Les rythmes scolaires… battent la chamade

La réforme des rythmes scolaires en France est toujours annoncée mais jamais mise en œuvre. Il est en effet impossible de concilier les intérêts primordiaux des enfants et les influences économiques ou corporatistes. Toutes les études, tous les constats, démontrent que le système actuel ne correspond plus aux nécessités d’un enseignement adapté aux comportements actuels des élèves. Instabilité de l’écoute, éparpillement des centres d’intérêt, hygiène de …vie erratique, contraintes extérieures considérés comme plus décisives que celles de l’école… En fait, jamais encore, sauf dans des techniques pédagogiques particulières et essentiellement dans des établissements privés, on n’a osé adapter les contenus et les volumes horaires à des principes clairs. Un rapport vient d’être remis au Ministère de l’éducation sur ce sujet et bien évidemment, il repose sur le plus petit dénominateur commun, comme si le temps n’était pas urgent ! Les auteurs se prononcent pour une journée de classe qui ne dépasse pas cinq heures en primaire, en sixième et en cinquième, et pas plus de six heures en quatrième et troisième. C’est un premier pas !

Si l’on considère non plus le temps scolaire pur, mais le temps de présence de plus en plus d’enfants dans leur établissement, on arrive à des résultats dévastateurs. Entre l’heure à laquelle le gamin ou l’ado quitte son domicile pour se rendre sur le lieu de son travail, à celle à laquelle il rejoint sa maison ou son logement, il peut s’écouler… 12 heures ! Si l’on répartit ce temps sur la semaine on totalise parfois plus de 50 heures effectives cumulées pour aller chercher un savoir. On tourne en rond, car rien ne changera véritablement si l’on réduit le temps d’enseignement d’une heure que l’on reporte au…mercredi matin ! Des « petits » en maternelle arrivent aisément au total de 10 heures quotidiennes ! Est-ce que la réduction temporelle proposée va changer cette réalité sociale? Parfois, un minot de 3 ans peut croiser dans sa journée au minimum 5 personnes différentes qui lui proposent un acte réputé éducatif… Il faut d’abord redéfinir les objectifs de l’école, ensuite adapter les programmes, modifier les techniques pédagogiques et ensuite réfléchir à l’adaptation des rythmes journaliers, hebdomadaires et annuels ! Les ajustements comptables ne riment à rien ! Heureusement, la commission reconnaît que ses préconisations n’engagent pas nécessairement le ministre. Vincent Peillon a reçu le rapport issu de cette concertation lancée en juillet, et rendra ses premiers arbitrages la semaine prochaine. Je le plains sincèrement, car il ne prendra que des coups. Auparavant, le Président fixera les orientations de la refondation de l’école, une priorité de son quinquennat. Un projet de loi d’orientation et de programmation est prévu avant la fin de l’année avec l’espoir qu’elle réforme en profondeur un système à bout de souffle !
Le rapport a aussi insisté sur « la nécessité de prévoir un accueil de tous les enfants jusqu’à une heure avancée de l’après-midi. Ce temps doit permettre l’aide aux devoirs, l’aide personnalisée. Cela fait des années que l’on se bat pour ne plus avoir de devoirs à la maison. On pourra peut être gagner la bataille ». Enfin, on prend conscience que les « devoirs » sont des facteurs croissants d’inégalité et d’accroissement du sentiment d’échec scolaire.
Une pause d’une heure et demie à la mi-journée est également préconisée avec un allongement d’une ou deux semaines » de l’année scolaire, si l’on veut respecter l’équilibre sept semaines de classe, deux semaines de vacances. On trouvera bien une combinaison tarabiscotée pour contenter le milieu du tourisme, les parents skieurs, ou les syndicats d’enseignants accrochés à leur propre rythme de vie.

