Une hécatombe se prépare parmi les petites entreprises

Toutes les coqueluches des médias ont été alarmées par un sondage plaçant Marine Le Pen en tête des intentions de vote dans 13 mois aux présidentielles… C’est avec ébahissement et même parfois une pointe d’angoisse qu’ils se seraient réveillés. Personnellement j’ai consacré 3 chroniques ayant eu chacune près de 15 000 lectrices et lecteurs, qui annonçaient ce qui n’est que la réalité du terrain. Tous les commentaires sont superflus et, dans le fond, le sondage devient du pain béni pour les « je-sais-tout » de la politique, qui squattent, par copinage, les plateaux des chaînes de télévision. Ils en rêvaient pour conserver de leur influence sur l’opinion dominante et un institut de sondage l’a fait !
Ils auraient eu davantage intérêt à commenter une autre étude d’opinion qui traduit, de fait, la gravité de la situation du pays, et qui explique les raisons conduisant les Françaises et les Français à se tourner vers celle qu’ils pensent être un recours contre leur angoisse. Le 41ème baromètre de conjoncture des Très Petites Entreprises, réalisé par l’Ifop pour Fiducial, met ainsi en évidence les difficultés d’embauche et de développement rencontrées par les dirigeants de petites entreprises en ce début d’année 2011. Le cœur même de l’économie des territoires ne bat plus sur un rythme suffisant pour assurer l’irrigation économique de la France d’en bas. En fait, toutes les mesures soit disant salvatrices prises par le gouvernement Fillon, à l’instigation du Chef de l’Etat français, se révèlent inutiles et dangereuses. Les carnets de commande s’assèchent. la gestion devient problématique, alors que les candidats UMP aux cantonales continuent à claironner sur les bienfaits de réformes dénuées de toutes efficacité.
2011 ne s’annonce pas comme une années positive en termes de créations d’emplois dans les TPE, bien que 14 % d’entre elles comptent augmenter leur effectif salarié, une proportion supérieure à celles observées débuts 2009 et 2010. L’année 2011 démarrerait sur des bases plus faibles (prévisions de créations d’emplois s’établissant à +1) que le dernier trimestre 2010 (créations d’emplois s’établissant à + 4, soit le meilleur quatrième trimestre depuis 2002).
Plus regrettable encore, au moins 800 000 TPE (33 %) ajournent leurs embauches. Il avait pourtant été annoncé, et c’est encore clamé partout, que la suppression de la taxe professionnelle aurait un effet bienfaisant sur la relance ! C’est ce sondage que les exégètes du sarkozisme devraient commenter, car il est l’un des éléments clés des présidentielles.
En serrant le garrot financier des collectivités territoriales, via une pseudo suppression d’un impôt qui n’avait pourtant aucun impact réel pour les TPE qui l’incluaient tout simplement dans leurs frais généraux, payés par le client, le gouvernement a entamé une procédure de tarissement de l’investissement public. Moins de chantiers, moins d’achats, moins d’études, moins de programmes et donc pour les TPE de moins de 20 salariés un manque à gagner prévisible ! Une catastrophe économique menace pour fin 2012 et 2013, car pas un élu ne contestera qu’il y a loin du projet (les années avant municipales, très profitables pour les investissements qu’il faut présenter aux électrices et électeurs), lancement de la construction d’un contournement routier, d’un collège (4 à 5 ans), d’une école (3 ans), d’un stade (2 ans), d’un accueil périscolaire… La perte de ressources qui, malgré les emplâtres péniblement dénichés par Bercy (plus de 8 milliards d’euros contre 4 prévus initialement !) va constituer un terrible effet boomerang sur les TPE.
La raréfaction de la commande publique amenuise les offres sur le marché, ce qui provoque la venue des grands groupes sur des créneaux qu’ils n’avaient jamais convoités. Ils perdent de l’argent, et lentement ils asphyxient les TPE et les rachètent pour éliminer toute concurrence. Avec ou sans TP, le système s’amplifie et ma longévité dans les fonctions de Président ou de membre des commissions d’appel d’offres, me permet de l’affirmer sans risque d’être démenti. Les petites entreprises et les artisans deviendront des fractions destructibles de groupes omniprésents qui ne placent plus l’emploi au centre de leurs préoccupations. Pour ces entités qui ont été les plus grandes bénéficiaires de la disparition de la taxe professionnelle, les banques sont compréhensives, alors que 44 % des TPE ont connu des difficultés de trésorerie en 2010. Parmi elles, 6 % seulement ont eu recours à la médiation du crédit et 5 % à Oséo. Un tiers s’est également tourné vers son expert-comptable pour la recherche de solutions. Mais heureusement, la majorité (57 %) des entreprises ayant connu des difficultés de trésorerie a réussi à les surmonter, grâce aux lignes de crédit antérieurement autorisées. A ce titre, près de la moitié des TPE (49 %) a utilisé un crédit de trésorerie bancaire en 2010 : dans 8 cas sur 10, il s’agissait d’un découvert. Pourront-elles trouver les encours nécessaires en 2011 quand 15 % (soit 7 % de toutes les TPE) déploraient déjà une rupture du dialogue de la part de leur banque dans une contexte moins tendu.
Le degré de confiance des TPE dans les mesures et actions économiques « annoncées » ou mises en place par le gouvernement enregistre une forte chute (26 %, soit -15 points), après le rebond observé sous l’effet de la réforme des retraites, que les patrons avaient salué comme une victoire sur les salariés. C’est le plus mauvais score enregistré par l’exécutif depuis l’arrivée aux affaires du Chef de l’Etat français. Seules 17 % des TPE issues du secteur des services aux particuliers manifestent leur confiance envers gouvernement, soit un différentiel de -28 points avec le score enregistré auprès de cette cible à l’automne dernier (45 %). Globalement, les TPE doutent majoritairement (58 % contre 42 % exprimant un avis contraire) de la capacité de Nicolas Sarkozy à engager des réformes profondes en période préélectorale.
Pour la grande majorité des patrons de TPE, les femmes et les hommes politiques ne sont plus, pour l’instant, en mesure de transformer la société française, ni d’en lever les blocages (respectivement 62 % et 66 %). Le sentiment d’impuissance est encore plus marqué lorsqu’on évoque le redressement rapide de l’économie française (75 %) ou des finances de l’Etat (81 %).
Ni les exonérations de charges sur les heures supplémentaires, ni le remplacement de la TP par des impôts encore plus compliqués pour les petites entreprises (les experts comptables sont dans le flou total) ne changeront les réalités. Et ce n’est pas le réforme territoriale qui va arranger les choses… en rendant toutes les collectivités frileuses et encore moins décidées à investir, puisqu’elles ignorent leur sort à court terme ! Inutile de faire un sondage pour le savoir…

