Ouf! La fin du Koh-Lanta gouvernemental !

Dans le fond, un remaniement du gouvernement des collaborateurs du Chef de l’Etat français relève du remake du Titanic et des grands naufrages portés par l’Histoire. Tout le monde quitte le navire en train de couler, dans l’ordre qui lui convient. On pense inévitablement à la chanson de ce chanteur souvent proche de la droite la plus dure qui se nomme Michel Sardou. Il avait écrit une complainte démagogique sur la disparition de ce monument voulu par de Gaulle qui traversait l’Atlantique et s’appelait « France ». En effet, il semble que l’équipage qui a plutôt mal navigué entre les icebergs de la crise ait été récompensé pour sa ténacité dans la gestion pour l’armateur majoritaire. Il s’agit de mettre des femmes et des hommes capables de mettre la barre à tribord et de se débarrasser sans aucune retenue des supplétifs venus apporter, durant la croisière mouvementée, une caution de diversité. Désormais, les seuls maîtres à bord auront comme consigne de faire tourner le navire en rond dans le sens des aiguilles d’une montre, en attendant 2012 et un sursaut des passagers habituels de ce type de parcours. Plus question de les inquiéter en faisant semblant de faire confiance à des « modérés » ou des « transfuges » aussi dévoués soient-ils.
En fait, à partir du moment où la confiance obligée avait été renouvelée à François Fillon comme « collaborateur » principal pour diriger un équipage dévoué corps et âme à son maître, il fallait renvoyer à terre avec leur sac bourré de désillusions celles et ceux qui pouvaient, à un moment ou à un autre, fomenter une légère mutinerie. Désormais, on va travailler au sifflet, comme au temps des voiliers. D’ailleurs ce n’est pas pour rien qu’en cette période où rien ne va plus en matière d’emploi, d’éducation, d’économie et de justice, le président de la république a nommé comme numéro 2 de l’équipage RPR ressuscité le… ministre de la Défense. C’est un signe fort de volonté politique de résoudre la grave crise socio-économique du pays. Il n’entendra plus parler du grand stade, du centre culturel international du vin, des pontons sur la Garonne et des poubelles du centre ville de Bordeaux.
Il est vrai aussi que le grand retour au sommet de l’Etat d’Alain Juppé redonnera grand espoir à celles et ceux qui viennent d’être débarqués avec perte et fracas. Un an d’inégibilité, une traversée du désert, la perte de toutes les élections depuis dix ans sur la Gironde (à l’exception, il est vrai, des dernières municipales bordelaises) et des prises de position pour le moins ambigües sur les réformes présidentielles, ne l’ont pas empêché d’être enrôlé comme quartier maître principal. Il sera difficile de prétendre à l’Elysée que le maintien « obligatoire » avec un grade plus élevé de François Fillon et le recrutement aux conditions qui ont été les siennes d’Alain Juppé ne constituent pas des preuves évidentes de la faiblesse dramatique dans laquelle se trouve celui qui s’attribue le mérite d’avoir pris ces décisions.
Son seul but consiste à donner à cet électorat nostalgique du RPR des éléments lui permettant dans 18 mois de se rassembler sur un socle idéologique porté par Fillon, Juppé, Alliot-Marie, Ollier, purs produits de la filière canal historique. La seule motivation du Chef de l’Etat français réside dans ce nouveau pari : jeter aux orties sa défroque de débaucheur des équipages adverses pour enfiler un costume plus orthodoxe pouvant rassurer les adeptes de la croisière du profit tranquille. On arrête de se bercer d’illusions ou de tenter de persuader que le libéralisme outrancier pouvait se dissimuler derrière un camouflage « social-traitre ».
Exit les égéries de la diversité alibi… qui effraient les bien-pensants ; dehors les indépendantistes putatifs ; ouste pour les serviteurs zèlés pouvant renforcer une image déjà sérieusement écornée. On ne garde que la crème des crèmes, c’est à dire celles et ceux qui vous collent à la peau comme des sangsues indispensables pour faire baisser la tension qui vous menace.
En fait, ce remaniement c’est un mercato reposant sur un concept classique : « on ne change jamais une équipe qui perd » car elle se contrôle plus aisément qu’une équipe qui gagne ! On la renforce avec des briscards et on attend qu’elle se plante un peu plus pour la bouleverser, au prétexte que la confiance qu’elle a réclamée a été inutile.
Dans ce cas là, les « pauvres » malheureux qui sont débarqués subissent ou annoncent la couleur avant d’être renvoyés dans leurs foyers. Borloo a donné le signal. Il quitte volontairement ce Koh-Lanta politicien décliné par épisodes depuis plus de… 5 mois. Chapeau ! Même les scénaristes de cette émission diabolique n’auraient pas réalisé une telle prouesse, puisque chez eux aussi celles et ceux qui restent sont moins importants que celles et ceux qu’on renvoie à la maison. Borloo et les « jaunes » qui l’accompagnent ont choisi de devancer la lettre de licenciement en allant s’inscrire (volontairement ?) en bons radicaux au Pôle emploi parlementaire où, bien entendu, ils voteront les lois proposées par les « remplaçants » éclairés.
Il reste sur le carreau les chercheuses d’or du pouvoir qui ne retrouveront jamais plus de boulot à la taille de celui qui avait permis à Nicolas Sarkozy d’acheter leur présence. Plus personne ne parlera d’elles ou d’eux dans les prochains mois, et les Françaises et les Français seront véritablement angoissés par leur disparition, tellement ils jouaient un rôle décisif dans leur quotidien. Bernard Kouchner pourra toujours aller parler sur la chaîne de télé de son épouse. Fadela Amara écrira ses souvenirs. Rama Yade deviendra peut-être conseillère du Groupe LVMH. Hervé Morin reviendra ruminer sa déception en regagnant son poste de fonctionnaire de… l’Assemblée nationale. Jean-Marie Bockel tentera de prouver qu’il a toujours été socialiste tendance UMP et qu’il n’est devenu qu’UMP tendance socialiste. Eric Woerth retrouvera la crème de Chantilly. Le motodidacte Christian Estrosi va filer à l’anglaise se promener à Nice…
Enfin ce Koh-Lanta sarkoziste aura eu un effet certain : les journaux télévisés n’ont pas eu à ouvrir sur l’horrible drame du foyer pour immigrés de Dijon. Il est vrai qu’il n’y a eu que 7 morts et 11 blessés très graves alors que… 15 membres du gouvernement ont été blessés dans leur orgueil.

