Irresponsables et donc forcément non coupables…

Jean Louis Borloo, qui a eu le mérite de mettre en place un « Grenelle » de l’environnement que personne ne peut ou ve veut appliquer, puisque les lobbies sont tous plus puissants que les décideurs politiques les plus motivés, avait osé une proposition dont l’intérêt apparaît soudain. Bien que je ne sois absolument pas du genre à aboyer avec les loups qui bouffent de l’élu à tous leurs repas de famille ou de copains de sport, je me rends compte, en observant l’actualité, du bien fondé de sa proposition de diminuer « l’indemnité » (il ne s’agit pas de salaire, contrairement à des raccourcis ravageurs des médias) des Ministres. Voici la proposition de celui qui passe pour un grand méchant mou, lorsqu’il envisage les mesures nécessaires à la résorption de la crise : « On a les marges de manœuvre. Et pour montrer l’exemple, je souhaite qu’un effort visible soit fait sur les budgets de communication, les frais de bouche, les voitures de fonction des ministères et des grandes collectivités. Dans beaucoup de pays d’Europe, les ministres se déplacent en tram ou en transports collectifs. Il faut revoir nos palais nationaux, avoir des bureaux normaux. Et je propose symboliquement que les membres du gouvernement et les parlementaires décident spontanément une baisse de 5% de leurs revenus. Ce n’est pas cela qui va changer le déficit du pays, mais ça veut dire qu’on se mobilise et ça a valeur d’exemple ! » Et bien que ce soit, sur le fond, démago au possible, il est facile de justifier cette position, quand on voit, on entend et on lit les déclarations, les communiqués et les positions des Ministres présents ou passés. Ces élus, réputés plus responsables que les autres, ont en effet une tendance récurrente à expliquer qu’ils ne sont (ou qu’ils n’étaient) absolument pas informé de ce qui pouvait se passer dans leur ministère ! Un véritable aveu d’être indemnisé pour une responsabilité qu’ils n’assument pas ou qu’ils n’ont jamais assumée ! Ces ténors de la gestion ne savent rien !… Dans les affaires en cours, ils multiplient les dérobades. Ils ont eu des « amis », mais ils ne les ont plus depuis une éternité… Ils n’ont jamais, au grand jamais, reçu des informations sur les faits que tout le monde étale sur la place publique. Dans leur ministère, on leur cachait tout et, plus encore, les incapables des cabinets qui les entouraient, bien que grassement payés, ne leur disaient rien !
Prenons l’exemple des Ministres (ou secrétaire d’Etat – c’est une question d’estime et d’indemnité-) du budget, poste sensible s’il en est, puisque c’est par lui que passent, d’une manière ou d’une autre, tous les dossiers fiscaux ou toutes les magouilles (rétro commissions, ventes bonifiées à l’étranger…) institutionnelles. Tous ont la mémoire qui flanche. Nicolas Sarkozy n’a plus un seul souvenir de ce qui a bien pu se passer entre 1993 et 1995 dans son Ministère. Les deux contrats avaient été signés pour des ventes à l’étranger. Il ne les a jamais vus. Le premier contrat prévoyait pourtant la fourniture de trois sous-marins au Pakistan; il est signé le 21 septembre 1994 entre Léotard, ministre de la Défense du Gouvernement Balladur, et son homologue pakistanais, pour une somme de 5,4 milliards de francs. En novembre… 1994, le contrat « Sawari II » portait sur la fourniture à l’Arabie saoudite de trois frégates par la France, pour un prix de 19 milliards de francs. La réalisation des contrats est confiée à la Direction des Constructions Navales, alors organisme public. Personne ne le lui a dit. Personne ne l’a su. Personne n’a eu la curiosité de connaître les termes des contrats signés par…la France ! Impossible de savoir si Nicolas Sarkozy méritait son « indemnité » pour une responsabilité qu’il n’exerçait pas ! Que sont ses amis d’alors devenus ? Il ne le sait pas, car il ne les a jamais revus ! Thierry Gaubert en 1994, est chef de cabinet adjoint au… Minsitère du budget et il conseille Copé quand ce dernier est secrétaire d’État aux relations avec le Parlement. Il ne les a jamais revus depuis !
Eric Woerth, quant à lui, ne se souvient plus de rien concernant son rôle de « Ministre-collecteur de fonds » pour l’UMP, ni des dossiers fiscaux de cette « pauvresse » de Madame Bettencourt. Et maintenant, le même mal frappe Copé devenu manitou de l’UMP. Ils doivent avoir pris du Tranxéne, du Lexomil ou du Temesta pour masquer les angoisses de leur tâche, et donc ils ont des débuts d’Alzheimer pré…judiciaires ! Copé a eu un flash : il a affirmé qu’il n’avait « jamais eu à connaître », lorsqu’il était ministre du Budget, de la situation fiscale de son ami Ziad Takieddine, un des hommes clef du volet financier de l’affaire Karachi.
Selon des documents publiés mercredi par Mediapart, Ziad Takieddine ne paie pas d’impôts en France, alors qu’il y possède un patrimoine estimé à plus de… 40 millions d’euros.
« Je ne suis jamais intervenu pour personne, autrement qu’en respectant la procédure », a poursuivi le dirigeant de l’UMP, ajoutant : « C’est l’administration fiscale qui regarde le dossier, qui l’examine, qui envoie au ministre que j’étais une recommandation, et j’ai toujours suivi à la lettre cette recommandation ». Dommage qu’il ne se souvienne pas du contenu de la « recommandation » qu’il a validée sur ce sujet… Il l’a signée sans la lire. Alors oui, Borloo a raison, il faut, pour le symbole, diminuer les indemnités des Ministres… car tôt ou tard on constate qu’ils sont irresponsables et donc forcément coupables, et une étude épidémiologique est indispensable : tous finissent par être frappés d’Alzheimer précoce.

