Le pétrole sera certainement la référence historique du XX° et probablement du XXI° siècles. Toute la société industrielle repose, en effet, sur son extraction, son transport et sa distribution. Aucun grand événement de la planète n’est éloigné de cette ressource énergétique fossile. Son contrôle économique dicte tout simplement toute la politique mondiale, et peu de décisions ne sont pas tributaires de choix reposant sur le contrôle de ce que l’on appelle à juste titre l’or noir. Les guerres modernes, allant de l’épopée de Lawrence d’Arabie à l’invasion américaine, visent souvent à imposer la main mise d’intérêts privés sur des territoires producteurs ou futurs producteurs. Elles découlent de la nécessaire couverture des besoins de certains belligérants pour maintenir leur domination qui reflète leur volonté d’imposer leurs produits manufacturés utilisant le pétrole. Plus que jamais les stratégies possessives prennent le pas sur toutes les autres considérations. Les profits tirés de l’exploitation des gisements baissent et il faut donc multiplier les risques pour obtenir des rendements compatibles avec les ratios de rentabilité. Même si elles sont rares, les catastrophes ont une telle ampleur qu’elles mettent en évidence l’imprudence des grandes compagnies, capables de rogner sur la sécurité afin de dégager des bénéfices semblables à ceux de la belle époque (entre 1960 et 1990).
La plus importante, à ce jour, fut celle de la tête du puits sous marin d’Ixtox 1 dans le golfe du Mexique où 600 000 tonnes de pétrole brut se sont déversées dans l’océan entre juin 1979 et mars 1980, en concurrence avec le sabotage du terminal pétrolier Koweïtien de Mina al Ahmadi par l’Irak durant la guerre de 1991, et l’incendie de 732 puits de pétrole, environ 20 millions de tonnes de pétrole furent déversé dans le sol et en mer. Ces événements, dans un secteur géographique extrêmement sensible avaient été précédés (1967) du naufrage du Torrey Canyon (120 000 t) qui fit seulement prendre conscience du danger des flux maritimes.
Le navire de la filiale libérienne de la compagnie américaine Union Oil of California s’échoue entre les îles Sorlingue et la côte britannique. Malgré une mobilisation de tous les moyens de lutte disponibles, plusieurs nappes de pétrole dérivent dans la Manche, venant toucher les côtes britanniques et françaises. Il se révélera plus tard que certains des dispersants utilisés pour la lutte étaient plus toxiques que le pétrole… En 1978, l’ Amoco Cadiz (230 000 t); en 1989, l’ Exxon Valdez en décembre 1999, le Prestige en décembre 2002. Chaque fois, l’argent a tenté de combler les dégâts pourtant irrémédiables causés à la planète. Une illustration de la situation actuelle dans le Golfe du Mexique, où B.P. se contente d’annoncer des sommes, mais se révèle incapable de juguler ce qui va devenir une monumentale atteinte à l’environnement.
Le 22 avril 2010, soit il y a à peine plus d’un mois, se produisait l’explosion de la plate forme pétrolière « Deepwater Horizon », exploitée par la firme « British Petroleum » à 70 km des côtes de la Louisiane et de ses réserves naturelles. On estime à 800 000 litres (environ 700 tonnes) la quantité de pétrole brut déversé chaque jour en mer. Hans Graber, un expert travaillant pour l’université de Miami, et qui s’est appuyé sur des images satellitaires, a aussitôt déclaré que la superficie de la nappe de pétrole atteignait déjà 9 000 km2 le jeudi 29 avril, et maintenant on ne compte même plus. Les médias mondiaux sont passés à autre chose.
En France, on a vite demandé des notes aux spécialistes, pour savoir ce qu’il fallait dire. Il paraît que François Fillon s’exprimera sur le sujet lors d’un déplacement en Norvège. Mais on ne peut pas oublier que Total, réputé fleuron, de l’industrie pétrolière, n’a pas toujours été au-dessus de tout soupçon en matière de respect de la sécurité. Mais, encore une fois, force est de constater, que le « politique » n’est pas au rendez-vous. Obama a brassé beaucoup d’air mais il a laissé encore le milieu économique gérer ce qui relève pourtant du drame planétaire.
