Un bilan de santé catastrophique

Lentement la France s’enfonce dans une crise sociale sans précédent. Tous les débats entre candidats potentiels à l’élection présidentielle ne changeront rien à cette triste réalité. La Gauche ne pourra pas faire autrement qu’être « dure » tant elle aura à combattre une destruction massive des principes républicains de solidarité, d’égalité et de liberté. Aujourd’hui, j’ai participé à un débat sur « les services publics » à la Bourse du Travail de Bordeaux, organisé par la CGT… et ce soir à un autre, organisé par le Front de Gauche sur la réforme territoriale, que les sénateurs socialistes ont décidé de mettre à plat le 2 novembre prochain. Dans les deux cas, il n’a été question que de régressions en tous genres. La France se délite peu à peu et, après la Grèce, l’Italie et l’Espagne son tour viendra en 2013 de perdre le contrôle de sa gestion, si le chef de l’État français demeure en fonction. Un secteur illustre à merveille ce diktat du fric qui supplante toutes les autres valeurs. Médecins du Monde dresse, par exemple, un état des lieux catastrophique de l’accès aux soins des plus démunis dans notre pays.
« Après le krach boursier », l’association dénonce un « krach sanitaire » qui pour elle « n’a pas seulement pour origine la crise économique », mais aussi « une politique qui volontairement écarte du soin les plus vulnérables » et « fait disparaître les quelques solutions même temporaires de mise à l’abri et de prise en charge ».Dans son rapport annuel 2010/2011, l’association interpelle les candidats à l’élection présidentielle sur cette situation sanitaire, et met en garde contre « une crise humanitaire aux portes du système de santé Français » en 2012, si rien n’est fait.
Dans ce document, l’association note une recrudescence de 10% en deux ans des consultations médicales et dentaires dans ses centres de soins gratuits en France. Inimaginable dans un pays réputé à la pointe du progrès et dans lequel tous les jours, dans des escapades purement électoralistes sur le territoire, l’occupant de l’Élysée vante les mérites d’une politique ultra libérale catastrophique.
Parmi les patients, l’association a en effet enregistré une hausse de 30% de mineurs. Et « seul un tiers des enfants de moins de six ans reçus pour la première fois dans les centres de Médecins du Monde sont à jour dans leurs vaccinations ». L’association constate aussi que « près de la moitié des patients vus en consultation en 2010 aurait besoin d’une prise en charge d’au moins six mois », mais que « ces personnes accèdent de plus en plus difficilement au système de soins ou n’arrivent pas à faire valoir leurs droits à la couverture maladie ». Et ça ne va pas s’arrêter avec la taxation des cotisations sur les mutuelles, les dépassements catastrophiques d’honoraires, le manque de moyens de l’hôpital public.
Autres constats de ces Médecins de la solidarité : « près d’un quart des personnes ont eu recours aux soins de façon trop tardive », et « les enfants, dont la fréquentation reste importante (12% des patients), n’ont pour la majorité toujours pas accès à la vaccination ni même à une simple couverture maladie ». Concernant les femmes enceintes reçues, Médecins du Monde précise que « près de la moitié présente un retard de suivi de grossesse », et que « 68% d’entre elles n’ont pas accès aux soins prénataux ordinairement proposés aux femmes enceintes ». De plus, 8% des femmes enceintes rencontrées vivent à… la rue. Que répondre à ces constats ? Que penser de l’indifférence générale à ces détresses, quand les banques absorbent des milliards fictifs pour redorer leurs profits ?
De manière plus générale, l’organisation estime que « l’année 2010 a aussi été marquée par la dégradation significative des conditions de vie des personnes rencontrées: le nombre de personnes avec un logement stable a baissé de 45% en 10 ans ». Et dans ce contexte, « la crise de l’hébergement d’urgence a été accentuée en 2011 par la baisse des subventions, et par voie de conséquence, la baisse du nombre de places disponibles », souligne également Médecins du Monde. « En témoigne le nombre de femmes enceintes, et de mineurs à la rue reçus par Médecins du Monde. De nombreuses personnes malades restent aussi à la rue. Des personnes en danger sur le plan sanitaire et social », précise l’association, dont personne ne se soucie vraiment à l’approche de l’hiver. On assiste chaque année aux premiers froids aux cris d’orfraie des officiels, envoyant les CRS déloger les toiles de tente honteuses ou délogeant des supposés squatters!
« Pénalisées par la crise économique, exclues du soin par de nouvelles lois qui en limitent l’accès, les conditions de vie de ces personnes vulnérables sont aggravées par une politique systématique de harcèlement et de stigmatisation, qui entraîne expulsions sans relogement, rupture de soins, arrêts de la prise en charge, non suivi des vaccinations », dénonce encore Médecins du Monde dans son rapport qui devrait pousser tous les citoyens lucides à penser que, dans quelque temps, ils seront touchés par cette inaccessibilité financière aux soins!
Outre la baisse des budgets d’hébergement d’urgence, l’association déplore les restrictions d’accès à l’Aide médicale d’Etat (AME) – notamment le « droit d’entrée » de 30 euros pour les patients – et le « démantèlement » du droit au séjour des étrangers malades résidant en France.
« Il est régulièrement invoqué, pour soutenir cette politique restrictive, des raisons financières. Pourtant, les évaluations menées et rendues publiques fin 2010 (IGAS/IGF) ont souligné qu’il n’y avait ni fraude, ni abus dans l’accès aux soins des plus vulnérables. Et que le coût d’une prise en charge tardive est bien plus lourd que le travail de prévention », rappelle l’association.
« Ce bilan annuel le montre, il ne s’agit pas d’assistés’, mais « bien de personnes en situation de survie. Précaires, ces personnes subissent les conséquences d’un double choix politique déterminant: le démantèlement du système de santé solidaire d’une part, l’impact sur la santé des politiques sécuritaires d’autre part », estime Médecins du Monde.
Les candidats à l’élection présidentielle « auront à se prononcer sur ces choix qui ont directement à voir avec la manière de vivre – et de se soigner – ensemble, qu’ils proposent aux français pour les années à venir », poursuit l’association. Et de conclure: « leur indifférence pourrait aggraver le risque d’une crise humanitaire aux portes du système de santé français ». … Et avec ça, il faudrait se sentir coupable d’être de la gauche « dure ».