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Cet article a 4 commentaires

  1. Michel d'Auvergne

    Pour entrer au gouvernement, du moins dans sa version actuelle pinderisée, il faut comme dans un célèbre club international de motards, avoir fait ses preuves, sauf qu’on est pas obligé d’être un homme, blanc ni de parler anglais…
    On est même pas obligé d’avoir des connaissances en politique pour éviter l’ombre au locataire de l’Elysée.

  2. J.J.

    Monsieur Juppé, pendant son court passage comme ministre-figurant au ministère de l’écologie, avant d’être renvoyé séchement à ses chères études bordelaises, se déplaçait, pour faire « couleur locale » en vélocipéde.

    Maintenant qu’il a la haute main (et à quel prix ?), sur l’avenir de nos glorieuses armées (déja tremblent les talibans), nul doute qu’il se rendra derechef à son minstère, de façon à se montrer « the right man in the right place » à bord d’un char d’assaut ou au moins d’une auto-mitrailleuse…

    Dixit Michel d’Auvergne : »On est même pas obligé d’avoir des connaissances en politique pour éviter l’ombre au locataire de l’Elysée. »

    Est-il nécessaire à un cireur de chaussures d’avoir des connaissances en politique ?

  3. vackier, gérard

    bonjour J.M
    Je voudrai revenir sur le 11 Novembre 1918, pour moi date de commémoration a garder dans nos manifestations de souvenirs. Je vois tout comme toi les gens de la Fnaca mettre en avant le 19 Mars date de Défaite ou certains militaires les mêmes qui bien souvent sont à la tête des directions locales de cette Fédération ont vite pris le bateau de la poudre escampette laissant derrière eux Amis, Camarades, voir pour certains Enfants….. 36682 communes 36682 monument aux morts, quelle est la famille n’ayant pas ses morts dans cette horrible guerre et aujourd’hui certaines personnes voudraient prendre décision en leurs noms, mais de quel droit. Mes 2 Grands Pères ont été bléssés dans la Marne et la Somme en 1915 et 1917 mon Père a fait 39/45 – L’Indochine – le Maroc – la Tunisie – l’ Algérie en tant que militaire, décoré plusieures fois sur le champ de bataille pas 50 ans après, dcd aujourd’hui tous les trois – alors je te pose la question : Pourquoi laisse t’on des gens dont leur fascicule militaire est vide de tout acte de bravour prendre une telle décision. Sais tu que c’est le Parti Communiste qui a monté de toute pièces la Fnaca. Je peux te fournir la liste complète de ces personnes. Quand, comme ton collègue de Sauveterre prendras-tu une décision – je ne te demande pas en faveur du 5 Décembre, non, mais du 11 Novembre, Fini le 19 Mars.
    Je te remercie

  4. J.J.

    19 Mars date de Défaite ?

    Parlons plutôt du départ d’un sinistre guêpier où nous n’aurons jamais mettre les pieds.

    Oui, le 19 mars est un jour de victoire, du bon sens contre un ridicule acharnement à garder ce qui ne nous appartient pas. Un jour permettant d’ envisager l’avenir autrement que celui d’avoir 20 ans dans les Aurès, afin de conserver pognon et privilèges pour certains.

    Comme beaucoup de français, hélas, le nom de quelques uns de mes ancêtres figure sur quelques monuments aux morts.
    Je ne pense pas qu’ils en éspéraient tant et auraient sans doute préféré demeurer anonymes …

    Sauvegarder le souvenir du 11 novembre bien sûr, pour rappeler l’horreur de ce qu’ont été ces 4 années avec leur cortège de malheurs et de misère, qui ont hypothéqué l’avenir de plusieurs générations.
    Mais a-t-on seulement l’espoir que ça servira de leçon ?
    HONTE A LA GUERRE

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