux pouvoirs régaliens de l’État, les lois répressives n’éradiquent pas les comportements violents (jamais il y a eu autant de monde dans les prisons de la planète!), les licenciements boursiers (c’est pour moi une vraie violence!) et les cours des collèges ou des lycées, deviennent des zones de non respect des intégrités physiques;et tous ces comportements vont s’accroître.
Les déclarations officielles compassionnelles vont se succéder. Les larmes de « crocodiles » vont couler. Les considérations métaphysiques vont envahir les ondes. Tout cela jusqu’au prochain massacre horrible d’enfants. En Syrie, il est quotidien, avec des chiffres terribles dans leur cruauté mais aussi dans leur anonymat. La violence n’est pas toujours imputable à la folie individuelle, et alors elle apparaît comme une fatalité. Pour ma part, je ne peux pas me résoudre à voir la haine croître sur le terreau fertile de l’ignorance et de l’indifférence !

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Cette publication a un commentaire

  1. Nadine Bompart

    Bravo Jean-Marie, superbe texte!!!!!

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