On trouvera le même débat faussé pour l’allongement de la semaine. C’est couru d’avance. Alors que le samedi matin ouvre des opportunités de repositionnement de l’école dans la vie familiale, on va terminer avec un mercredi matin n’offrant aucun intérêt réel mais qui arrange les lobbies en cause. Je propose 3 samedis sur 4 pour la classe et le quatrième pour les liaisons familles-établissements avec réunions des parents, conseil d’administration ou conseils d’écoles, portes ouvertes, activités citoyennes (gestion des coopératives, des foyers…), partiels… : un samedi d’ouverture qui permettrait aussi aux familles recomposées de régler leurs éventuels problèmes. En particulier, Peillon pense sincèrement qu’une semaine de ce type (5 heures quotidiennes le lundi, mardi, jeudi, vendredi et une demi-journée le samedi) deux semaines de classe supplémentaires seraient la solution la meilleure mais… il va lentement battre en arrière face aux sondages et surtout face aux lobbies. Il tombe dans une période où plus rien ne doit être fait pour ne pas aggraver les chutes de cote de popularité du Président, et donc, on va tenter de désamorcer toutes les mesures indispensables mais impopulaires. « Beaucoup de Français attendent un changement en profondeur », affirme le rapport, rappelant que « le niveau moyen des acquis scolaires stagne et, surtout, (que) les inégalités scolaires progressent ». Dans le primaire, entre 2001 et 2006, la France est passée du 18e au 27e rang, « avec 32% des écoliers français jugés faibles ou très faibles » pour une moyenne européenne de 25%. Le nombre de sorties sans qualification stagne à environ 140.000 chaque année. Mais le ski, les vacances, le coût des services périscolaires… passeront avant !

Cet article a 5 commentaires

  1. Cubitus

    Les rythmes scolaires ont été progressivement bouleversés pour d’abord satisfaire les professionnels du tourisme et ensuite les aligner sur l’activité des parents.
    Lorsque j’étais moi même en primaire, il y a maintenant un certain nombre d’années, ouh la la…,école les lundi, mardi, mercredi, vendredi et samedi de 9 à 12 heures et de 14 à 17 heures. Collège et lycée, plus de samedi après midi mais jeudi matin. Et pas de vacances en février, peu de gens avaient les moyens de partir aux sports d’hiver. Pas d’étalement des vacances non plus, tout le monde partait et revenait aux mêmes dates, quelle que soit l’académie. Je ne dis pas que c’était mieux, notamment à cause d’un second trimestre affreusement long.

    Mais aujourd’hui les choses ont changé, les sports d’hiver se sont (un peu)démocratisés, les mamans sont beaucoup plus nombreuses à travailler, et la plupart des entreprises tirent le rideau dès le vendredi soir ce qui n’était pas le cas auparavant car nombreuses étaient celles qui étaient encore en activité au moins le samedi matin. Donc, les parents disposent aujourd’hui de 2 jours entiers et continus de repos chaque fin de semaine et ils ont pris l’habitude que leurs chères têtes blondes soient soumises au même régime. Car en fait, pour une majorité de parents, que représente l’école comme avantage essentiel ? Un simple moyen pratique de faire garder leurs enfants quand ils sont au travail. Ce qui a pour conséquence que des bambins de 4 ans sont déposés en garderie à 7 heures du matin et récupérés le soir à 18 heures. C’est le rythme de vie des parents qui conditionne celui des enfants. Et lorsque les enseignants, ces nantis, ces privilégiés, ces trop payés ont l’outrecuidance en plus de se mettre en grève, même si souvent c’est pour défendre l’intérêt des enfants d’ailleurs, alors là c’est la révolte, que dis-je, la révolution ! Mais comment est ce qu’on va faire garder nos mômes ??? Car je le répète, l’école est devenue pour nombre d’entre eux une vulgaire garderie quand ils sont au travail. Et si en plus on les envoie à l’école le samedi matin, c’est au parents qu’on enlève ce samedi matin qui leur fout le week-end en l’air.

    Alors où est la solution ? J’avoue que je l’ignore parce que les parents n’admettrons jamais que l’intérêt des enfants suppose quelques concessions de leur part, une remise en question de leurs habitudes. Et les professionnels du tourisme vont faire une crise d’urticaire et hurler à la ruine de leur secteur. Bon courage au ministre.

  2. J.J.

    « Cela fait des années que l’on se bat pour ne plus avoir de devoirs à la maison. On pourra peut être gagner la bataille ».

    Tout le monde l’ignore (ou pour certains, font semblant de l’ignorer) mais il existe un « machin »de 1958 (je ne me souviens plus ce que c’est : loi, décret, circulaire ?) qui interdit de donner des « devoirs du soir », ….et qui n’a jamais été appliqué ….

