Une réalité sonnante et… trébuchante !

Chaque fois que l’on aborde les difficultés que rencontre le gouvernement pour ajuster ses dépenses aux ambitions qu’il avait affichées, la réponse qui fuse est toujours la même : « ils ne respectent pas leurs engagements ! » Les critiques sont légitimes. Elles devraient pourtant s’accompagner d’une analyse objective de la situation trouvée après le départ des responsables de l’UMP qui sont, comme ils l’affirment, de bien meilleurs « gestionnaires » que des socialistes dépensiers. Les « trous » laissés sont tels qu’il faudra tout le quinquennat pour retrouver un espoir de faire face aux obligations prévues. Dans le domaine du sport, il existe par exemple une structure de financement des équipements communaux, intercommunaux ou certains dits structurants à l’échelon régional ou national : le Centre National pour le développement du Sport. De manière directe (et j’en ai été le témoin privilégié et direct), il obéit aux ordres ministériels. On y puise, sur les revenus issus des jeux, des subsides pour divers stades ou salles prévus pour l’accueil de compétitions internationales (grands stades ou Arénas) et… comme ils l’ont fait dans bien d’autres secteurs, les Ministres UMP ont pressé le CNDS comme un citron pour satisfaire les projets du monde professionnel qui plaisaient aux copains. Un mélange politicien et affairiste qui a… ruiné totalement la structure.

Valérie Fourneyron n’a pu que constater les dégâts ! La ministre de la Jeunesse et des Sports qualifie d’ailleurs de « critique » la situation de cet établissement public, créé en 2006. Le CNDS, financé par des taxes -notamment sur la Française des Jeux et les opérateurs de paris en ligne -, s’achemine vers une perte de… 32 millions d’euros pour 2012, avec une dette de… 480 millions au titre des engagements passés et non payés. En outre, ses engagements annuels (375 millions) dépassent de 100 millions le montant de ses recettes. Si rien n’est fait, son déficit avoisinerait 50 millions en 2016. Il vaut mieux ne pas donner la liste des subventions accordées, car il serait aisé de vérifier que le choix ne repose pas sur des critères objectifs !

En conséquence, la Ministre a soumis au conseil d’administration un plan d’économies de près de 30 millions, ainsi qu’un recentrage de ses missions. Les engagements pris dans la perspective de l’Euro 2016 « seront tenus », assure la ministre des Sports, car il faut financer les projets de grands stades à hauteur de 160 millions d’euros au total ! Bien entendu, le monde sportif du Comité national Olympique s’est ému de cette situation que les anciens administrateurs n’avaient pas… vue ! On est en situation de faillite mais le CNOSF fait semblant de ne jamais en avoir eu connaissance, alors que je peux témoigner que du côté de « l’arrosage » il y aurait (même localement) des situations plutôt ambiguës. Il existe mieux.

Nicolas Sarkozy, grand gestionnaire s’il en est, s’est empressé de distribuer les 19 millions d’euros de la réserve ministérielle avant son départ de l’ Élysée, c’est à dire en moins de trois mois. Un déluge de subventions publiques, exclusivement destinées aux amis, ou aux ennemis qu’il fallait « acheter » ! Les bénéficiaires ont été sélectionnés avec soin par le candidat aux présidentielles, comme en témoigne la liste des 627 subventions distribuées par l’ex-président en… 2012. Tous les dossiers, sauf un, ont été présentés par des personnalités de droite. La seule exception concerne Claude Bartolone, alors président PS du conseil général de Seine-Saint-Denis, qui a décroché – Dieu sait comment – 114 000 euros pour aider son département, en quasi-faillite.

Les autres sollicitations provenaient de députés, de sénateurs ou de petits chefs UMP désireux de bétonner le terrain avant les législatives de juin 2012. Histoire de cajoler dans le sens du poil les électeurs et les maires de leur circonscription, ces quémandeurs ont décroché une subvention élyséenne pour refaire une route, une église ou une bibliothèque… Naturellement, ce sont surtout des communes dirigées par des élus de droite ou sans étiquette qui ont été arrosées. Mais quelques maires de gauche, dragués par l’ UMP, ont pu ramasser des miettes.

Les élus qui ont tendu la main se sont d’abord servis eux-mêmes. Dans l’ Oise, Eric Woerth, ancien trésorier de l’ UMP, persécuté par les magistrats qui enquêtent sur le financement de la campagne de Nicolas Sarkozy, a obtenu 340 000 euros pour sa commune de Chantilly. L’ex-ministre Marc-Philippe Daubresse a été lui-aussi servi et a empoché 300 000 euros pour sa ville de Lambersart.

Le secrétaire général adjoint de la présidence de la République et candidat aux législatives dans les Pyrénées Orientales, a raflé 228 000 euros, à partager entre 3 communes du département. Nadine Morano, ministre de la Formation professionnelle, et l’ex-secrétaire d’ État Laurent Hénart ont distribué la bagatelle 1 102 300 euros à 39 collectivités locales. En Seine-et-Marne, le talentueux Copé a décroché 54 subventions pour un montant total de 550 067 euros. François Baroin dans sa circonscription de l’ Aube, avec 258 000 euros de subventions a eu moins de poids. Bien évidemment, on était avant les échéances électorales. Lors de la campagne pour la Présidence de l’association des Maires de la Gironde, le même procédé a été utilisé avec une pluie de contributions, distribuées par mon rival sénateur UMP… pourtant à l’arrivé battu de 5 voix dans le collège des Maires et finalement sauvé par celui des intercommunalités ! Il y a également un député girondin avec tellement de fric qu’il distribuait hors de la circonscription où il a été battu !

L’ Élysée a aussi pris soin d’abreuver quelques élus centristes qui menaçaient de faire sécession avant la présidentielle. Le patron du Nouveau Centre, Hervé Morin, a ainsi touché une subvention de 167 500 euros pour sa commune d’ Epaignes. Ses amis de Loir-et-Cher Maurice Leroy et Nicolas Perruchot ont eu droit à 571 000 euros de subventions pour arroser leurs fiefs électoraux. Bref, il n’y a plus un euro sur la ligne budgétaire pour ,et donc la manne céleste élyséenne est tarie. Pour moi, c’est encore de la faute aux socialistes qui ne savent pas gérer et qui sont dépensiers !

Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Il est particulièrement dommage que ce joli assortiment de petits cadeaux qui ont entretenu de douteuses amitiés ne soit pas déballé fastueusement aux journaux du soir, à des moments de grande écoute, entre deux épisodes de Florange, par exemple.

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