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Cet article a 2 commentaires

  1. batistin

    Les héros sans gloire.
    Il n’y a pas de gloire à se perdre quand la république offre à ses enfants tout ce qu’il faut pour mourir vite.
    Savons nous à quel point nos enfants d’aujourd’hui souffrent en silence,
    ou dans de grands cris, solitaires ou en bande?
    Quand chaque page de l’avenir qu’on leur offre n’est que paysage de fin du monde, pollution, mensonge, guerre, corruption injustice et abus de pouvoir ?
    Savons-nous à quel point ils peuvent haïr cette vie toute tracée vers une défaite annoncée ?
    Seuls s’en sortiront les égoïstes misanthropes qui accepterons de rentrer avec nous dans la course effrénée des collaborations sciemment aveugles.
    Quand la philanthropie se confond avec le plaisir solitaire de la philatélie
    et que l’on collectionne en éphigie la photo informatisée de ses amis virtuels.
    En lieu et place d’un drapeau de fierté républicaine sous lequel ne hurlent plus que les nationalismes exacerbés et xénophobes .
    Non, il n’y a plus de gloire à se perdre pour sauver, patriote ou « matriote »,
    père et mère qui ont été achetés ou vendus.

    L’air du temps est à l’indignation pourtant.
    Une indignation salvatrice qui rassure nos consciences et amuse les puissants.
    Oui, nous nous « indignons », au repas de famille, au bureau, à l’usine, dans la rue quelque fois, en librairie aussi, avec « Indignons-nous » de Stéphane Hessel.
    Ce vieux monsieur qui nous explique simplement comment sa jeunesse fut voué à la gloire de résister au péril de sa vie. Mais reconnait aussi comme il est difficile de nos jours de lutter et de prendre les armes contre un ennemi impalpable.

    Une nébuleuse de petits chefs « irresponsables » au service de multinationales administratives en lieu et place des services publics. Une noria de pantins politiques au service d’intérêts industriels privés.
    Et mon fils ou le votre stoppé dans son élan guerrier et salvateur par un policier municipal armé mais « déculpabilisé » posté au passage clouté.
    Celui qui sépare la voie de garage de la gare de triage.

    Rien ne sera possible tant que nous continuerons à construire sur un édifice dont les bases ne nous appartiennent plus. Il nous faut, si l’amour nous anime encore un peu, celui que l’on se porte et celui que l’on offre à ses enfants, identifier l’ennemi.
    Et, à mon sens, l’ennemi est une erreur de sens entre matérialité et matérialisme
    ou si vous préférez, entre spiritualité et humour noir.

    Il nous faudra donc tout recommencer et s’extraire de la pensée unique qui s’entretient aux feux allumés il y a déjà longtemps. Ceux que monsieur Hessel a tenté d’éteindre, sauvant quelques livres, y oubliant les braises qui couvaient.

    Non, il n’y a plus de gloire à se perdre,
    puisque personne n’accueillera plus l’enfant prodigue dans le village inhabité.

  2. facon jean françois

    bonjour,
    diminuer l’indemnité des ministres vous n’y pensez pas sérieusement?
    Il faut rétablir la JUSTICE SOCIALE en s’attaquant aux salariés malades, autrement plus nombreux que ces pôôôvres ministres amnésiques. Je voulais plutôt dire anosognosiques !
    Attention, voici la « minute Doctissimo » : l’anosognosie se caractérise par une apparition souvent immédiate et brutale des troubles, une amnésie, une non-conscience de sa maladie, souvent accompagnée d’une héminégligence de la partie gauche du corps . Étymologiquement, le mot « anosognosie » est issu du grec « nosos » (signifiant « maladie ») et de « gnosis » (qui se rapporte à la « connaissance »). Quant au préfixe a- privatif, il renvoie à l’absence de conscience de la maladie.
    Pour réduire le déficit de l’assurance-maladie, le gouvernement s’attaque aux indemnités journalières. Cette nouvelle mesure d’économie n’est pas du goût des syndicats…Cette nouvelle assiette de calcul doit surtout permettre à la Sécurité sociale d’économiser 220 millions d’euros par an. En 2010, les arrêts maladie ont progressé de 3,8% après une hausse de 5,1% en 2009. Au total, ils représentent 6,6 milliards d’euros de dépenses chaque année. Pour le ministère du Travail, ce nouveau mode de calcul entraînera une perte de revenu de 75 euros maximum par mois pour un cadre atteignant le plafond de la sécurité sociale (ndlr, 2.946 euros bruts mensuel).

    Les syndicats, eux, sont vent debout contre cette mesure qui affectera les plus précaires. Selon la CFTC, ce nouveau calcul engendrerait une diminution de 10% des indemnités journalières. Un sérieux manque-à-gagner pour tous les salariés qui ne bénéficient pas d’un complément de salaire (ceux ayant moins d’un an d’ancienneté ou travaillant dans une petite entreprise, les intérimaires, les demandeurs d’emploi). Pour les autres – les trois-quarts des salariés qui bénéficient d’un complément de salaire -, ce sont les employeurs qui payeront la différence… au risque de voir flamber le coût des contrats de prévoyance.
    Taxer les mutuelles ça c’est aussi une belle décision de justice sociale non?

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