« Le président me fait peur, il agit un peu comme un observateur du Vatican », a lancé Chris Matthews, le présentateur de MSNBC : « Quand va-t-il vraiment faire quelque chose ? ». James Carville, stratège de la campagne présidentielle de Clinton en 1992 mais aussi natif de Louisiane, un des Etats les plus menacés par la marée noire, accuse Obama de « nonchalance » : « Je pense qu’ils croient (au sein de l’administration Obama, ndlr) que BP est suffisamment motivé pour bien faire. Ils sont naïfs ! BP essaie d’économiser de l’argent, d’épargner tout ce qu’elle peut. Elle ne nous dira rien du tout, et curieusement, le gouvernement semble faire avec ! Il faut que quelqu’un aille les secouer, leur dire : Ces gens ne vous souhaitent pas de bien ! Ils vont vous couler ! »
Le fait est que depuis un mois, l’administration Obama a laissé BP gérer cette crise plus ou moins à sa guise. Barack Obama a accouru sur les lieux assez vite, et fait quelques discours qui se voulaient sévères. Mais son administration laisse BP cacher jusqu’à ce jour l’ampleur du jet qui se répand dans le golfe du Mexique : on a mieux à faire que de le mesurer, prétendent ses dirigeants, comme s’ils pouvaient boucher la fuite sans en connaître le débit. Il aura fallu attendre jeudi dernier, près d’un mois donc après l’accident, pour que l’EPA (Environmental Protection Agency) demande à BP de rendre publiques les données qu’elle collecte sur la fuite, et les résultats des analyses faites autour du puits. En fait, on se rend compte que la seule obsession de B.P., comme de toutes les compagnies responsables d’une catastrophe écologique, c’est qu’elle leur coûte le moins cher possible.
B.P. par exemple a liquidé ses stocks de Corexit 9500 pour lutter contre la marée noire dans le Golfe du Mexique, malgré la demande faite jeudi par l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA) de recourir à un produit moins toxique… car on sait que ce dispersant va aggraver considérablement les dégâts. Le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, des membres du Congrès et des organisations de défense de l’environnement se sont interrogés sur l’utilisation de ces dispersants et sur leurs conséquences éventuelles sur l’écosystème marin. Le Corexit 9500, est susceptible de provoquer des irritations de la peau, des yeux et des voies respiratoires, de manière encore plus grave que les produits précédemment employés . Le mal est fait, mais il y a dans ce désastre une inquiétude qui pourrait un jour concerner… la France et notamment la Gironde. « J’ai lu que des composants pouvaient stériliser les huîtres », explique Gregory Perez, ostréiculteur dans le comté de Saint-Bernard, au sud de La Nouvelle-Orléans cité par l’Humanité. « Quel avenir aurait une exploitation dont les huîtres cesseraient de se reproduire ? » Tiens donc… qu’a-t-on mis sur les marées noires ayant touché avec une importance plus ou moins considérable les côtes françaises ? Est-on certain que des composants de ces produits toxiques ne se trouvent pas dans les eaux françaises ? Ces paramètres ont-ils été pris en compte dans les études de Total ? Dans tous les cas, B.P. va sponsoriser des chercheurs indépendants (?) pour qu’ils étudient l’impact de cette marée noire sans précédent. De quoi être rassuré!
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Bonjour.
L’argent gagné à tout prix, à n’importe quel prix, au détriment du vivant et sans aucune référence aux valeurs enseignées par… par tout être humain normalement constitué ! Nous avons donc à faire à la puissance imposée de quelques fous avides…
Ce qui est peut-être le plus intellectuellement dérangeant, en plus de l’évidence des catastrophes successives, c’est le raisonnement admis. Par exemple, il y a quelque temps à propos de la crise du riz (crise volontairement créée, nous le savons maintenant), un journaliste annonçait froidement: « crise du riz, le riz va manquer, les prix vont monter.. football…etc »…
Le raisonnement humain qu’aurai eu ma grand-mère aurai pourtant été: « crise du riz, des personnes vont mourir, LES PRIX VONT BAISSER !!! »
et quand je tiens ce genre de propos autour de moi j’entends « qu’est ce que tu veux, c’est comme ça »…
oui je sais je suis certainement mal entourée…