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 8 commentaires

  1. Nadine Stalker

    J’ai regardé les 4 débats des primaires Socialistes.
    Pas un mot sur les « bénéficiaires » du RSA, les chômeurs de longue durée, ceux virés de Pôle Emploi, les seniors qui ne travaillent plus et dont la retraite est repoussée aux calendes Grecques (c’est le cas de le dire…), ceux qui sont exclus de tout…
    Et pendant ce temps le Conseil Général de Corrèze met en place une Commission de radiation du RSA pour ces faignasses qui ne font pas d’efforts pour se réinsérer…
    Vive le social Socialiste!!!

  2. J.J.

    Et oui, on ne peut pas tout avoir et il faut faire des choix : promouvoir la santé pour tous, ou combler d’aise (et de fric) les actionnaires et bombarder la Libye …..

  3. batistin

    Allez, à la louche, celle de la soupe populaire, faisons les comptes:
    nous sommes sept milliards d’êtres humains, et bien ceux qui possèdent et profitent sans partager les richesses communes sont dix à tout casser.

    Un banquier, un pétrolier, un laboratoire, un producteur d’énergie électrique, un dépollueur d’eau, un fabricant d’armes, un marchand de drogue, un céréalier industriel et un patron de groupe de pression, pardon de presse.
    Il faudra bien un jour que l’on s’explique ce qui retient sept milliards d’êtres humains, moins dix, à redistribuer la soupe en part égales !

    Je ne vois pour ma part qu’une explication, la peur.
    Et il y a de quoi quand on sait la violence avec laquelle , guerrière, policière ou administrative, sont réprimées toutes les tentatives de s’approcher de la soupière.
    Quelque chose qui ressemble à s’y méprendre à la façon qu’ont mes chiens de bouffer. Le dernier suce les miettes d’os, s’il en reste.
    En quoi alors, puisque c’est ce que nous faisons, sert-il de tenter de discuter et de parlementer sénatorialement avec des individus qui n’ont finalement que peu d’intelligence. Et apparemment pas d’autre conscience de l’existence que de s’empiffrer à en exploser.
    Peut-être qu’eux aussi ont peur finalement.
    Peur de la vie, qui comme chacun sait ne permet pourtant pas d’emporter avec soi son portefeuille d’actions pour le grand voyage.
    Nous devrions tenter de les rendre heureux, peut-être un séjour dans un temple tibétain, pardon, chinois.
    Tant de bouches à nourrir cela peut paraitre impossible, en tout cas c’est ce que l’on veut nous faire croire. Mais, sept milliards d’individus se tenant debout serrés l’un contre l’autre, ne couvriraient pas la superficie d’une ville comme Los Angeles ! Ce qui, vu depuis la Lune relativise l’idée propagandiste d’une surpopulation menant à la famine. Il reste quand même un peu de place pour faire pousser du blé, du riz, des patates, des choux, enfin tout ce que l’on veut pour faire une bonne soupe.
    Au fond, et c’est ce sur quoi nous sommes les plus faibles, nous croyons tous à l’irrémédiabilité des catastrophes annoncées. Surpopulation, réchauffement climatique, épuisement des ressources énergétiques, délinquance aggravée, faillite des banques etc.
    Quand il ne s’agit au fond que d’une vérité relative au maintien des « dix » à leur place. Quand la pelote de laine est emmêlée, il ne sert à rien de défaire chaque noeud, au risque de compliquer la situation. Le problème à deux bouts.
    De l’un la force oppressive, de l’autre l’individualisme apeuré dont nous faisons preuve et qui sert l’ennemi !
    Le regroupement en associations cherchant à éviter le mode de fonctionnement proposé aujourd’hui semble donc être le meilleur moyen d’avancer. Du style des regroupements de consommateurs autour d’un petit producteur par exemple.
    Charge aux élus de la république de proposer autre chose, pour leur part, qu’une suite de mesures de représentants de commerces.
    Peut-être qu’un sens spirituel à l’avenir de la tribu est nécessaire.
    Je voterai donc en mai deux mille douze pour le chef Raoni Metuktire.