http://www.ls poqt.fr/article/2011/1/16/2373387_marine-le-pen-ou-l-art-d-occuper-le-vide_1_0_1.html

http;//www.jeanmariedarmian.fr/?p=6327

Cet article a 5 commentaires

  1. Olivier

    Je te confirme l’étouffement des PME, Jean-Marie… mais pas seulement pour les raisons que tu évoques. Notre croix est essentiellement l’augmentation vertigineuse de la complexité bureaucratique, perceptible, d’ailleurs dans tous les domaines.
    Toutes les démarches, toutes les étapes du boulot nécessitent une quantité vertigineuse de paperasses, depuis les réponses aux appels d’offre (minimum 50 pages à remplir, signer… faute d’élimination) jusqu’au évaluations, déclarations préalables à l’embauche, caisses de sécu, retraites, autorisations, bordereaux… on étouffe !
    Et ce système s’auto-alimente, s’auto-protège, s’auto-complexifie dans l’indifférence générale.
    Tout le monde en crève : depuis les élus qui voient leurs politiques bridées, les créatifs qui voient leurs désirs castrés, les entrepreneurs qui voient leurs élans brisés, les énergies en général qui se trouvent empêchées.
    60% des jeunes lycéens veulent rentrer dans la fonction publique, 53% du PIB est produit par l’argent public… on étouffe !
    Nous avons vu en 25 ans, les services administratifs publics comme privés, gonfler de manière vertigineuse (du simple au décuple), les contraintes, les freins et les obstacles se multiplier… sans aucune amélioration de quoi que ce soit.

