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La nouvelle donne du cyclisme pose problème

Rentrée des classes réussie pour Tadej Pogacar. Avec près de trois minutes d’avance sur ses poursuivants, le Slovène Tadej Pogacar a écrasé ses rivaux en remplissant la troisième page blanche de son cahier 2024 hier en Catalogne. Lors des « Strade Bianche » il s’était envolé à 80 kilomètres de l’arrivée et plus personne ne l’a revu. Il a disputé cinq épreuves à ce jour dont Milan San Rémo et le Tour de Catalogne qui comptent à leur palmarès les plus grands des champions et il a réussi l’extraordinaire (au sens propre) performance d’aligner trois victoires et deux podiums en conq courses. Ça jasait déjà dans le peloton et à coté, mais ce n’est rien par rapport au doute qui s’installe. Il est arrivé au sommet d’une difficulté catalane appréciable aussi frais qu’un gardon sortant de l’eau

Pogi comme l’appelle familièrement les supporters agace mais aussi dégoûte un certain nombre d’observateurs qui doutent de ses performances. Si personne ne conteste qu’il soit un véritable prodige du vélo beaucoup pense que ses victoires ne doivent pas tout à la force de ses mollets. Quels que soient les progrès effectués par le matériel, les méthodes d’entraînement, les régimes diététiques, il leur paraît impossible que le Slovène soit naturellement aussi dominateur. Alors les supputations vont à un train aussi rapides que celui sur qui elles portent.

Pour sa course de reprise il a ridiculisé le reste du peloton. Pourfendeur du dopage, Antoine Vayer (1) est évidemment tout aussi écœuré en s’exprimant sur le site sports.fr . « Scandaleux, a-t-il tonné. Du une minute gagné par tranche de 10 kms, soit 40 watts de plus que tous les autres qui sont laminés, harassés. C’est impossible.Ce ne sont pas des cadets sans talent, mal entraînés, avec du mauvais matériel ou diététique. On n’est plus en 1970. » Et les commentaires sont évidemment à l’avenant, de nombreux amateurs de cyclisme suspectant une assistance électrique sur son vélo. Oui mais laquelle et comment ?

Le problème dans le dopage physiologique ou matériel c’est qu’il s’agit d’une course de vitesse entre ceux qui trichent et ceux qui tentent de les repérer. Les tests ne sont mis au point que par réaction avec un système identifié. Et pour le moment rien ne permet, avec les réglements actuels de mettre en place des processus de contrôle correspondants aux méthodes utilisés. Rappelons que dans l’affaire Armstrong il aura fallu une dizaine d’années avant que rétrospectivement la fraude soit décelée. Et il en est ainsi aujourd’hui. Qu’en sera-t-il pour les Jonas Vingegaard, Woot Van Aert ou les Van des Pool ?

Les sponsors ne souhaitent pas se poser de questions sur le contexte dans lequel évoluent ces champions. L’essentiel est dans la présence ou nom de leurs coureurs sur les plus hautes marches du podium. Une guerre géopolitique se noue autour du vélo avec l’arrivée dans le giron des épreuves du World Tour d’États du Moyen Orient soucieux de se créer une image beaucoup plus efficace que celle du football sur toute la planète.

Israël en toute impunité (à rapprocher des sanction prisse contre la Russie) a son équipe. Les Émirats Arabes Unis champions de la valorisation des énergies fossiles dépenses des centaines de millions pour que le sigle UAE soit omniprésent dans…le vélo. L’émir très controversé de Bahrein Nasser ben Hamed Al Khalifa soupçonné de tortures sur des opposants au régime souhaite promouvoir une image plus valorisante à l’international avec son « team ». Astana reste la propriété de l’État du Kazakhstan. Ces nouvelles arrivées avec des moyens disproportionnés aux autres formations ont aggravé la situation.

La recherche médicale (on parle de transfusions) ou technologique (on parle beaucoup d’assistance électrique) disposent au sein de ces formations de budgets spécifiques considérables. Les labos sont localisés dans des pays impossibles à contrôler. Les coureurs, sauf quelques inconscients, savent parfaitement ce qu’ils risquent et surtout comment paraître propres. Dans le monde « amateur » le mal est encore plus grand et dans tous les sports. Le vélo reste la face visible de l’iceberg.

Le 2 mars dernier à Villena, dans la province d’Alicante, une course amateur a été le théâtre d’attitudes hors du commun. Selon le site Ciclo 21, seulement 52 des 182 coureurs inscrits ont franchi la ligne d’arrivée. L’épreuve a été remportée par l’Ukrainien Oleg Chuzdha (professionnel de 2006 à 2012), le plus étrange s’est passé derrière lui. La présence d’agents de la Celad, la commission espagnole de lutte contre le dopage dans le sport sur la ligne d’arrivée a circulé comme un traînée de poudre dans le peloton. Les fausses chutes et des dizaines de crevaisons… imaginaires pour justifier le retrait impromptu de plus d’une centaine de concurrents. Dramatique.

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Cet article a 3 commentaires

  1. christian grené

    Buongiorno, le grand sifflet! comme aurait dit notre Robert.
    S’il s’était mis en Roue Libre aujourd’hui, sûr qu’il t’aurait parler du pays. Voilà, c’est dit. Je range ma bécane pour reprendre ma lecture, un p’tit livre à déguster sans modération. Autant dire que j’ai Quartier Libre.
    Grazzie mille.

  2. JJ MOULINIER

    Cher Jean Marie tu connais très bien le cyclisme;moi-même qui ai commencé à pédaler voici plus de 60 ans,sait aussi combien le cyclisme est un sport exigeant.C’est surprenant de voir ainsi un coureur faire de telles différences sur chaque course ou presque.Je ne pense pas que le grand Eddy Merckz qui a tout gagné, sauf Bordeaux Paris me semble t-il,fût capable de faire de telles différences sans masque de souffrance.
    Amitiés

  3. Christian C

    Les vélos doivent-ils passer aux rayons X ?
    À votre santé, tournée générale de ce délicieux pot belge !

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