Il fait froid durant l’hiver : quelle incongruité dans une période de réchauffement climatique ! La société ne rêve que d’un été permanent, d’une douceur angevine qui inciterait à rêver en permanence de jours interminables passés à se dorer au soleil. Le rythme des saisons n’entre plus dans les repères d’une époque où l’on souhaite manger des cerises en toute saison et quel qu’en soit le prix ! En fait, rien n’est véritablement pensé pour s’accommoder de ce que l’on présente comme des caprices du temps, alors que ce ne sont que des phénomènes normaux dont nous avons perdu l’habitude. Consommateurs de tout, nous ne supportons plus d’être privés de ce que nous pensons être l’essentiel. Le froid tue… comme l’avait fait la canicule, et depuis quelques jours, certains doivent choisir entre manger ou se chauffer, car quand durant des siècles les deux allaient ensemble, quand on a connu, comme moi, la cheminée avec trépied « utilitaire » ou la fameuse cuisinière d’il y a cinquante ans à feu continu avec réservoir à eau bouillante incorporé, il n’y a pas où s’étonner.
Lentement le froid paralyse un pays développé car personne ne sait plus véritablement réagir à cette contrainte pourtant prévisible. En fait, nous ne connaissons qu’une seule réponse à ces sautes d’humeur météorologique : consommer ! Toujours plus consommer ! Le froid pousse en effet les Français à régler leurs radiateurs électriques au maximum. La consommation d’électricité nationale a atteint 96.377 mégawatts (MW) jeudi à l’heure de pointe (19H00), frôlant le pic absolu du 15 décembre 2010 (96.710 MW), selon les données de RTE, la filiale d’EDF qui gère le réseau haute tension français.
Le sommet historique de la fin 2010 pourrait toutefois être dépassé en début de semaine prochaine, selon RTE qui recommande notamment, outre d’éviter d’utiliser les appareils électroménagers, d’éteindre l’électricité des pièces inoccupées et les équipements en mode veille. C’est dire si la situation est pour le moins tendue…en cette période où l’on débat du nucléaire et de la fermeture des sources de production. Pour beaucoup, on est loin, très loin du conflit de principe, comme les ménages consacrant plus de 10 % de leurs ressources pour chauffer leur logement. Il s’agit de propriétaires (19,5 %), de personnes de 65 ans et plus (25,4 %) et d’habitants de maisons individuelles (17,1 %).
La précarité énergétique se manifeste par l’impossibilité d’atteindre une température convenable. Sont alors surtout concernés les jeunes (19,1 %), les locataires (25,2 %) et les ménages habitant en logement collectif (21 %). En outre 621 000 ménages cumulent les deux formes de précarité. Parmi eux, 281 000 ménages consacrent plus de 15 % de leur revenu aux dépenses d’énergie. Ces ménages habitent dans des logements déperditifs, entraînant de fortes dépenses d’énergie sans protéger du froid, ce qui place leurs occupants dans une situation de précarité énergétique extrême. Cette situation, que les experts attribuent à des logements qualifiés parfois de « passoires énergétiques », touche essentiellement les ménages les plus modestes (1er quartile de revenu). 75 % des ménages concernés cumulant les deux formes de précarité. Pour eux, économiser l’énergie relève du fantasme !
Les familles monoparentales sont aussi particulièrement exposées : un tiers d’entre elles déclarent un inconfort thermique, contre 16 % des personnes seules ; 40 % de ces ménages sont logés dans le parc social (17 % en moyenne) et 47 % appartiennent à la catégorie des ménages les plus modestes, ce qui explique leur particulière vulnérabilité (graphique).
De même, les inactifs et les chômeurs sont deux fois plus souvent dans des situations de précarité énergétique que l’ensemble de la population. Le fait de passer plus de temps chez soi peut contribuer à cette sensibilité plus grande au froid, surtout lorsque les logements ne peuvent pas apporter le confort requis.
En revanche, seulement 10 % des retraités se plaignent du froid bien qu’ils passent beaucoup de temps dans leur logement. Celui-ci a sans doute une meilleure qualité thermique et les contraintes budgétaires de ces ménages, en matière de logement, sont moindres : près de 70 % d’entre eux sont propriétaires sans charges de remboursement contre 38 % de l’ensemble des ménages.
La dimension économique et sociale est ainsi très déterminante en matière de précarité énergétique. De même, certains évènements comme une séparation ou une perte d’emploi peuvent accentuer cette situation… Ce sont des réalités qui, comme pour les ressources financières, permettent de mesurer les conséquences d’une vague de froid sur une société recroquevillée sur elle-même. Tant pis pour les foyers qui ne pourront pas régler la facture !
Entrés en vigueur en 2005 pour l’électricité et en 2008 pour le gaz, les tarifs sociaux étaient jusqu’à présent attribués sur demande aux usagers modestes. Seuls 600.000 foyers bénéficient actuellement de tarifs sociaux alors que 1,5 à 2 millions sont éligibles. Cette situation a poussé le gouvernement à promettre son automatisation.
Le ministre de l’Énergie, Eric Besson, avait annoncé le 17 octobre que celle-ci interviendrait au 1er janvier… On le connaît : il est fiable !
La réduction qu’entraîne le tarif social est estimée par EDF et GDF Suez à environ 90 euros par an en moyenne pour l’électricité et 140 euros pour le gaz. L’extension des tarifs sociaux avait été une des mesures évoquées pour faire face à la forte hausse des tarifs du gaz et de l’électricité ces dernières années. Leurs tarifs sont réglementés.. mais ne sont pas applicables. On attendra des jours meilleurs, et que les juges, bien chauffés, du conseil d’État annoncent qu il n’est pas possible de faire des tarifs différenciés. Europe oblige !
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Certains, bien au chaud, finiront peut-être ce serait amusant, que Dieu m’excuse , au chaud pour l’éternité.
Leurs fauteuils d’application des peines encourues par les autres finiront par prendre feu, et leur chauffer le postérieur pour une durée défiant le temps et les saisons.
A moins que ce ne soit les coups de bâton qu’ils finiront par recevoir de toute une tribu d’affamés glacés.