  4. batistin

    Etant artiste, et ayant à faire face à des difficultés financières aggravées par la crise existentialiste qui assomme le citoyen,
    alors que le « marché de l’art »,
    (entendez l’achat d’oeuvres d’artistes morts, achat bénéficiant d’une exonération sur le calcul de impôt sur la fortune),
    se porte extrêmement bien ( plus 150% d’augmentation sur le marché boursier !!!)
    je me permet ici de tenter de gagner quatre euros de bénéfice sur la vente d’un pack de cinq badges dont j’ai réalisé le motif:
    http://207891.spreadshirt.fr/badgestop-A17725346
    Avec mes excuses à monsieur Darmian et à ses lecteurs pour cette intrusion intolérable d’un acte outrageant de libéralisme commercial sur un blog humaniste.
    A moins bien sur que les aléas de ce qui ressemble à une tentative désespérée d’auto-entreprise ne soient pas considérées comme de la publicité, mais comme le seul moyen qu’il nous reste de piquer une feuille aux choux.
    Allez, disons que ceux qui aiment bien mes commentaires se feront un plaisir, s’ils le peuvent, d’encourager ma plume.
    Pour les autres, j’en suis désolé, mais prenez-vous en au Ministère de la Culture et de la Communication dont le budget, qui vient juste d’être augmenté, va finir dans l’achat d’oeuvres d’art conceptuel ( du genre chaise accrochée au mur ).
    Le reste servant à la Communication que fera monsieur le ministre de la Culture, Frederic Mitterand, pour encourager le vote sarkosien…
    Rien à voir avec le budget de la santé, j’en conviens, si ce n’est que moi ça me rend malade.
    Un peu comme votre boulanger quand il tente de vous expliquer que la santé publique passe par un bon levain, les artistes sont censés prendre soin de …
    Notre santé mentale.
    Et les dérives du Ministère de la Culture et de la Communication n’ont rien à envier à celles du Ministère de la Santé.

  5. batistin

    Ah, oui, excusez, pour ceux qui souhaiteraient m’engueuler, voici l’adresse de mon site web: http://batistin.com

  6. batistin

    et bé non ! Décidément il me faut un agent artistique, ou au pire, un marchand d’art…
    La bonne adresse pour dépenser quinze euros c’est ici :
    http://207891.spreadshirt.fr/badge-stop-A17732114

    Encore un peu et je vais me faire traiter de spammeur, je le sens arriver.

  7. batistin

    Au fond, je commence sérieusement à fatiguer de tenter par l’écrit, comme le font chaque jour monsieur Darmian et d’autres, par la parole donc, de changer le système d’échange dans lequel nous vivons.
    Pour en revenir au texte de monsieur Darmian, je ne peux plus me départir d’une sourde colère, chaque jour amplifiée par les déviances de nos dirigeants.
    Ce qui fini par porter sur mon système nerveux, et les boites de cachets médicamenteux que l’on me prescrira n’y changerons pas grand-chose.
    Et je ne suis pas le seul.
    Peut-être que la violence, douce et relative en regard de pays dirigés par une dictature, est au fond un piège sans fin.
    Nous ne sommes pas assez oppressés pour réagir vraiment !
    Un forme d’asservissement distillé avec soin, juste ce qu’il faut pour endormir nos volontés.

Laisser un commentaire