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Le bateau ivre sans équipage et avec un cap identique

Il faudra bien se rendre à l’évidence : la dissolution de l’Assemblée nationale restera dans l’Histoire de France comme une catastrophe pour une nation déjà sur béquilles depuis trois ans. C’est un peu comme si alors que la « malade » était anémiée, déstructurée et en grande difficulté pour simplement mettre la tête hors de l’eau. Comme toujours l’application des recettes d’antan pour apporter les soins à un pays rongé par des erreurs de gouvernance depuis un vingtaine d’années ne donne pas les effets escomptées. La stratégie des médecins de Bercy ressemble étrangement aux médecins du XVII° siècle : la saignée et les ventouses. Quand il est impossible de renforcer par des apports positifs la structure d’une nation les soignants effectuent des prélèvements destinées à diminuer la tension potentielle. L’affaiblissement s’accentue et la défaillance se profile.

Chaque jour les médias ressassent qu’il n’y a point d’autre salut que celui de tailler dans les dépenses collectives pour économiser ce qui aura forcément des conséquences sur la qualité de vie du plus grand nombre. Le montant des coupes à effectuer n’a vraiment aucun sens. C’est tout le système qui est à repenser et à rénover en profondeur. Impossible dans le contexte actuel. Inimaginable dans les années à venir. Impensable tant il faudrait une révolution des esprits. Faute de sortir de la pensée libérale voulant que la loi du marché soit la seule qui permette aux finances publiques de se procurer des recettes, la France court à sa perte.

Comme la démagogie électorale consiste depuis des décennies à expliquer que les contributions directes ne doivent plus exister tout a été reporté sur la taxation des moindres actes de consommation. L’idée voulant que plus le marché est puissant plus un État se porte bien, est dépassée, éculée, contraire à la construction d’un nouvel équilibre planétaire. La quasi totalité des ressources actuelles de la France proviennent de taxes sur les achats de toutes natures. Une stratégie absurde puisqu’elle s’accompagne de consignes incitant à moins manger, à moins consommer d’énergies diverses, à moins acheter… à moins tout quoi ! Sans une inflation le déficit du budget de la France aurait été de plus de 80 milliards. Rien ne serait pire pour Bercy qu’une baisse des prix !

La consommation des ménages français n’avait toujours pas rattrapé en 2023 sa tendance pré-covid , d’après l’Insee. Les dépenses des ménages français se sont chiffrées à 1.301,3 milliards d’euros, là où elles auraient dû atteindre 1.342,5 milliards. Une chute qui se confirmera en 2024 dans tous les secteurs. Jamais l’épargne n’a été aussi forte. Tous les commerces (grandes surfaces surtout) sont à la peine car les budgets des foyers sont rongés par le paiement des services. Ce dernier trimestre risque d’être l’un des plus faibles depuis pas mal de temps. Et pendant ce temps… on cherche un ministre mégalomane et suffisamment inconscient pour prendre en charge le ministère de l’économie et des finances. J’avoue être impatient pour connaître cette perle rare.

Alors la petite musique habituelle sur la gabegie des collectivités locales commence à retentir. Trop de politiques volontaristes. Trop de personnel. Trop d’aide sociale. Trop de crédits à l’éducation. Trop d’investissements. Trop… de tout mais à absolument aucun moment est dressée l’impact des ces dépenses sur la vie quotidienne des populations. En fait la véritable alerte c’est que la situation globale des communes, des intercommunalités et des régions est bien pire que la réalité décrite. Toutes utilisent des subterfuges ou des habiletés leur permettant de masquer des situations financières de plus en plus compliquées qu’annoncées. La vente du patrimoine, le décalage sur un, deux voire trois exercices des investissements, l’étalement des dépenses d’entretien, la baisse des crédits destinés au suivi de nombreux secteurs en invoquant la nécessité de la protection de la biodiversité : les lendemains seront bien pires que ceux qui sont annoncés.

Deux cibles seront bientôt mises en avant : les retraités et les propriétaires. Les premiers bénéficient trop de la manne publique (santé et solidarité) et les seconds ont un patrimoine qui prend de la valeur. Il arrive que les deux réunis figurent en tête des classes sociales réputées privilégiées. Ils seront dans le collimateur du budget 2025 surtout avec la mise en avant du slogan sur la revalorisation du travail. Les naïfs croient que cette promesse aura des conséquences pour les chômeurs, les détenteurs du RSA, les immigrés… alors que le gisement des recettes supplémentaires se trouve ailleurs.

