Fri, 16 Dec 2005 07:56:00 +0000
Comment peut-on continuer à maintenir sa confiance à une République exsangue ? Comment peut-on continuer à croire dans la gestion de politiques, réputés formés dans le plus prestigieux creuset de l'administration, l'ENA, et qui ont accumulé, depuis leur palais parisien de Bercy, une dette abyssale, depuis des décennies, sur la base d'un seul principe : après moi le déluge ! N'importe quel élu local, qui oserait présenter une telle réalité d'endettement de sa collectivité locale, serait tôt ou tard livré en pâture aux citoyens, via un rapport sévère de la Cour des Comptes. Cette institution, qui se montre minutieuse et intraitable dans des analyses stigmatisant des dysfonctionnements, certes critiquables, mais souvent anodins en comparaison de la catastrophe qui menace la France, n'est pas capable d'informer correctement le Pays sur sa situation réelle. Le paradoxe est extraordinaire. L'Etat s'arroge le droit d'affirmer son autorité, de se placer en censeur, de sanctionner à travers la médiatisation qui en est faite, des erreurs commises, mais décrète son impunité en s'exonérant de toute règle élémentaire de la gestion publique : non respect des engagements souscrits, modification continue des ratios pour fausser les comparaisons, accentuation des erreurs antérieures, trucage de ses comptes par des artifices budgétaires, poursuite de l'attribution d'avantages réels à une classe dirigeante, récompensée pour son incapacité à gérer correctement les finances publiques?La course vers le précipice continue !
LA PLANCHE A BILLETS S'EST EMBALLEE .-
De 1997 à 2002 (lors du gouvernement Jospin), le niveau de l’endettement public, par rapport à la richesse nationale, n’a cessé de baisser. Nous sommes restés en dessous de 60%, ce qui est « la norme européenne autorisée », selon les spécialistes. En revanche, depuis 2002, nous sommes passés de 59% à 66% aujourd’hui, et on nous annonce 68% en 2007. La planche à billets s'est emballée et a échappé à ses utilisateurs. Peu importe, d'ailleurs, quel est le donneur d'ordre : le constat devient angoissant. La dérive, qui atteint 1.100 milliards d’?, soit 66% du produit intérieur brut, a été reconnue par Crin Blanc lui même, mais ce n'est pas pour autant qu'il a indiqué la méthode utilisée pour revenir sur cette catastrophe programmée. Il s'est contenté d'annoncer que nous allions vers le gouffre, tout en poursuivant ses annonces de soutiens divers et variés, de cautionner une Europe de la libre concurrence démentielle incapable de bâtir son budget (qui disait que la clause de l’unanimité serait catastrophique avec 25 pays?) , d'annoncer des baisses d'impôts pour toutes les catégories sociales qui sont réputées le soutenir : TVA pour les restaurateurs et les artisans, taxe professionnelle pour les grandes entreprises, Foncier non-bâti pour les agriculteurs? Et les » cadeaux » continuent, au prétexte qu'ils entretiennent l'amitié électorale !
UNE CURE D'AUSTERITE.-
Les exemples de grands pays s'effondrant sous le poids de leurs emprunts sont nombreux dans l'histoire du monde. Ils ne semblent pas inquiéter les gouvernants actuels, au seul prétexte que la France vit au-dessus de ses moyens, et qu'il deviendra donc obligatoire, en 2006, d'imposer… aux moins riches une cure d'austérité. Les autres ont déjà bénéficié, dans la loi des Finances, du passage du Père Noël fiscal. Il a posé sur leur compte bancaire, en Suisse ou ailleurs, quelques déductions nouvelles, et des ristournes leur permettant de se désendetter, ou d'investir dans les sociétés, qui rachètent en rafale les biens d'un Etat obligé d'effectuer des vide-greniers pour récupérer de quoi manger chaque jour, ou presque. N’importe quelle entreprise serait mise en liquidation judiciaire, sauf l’Etat !
Ne vous faites pas d'illusion, tous les Trésoriers Payeurs Généraux de France raclent depuis des mois les fonds de leurs tiroirs pour payer les fonctionnaires. Au Burkina, le Président Blaise Compaoré vient d'être réélu au prétexte qu'il avait toujours su trouver les fonds pour régler les salaires de la fonction publique. En arrivera-t-on, par mensonge et démagogie, à une telle extrémité démocratique en France ?
Dans l'immédiat, plus aucun chantier n'est financé? Les subsides habituellement accordés aux collectivités sont bloqués, les arrêtés signés par les représentants de l'Etat sont devenus des chèques sans provision, ou des contrats classés sans suite. Dans quelques mois, les dégâts dans le monde des travaux publics ou du bâtiment seront considérables, et on verra les conséquences qu'aura ce désengagement tous azimuts sur l'emploi !
D'ailleurs, Crin Blanc, dans l'une des ses chevauchées télévisées, hier soir, l'a reconnu explicitement en affirmant que la situation de la dette française est devenue « inacceptable », et en rappelant qu’elle a été « multipliée par cinq en 20 ans ». « Nous devons traiter les yeux ouverts cette question, il faut se convaincre qu’il y a urgence à la traiter« , a-t-il ajouté comme pour préparer? le Pays à une disette sans précédent.
LE MYTHE POPULAIRE .-
Tant que la vie collective reposera sur le mythe populaire voulant que l'on peut la gérer sans? payer d'impôts et tant que des femmes ou des hommes politiques seront assez démagogues pour prétendre qu'il faut diminuer cette contribution citoyenne pour améliorer la situation globale, la situation ne pourra s’améliorer. Le meilleur gestionnaire serait celui qui pourrait faire se déplacer le char de l'Etat sans mettre de l'essence dans le moteur? Le meilleur gestionnaire serait celui qui pratiquerait la multiplication des pains, des poissons et des billets, ou qui traiterait le mal par la seule imposition des mains.
» Nous payons tous trop d'impôts « . J'ai même remarqué que ceux qui le crient le plus fort sont souvent ceux qui envoient les plus petits chèques sur le compte du Trésor public, soit parce qu'ils utilisent au maximum les » niches de défiscalisation « , soit parce qu'ils trichent honteusement sur leurs revenus. Je rencontre chaque jour des exemples qui donnent la nausée, mais qui ne choquent pas le Peuple.
Ah ! si l'on pouvait afficher annuellement, dans chaque commune, les véritables contributions fiscales de chaque citoyen à la vie collective ! Cette transparence ne ruinerait personne sauf de faux débats, elle ne gênerait que ceux qui manifestent les signes ostensibles de la religion du contribuable opprimé, elle donnerait une autre vision de l'impôt. Une seule et unique règle a de la valeur : l'équité. Et elle ne peut exister que par la transparence. Chiche !
Mais je déblogue?
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