    Libérer les énergies, simplifier et alléger les procédures, remettre ces emplois là où il y en a besoin (social, santé, éducation, solidarité, justice…), voilà le sens d’une vraie réforme à inventer !

  2. BUGARET Yvon

    Jean-Marie, tu dis souvent que tu es pessimiste. Non, tu es réaliste en nous annonçant l’hécatombe qui se prépare dans l’avenir des petites entreprises. La réaction d’Olivier le confirme bien. Notre pays s’enfonce et va droit dans le mur. Il est à crandre qu’il faille de nombreuses années pour se sortir du bourbier dans lequel notre Président et ses gouvernements successifs ont eu une lourde responsabilité. L’héritage de l’UMP au pouvoir depuis 10 ans risque d’être très lourd de conséquences économiques et sociales. Les défits seront difficiles à relever, gardons néanmoins un espoir dans l’avenir. Il faudra changer de République et réviser la Constitution en profondeur pour mettre la France sur une bonne trajectoire…

  3. Christian Coulais

    Sans compter la cohabitation, l’élection de Jacques Chirac, présumé innocent, et le R.P.R., ça fait plus de 15 (quinze) ans non pas d’héritage, mais d’emprise !
    Soit, en 2014, une génération…Combien en faudra-t-il pour qu’un Conseil National de la Résistance nous propose un horizon meilleur ?

  4. Olivier

    Ne vous méprenez pas, les amis, mon propos n’avait RIEN de politique, justement ! Hélas !
    Les administrations se rient du Pouvoir en place ! Ceux qui passent à la télé changent, mais les vrais Pouvoirs sont aux mains des bureaucrates qui continuent à produire des normes, des règles, des contrôles et des verrous… quels que soient le parti aux commandes !

    Dernier exemple, hier. Dans un hôpital de jour psychiâtrique, le temps de paperasse a tellement augmenté en 10 ans que les personnels soignants passent 30% de temps en moins auprès des malades. Les médecins doivent remplir eux-mêmes leurs fiches d’évaluation et bordereaux d’intervention et subir chaque année de nombreux contrôles et audits…
    Le directeur écrit a la DDASS pour obtenir un poste de médecin en plus. Fin de non-recevoir : on lui octroie deux postes de secrétaire !

    Un autre exemple ? Organisation d’un événement à 20000 €. A un moment, l’organisateur dit « il faut une estrade ici ». Nous la chiffrons : 120€ pour la location, transport, montage, démontage, retour (il y avait déjà une sono et de l’éclairage à livrer, rajouter la scène n’était pas compliqué)
    Une personne de la collectivité organisatrice assiste à 4 longues réunions pour décider qu’elle allait faire des économies…. elle téléphone aux mairies, trouve une estrade, en demande le prêt… victorieuse elle l’obtient ! Elle trouve ensuite auprès des services techniques deux gars qui peuvent monter la scène puis revenir la démonter et la ramener. Coût total de son temps (salaire et charges), du temps des personnels techniques municipaux et du camion qui vient exprès : 2500 € !!! Mais c’est de l’argent qui ne se voit pas ! cette dame est très fière d’avoir fait économiser 120€ a sa collectivité !!!

    Je pourrais écrire un livre… j’ai dix exemples comme ceux-ci chaque jour…

  5. J.J.

    Pour résumer, un jour, un technocrate de la feu DDE m’a répondu, à une suggestion que je pensais être de sens commun :

    « Monsieur, vous ne comprenez pas le bon sens de l’administration » (elle mérite bien sa majuscule …)

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