Il y aura un gouvernement de bric et de broc, de replâtrage, de superficialité pour éviter de se retrouver aux oubliettes qui ne pourra rien. Le bateau ivre de pouvoir personnel continuera à voguer vers les écueils jusqu’au moment où il se brisera sur la réalité. Le vent réputé salvateur de la croissance n’a plus aucune influence. Si le cap est le même, le naufrage est inévitable. or hier dans une grande cure d’autosatisfaction lemaire de Bercy, devant le Sénat a prôné le continuité dans le changement : austérité par diminution des dépenses. Ca n’a pas marché mais on continue ! 

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Les Diafoirus sont de retour.
    Purgare, saignare, clystérum donare !
    Suffisants, méprisants, avides, papelards, bref, « les meilleurs fils du monde » comme eut dit Alcofribas Nasier, reviennent pour nous faire …..* encore.
    *Les lecteurs éventuels pourront ajouter là la place des pointillés le verbe qui leur semblera le plus opportun.

  2. facon jf

    Bonjour,
    la recette est connue, vu que l’on ne veut pas taxer les riches puisqu’ils peuvent s’échapper, taxons les pauvres ils sont tellement nombreux.
    Le nouveau fondé de pouvoir de la Mac-Ronnie et du R haine avec l’assentiment de son parti d’origine va nous concocter sa recette miracle. Il est évident que baisser les prestations sociales ou les retraites serait très violent, alors qu’une non indexation serait beaucoup plus acceptable avec à la clef 20 milliards d’économies. En plus ces privilégiés de retraités en ont l’habitude, une bonne campagne merdiatique pour enfiler des chiffres aux gogos ça on sait faire.
    Enfin, 1 point de CSG c’est 16 milliards de plus dans les caisses de l’Etat. 2 points de CSG 32 milliards. 32 + 20 = 52 milliards. Si l’on réduit les budgets sociaux et que l’on rabote les crédits aux collectivités territoriales ça va faire facile la rue Michel.
    Le fondu Savoyard , fervent défenseur de la retraite à 65 ans en 2021, semble clair sur ce point : il n’y aura pas de modification en profondeur de la réforme. Vendredi dernier, sur TF1, il a seulement annoncé vouloir « ouvrir le débat sur l’amélioration de cette loi pour les personnes les plus fragiles ». Une façon d’offrir quelques miettes pour justifier de ne rien toucher au projet de loi . Il faut évidemment que le travail paye plus que l’inactivité sous toutes ses formes martèlent les merdias . Fort de ce soutien des milliardaires propriétaires de journaux, radios, et télés le chantier de la sécurité sociale sera plus facile à mener à bien. Dans un interview aux Échos, Thomas Fatôme, le directeur général de la Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM), annonce déjà mettre en place plusieurs mesures pour « maîtriser le coût des arrêts de travail ». Les personnes ayant un arrêt-maladie de plus de dix-huit mois seront contrôlées pour « voir si leur arrêt est justifié », et les médecins « qui prescrivent des arrêts de manière importante » feront également l’objet d’une vérification de leur activité.
    La prise en charge des soins pour les personnes souffrant de maladies chroniques semble également menacée, comme c’était déjà le cas sous le gouvernement (f)Attal. Le Conseil des prélèvements obligatoires préconise aussi de revoir la direction que prennent les impôts et taxes prélevés par Bercy. Selon lui, certains bénéficiaires comme la Sécurité sociale ou les collectivités locales reçoivent trop, au détriment du budget global.
    Un autre chantier devrait également être étudié par le cabinet du premier sinistre, celui de la réforme de l’assurance-chômage, qui avait été mise sur pause par Choupinet (f)Attal dans l’entre-deux tours des législatives et reportée au 31 octobre. Pour rappel, celle-ci prévoit de durcir drastiquement les conditions permettant aux demandeurs d’emploi de toucher l’assurance-chômage : la durée de travail nécessaire pour en bénéficier passerait de six à huit mois, sur une période de référence qui est réduite à vingt mois au lieu de vingt-quatre, et la période d’indemnisation passerait de dix-huit à quinze mois. Sous prétexte de « réhabiliter le travail », encore une fois, c’est sur le dos des travailleurs les plus précaires que le gouvernement entend faire des économies, espérant récupérer 3,6 milliards d’euros par an.
    Avec le fondu Savoyard il vaudra mieux être riche et bien portant que pauvre et malade.
    Bonne journée

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