    Alors bon courage pour les rythmes, sans compter également le clergé catholique, toujours en embuscade, et qui trouvera bien quelque lièvre à soulever, comme il le fit pour le passage du samedi au mercredi matin. …

  3. Marae

    Bonjour à tou_te_s;

    Le « mal » de l’École ne vient-il pas avant tout de l’absence d’objectif RÉEL de notre système « éducatif »?
    LA volonté politique ne serait-elle pas de le rendre effectivement au service du futur citoyen qu’est tout enfant, de n’avoir comme but que celui de donner à tou_te_s les moyens de son épanouissement dans une société où le mot « Égalité » aurait tout son sens? Et non, comme aujourd’hui, (faire se re)produire ce qu' »on » appelle une « élite » et le troupeau béat dont notre système a « besoin »?
    Ce courage politique, cette volonté, ne sont pas à l’ordre du jour, sans que la « crise » ou l' »État de la France » en soient cause!

  4. PACIOS

    Etant petite j’avais école les samedis…

    Maintenant je suis maman de 2 filles scolarisées en école maternelle et primaire, et je suis ravie de passer mes WE avec mes enfants surtout après avoir travaillée toute la semaine.
    On peut dire que mes filles sont privilégiées car elle ne vont pas à la garderie de l’école et mangent à la maison le midi 3 jours/4.

    Pour moi enlever 1h de cours par jour n’est pas une solution. Si les parents ne sont pas chez eux de 8h à 18h, je ne vois pas ce qui changera, leur enfant sera à l’annexe 1h de plus par jour… Ces mêmes enfants seront tout de même hors de leur foyer durant 10h!!!

    Prolonger les vacances de la Toussaint ???? POURQUOI?????
    Écourter les grandes vacances??? POURQUOI????

    1 année on dit il faut bosser le mercredi, 1 autre année on propose le samedi, 1 autre on dit surtout pas… Puis on dit il faut + de vacances, ou – de vacances, c’est un sujet inépuisable!!!

    Le problème n’est pas là…
    L’un des problème pour moi c’est qu’aujourd’hui l’enfant et les parents et non l’école et les enseignants CHOISISSENT si leur enfant va passer en classe supérieure ou redoubler et ça, ça me choque profondément!!!
    Autre sujet pourquoi un enseignant ne peut plus punir sans que les parents ne s’y opposent…

    Quand aux devoirs à la maison je suis pour!!!
    J’aime savoir comment mon enfant travaille, j’aime savoir si il travaille bien ou si il a besoin d’aide. Et quand ma fille de CE1 me dit je n’ai pas compris, je pense qu’elle a vu qu’en classe la maîtresse est débordée, que le temps est compté et que le programme scolaire doit être coûte que coûte bouclé.
    Je comprends que certains parents ne peuvent pas le faire (barrière de la langue, manque d’éducation des parents…) ou d’autres ne veulent pas le faire (manque de temps… car je pense qu’on peut accorder du temps à son enfant…)

  5. Nadine Bompart

    Le système Français est archaïque, on demande trop aux élèves!!!
    Mon fils a passé 3 ans de sa scolarité en Angleterre (équivalent 6ème, 5ème, 4ème) ou les programmes sont plus légers (cours le matin, sport et activités l’après-midi, sortie à 15h30, pas de devoirs à la maison) mais les vacances plus courtes.
    Quand il est revenu en France, il n’était pas plus con que ces comparses de 3ème!!! Par contre, pendant ces 3 ans, il était beaucoup plus détendu…..
    Nous sommes les seuls en Europe à assommer nos enfants de cette manière, à les dégoûter d’apprendre au lieu de faciliter leur curiosité….
    De plus, concernant la « sortie sans diplôme », là aussi expérience perso: alors qu’en Angleterre il aurait fort bien pu préparer un bac « informatique » si tel était son bon plaisir, en France, pas question! « Passe ton bac d’abord », ensuite tu feras de l’informatique! Résultat: après une seconde en électronique, il a tout laissé tomber…..
    Le plus drôle c’est qu’aujourd’hui, à 19 ans, il travaille pour Apple… en République Tchèque!!! Ils l’ont recruté sur ses compétences, non sur ses diplômes, mais il a du s’exiler pour ça….
    Y’a pas un problème là ?????

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