« Vous allez voir ce que vous allez voir… » Dès que la guerre en Ukraine a débuté les alliés de l’Ukraine ont clamé l’efficacité de leurs mesures d’embargo technologique ainsi que des contraintes économiques régulièrement renforcées. Le régime de Poutine étranglé ne tiendrait pas plus de quelques mois. Ce culte de la résolution des difficultés du monde par les restrictions ou interdictions sur les marchés financiers, a explosé en plein vol. La Russie a apparemment contourné tous les obstacles mis sur son chemin. Même si les analystes de la commission européenne tablent sur des difficultés à long terme il faudra expliquer aux Ukrainiens la pluie de missiles soit-disant impossibles à fabriquer, qui se sont abattus depuis quelques jours sur leurs ville.
Première mesure : l’embargo sur les achats de gaz et de pétrole. L’une des principales sanctions a consisté en effet à réduire de 90 % les approvisionnements en pétrole russe de l’UE dès la fin 2022 par rapport à la moyenne mensuelle des trois dernières années, privant ainsi Moscou de revenus importants. Or la Russie, deuxième producteur mondial de pétrole, a été en mesure de vendre son pétrole sur d’autres marchés, à des pays tiers, ce qui lui permet de continuer à financer la guerre. Mieux nous rachetons ce pétrole pour satisfaire nos besoins… en faisant semblant de ne pas l’acquérir directement auprès des compagnies russes.
Les cours du pétrole sont repartis à la hausse après de nouvelles attaques en mer Rouge. Ce regain de tensions dans la zone contraint en effet les armateurs et autres sociétés pétrolières à contourner ce détroit stratégique pour le commerce mondial. Le prix du baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en mars flambe de 2,1% à 78,64 dollars, tandis que son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate pour livraison en février, reprend 2% à 73,06 dollars.
Une tendance qui arrange bien les Russes qui connaissent les effets induits sur les nations consommatrices (inflation) et sur leurs rentrées financières. En attendant 80 % des exportations de Poutine en pétrole file vers la chine et l’Inde, deux pays qui en échange ne sont pas fiables du tout sur les ventes de technologie de pointe que l’UE ne devrait plus fournir. Sauf que certains clients d’une UE soucieuse de sa balance commerciale, ne se gênent pas pour les revendre.
Le blocage à 60 dollars du prix du pétrole russe transporté par des navires battant pavillon de pays appliquant l’embargo n’a pas eu l’effet escompté. Les sources officielles russes indiquent de leur côté que le baril se vendait à plus de 80 dollars en moyenne. En plus le constat est sans appel : une partie des ventes russes s’effectue par une flotte qualifiée de fantôme utilisant des navires du monde entier enregistrés auprès de diverses compagnies, et qui sont difficilement repérés par les alliés de l’Ukraine. Selon le Financial Times, seulement 37 sur 134 navires transportant du pétrole russe avait une assurance occidentale en octobre ! Il y a donc des trous dans le dispositif…
Selon les spécialistes en tout et en pas grand-chose sur les plateaux des télévision le clan Poutine devait éprouver de grosses difficultés pour fabriquer des armes sophistiquées en raison de l’embargo sur les éléments électroniques. Selon Volodymyr Zelensky « au cours des cinq jours précédents, l’ennemi a lancé au moins 500 missiles et drones vers l’Ukraine ». Des attaques massives sur des villes ukrainiennes, dont Kiev. Elle ont débuté le vendredi 29 décembre au matin et se sont poursuivies hier. Cette dernière attaque (99 moyens d’attaque aérienne et 35 drones Shahed 136 et 131) a atteint des niveaux angoissants pour la population ukrainienne.
Bien que la répartition exacte par types de missile ne soit pas connue très précisément et impartialement la somme de 566 millions d’euros a été annoncée pour le budget russe. L’Ukraine déclare que les Russes ont envoyé 70 missiles de croisière Kh-101, Kh-555 et Kh-55, dont 59 auraient été détruits. Or les prix de ces trois types de missiles sont très différents : un Kh-101 coûte 13 millions de dollars, un Kh-555 4 millions de dollars et un Kh-55 2 millions de dollars. Si le déluge se poursuit il sera difficile pour les alliés de continuer à fournir les armes défensives adaptées.
Les décisions occidentales aurait généré une baisse du PIB de 2,1 % chez Poutine quand l’Allemagne entame avec 0,1 % une baisse au troisième trimestre 2023 et s’oriente vers un déclin de -0,5 %. Et la suite globale pour l’UE ne devrait pas être plus glorieuse et ce sans embargo ! Conséquence de ces situations : la dynamique du soutien occidental à Kiev est en perte de vitesse : les aides nouvellement engagées sont en baisse de 90 % sur la période d’août à octobre 2023 par rapport à la même période de l’année précédente et quelques Etats européens bloquent l’envoi des crédits promis. On en reparle au printemps.
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Un embargo aurait-il été décrété sur « Roue Libre ? Jean-Marie s’en moque qui, quotidiennement et presque sans faiblir, nous donne de l’énergie pour la journée. Il n’a pas de pétrole mais il a… décidé de nous tenir en éveil. Merci encore, Jean-Marie!
bonjour,
« Les capitalistes nous vendront la corde avec laquelle nous les pendrons » citation attribuée à Lénine, vraie ou fausse citation elle se vérifie actuellement.
Nous assistons à l’opération » couper les pertes financières de l’Ukraine » par le bankster US. L’absence de perspectives de victoire ukrainienne renverse le calcul rationnel de gain et de pertes pour les USA.
Rappelons quels étaient les objectifs de l’Oncle Sam bien avant l’invasion Russkof, en fait depuis des décennies.
La finalité c’est de s’emparer des richesses de la Russie. Nous dirons Mettre la Russie en esclavage économique par le truchement des multinationales. Le moyen pour obtenir ce résultat c’était d’armer et d’entraîner le frère ukrainien dans un conflit avec ses frères et cousins Russes (la stratégie). La tactique au service de la stratégie s’étayait en deux objectifs le premier étant finir de mettre l’Ukraine en dépendance économique totale en poussant Poutine à la faute sous la forme d’une guerre ouverte. La guerre étant ouverte le deuxième objectif était de piller l’économie Européenne et la priver d’une synergie possible avec les Russes. L’axe UE Russie étant le cauchemar des Néos-cons US, tout fut fait pour torpiller ce projet depuis la chute du mur. Dans son discours à Strasbourg, en 1959, le général de Gaulle avait évoqué « l’Europe, de l’Atlantique à l’Oural », dans une formule marquante visant à briser le duopole de la Guerre froide entre Washington et Moscou. Plus profondément, il s’agissait de s’interroger sur la sortie du conflit Est-Ouest et la réunification du continent européen dans son ensemble.
Le bouclier de l’OTAN étant le seul et ultime parapluie pour nombre de pays de l’UE il fut facile de vendre les sanctions qui allaient mettre l’ UE aux genoux de l’Oncle Sam. Fini le gaz russe qui tirait les exportations Allemandes vers le haut, bonjour le gaz de schiste US à prix d’or. D’une pierre deux coups, enrichir les US et précipiter l’UE dans l’inflation pour l’appauvrir.
Un objectif complémentaire rattaché à la stratégie globale était d’obtenir un front de flanquement en chassant les Russes de Crimée. En échange du soutien aux Ukrainiens vainqueurs les étasuniens pourraient verrouiller l’accès à la mer noire par une gigantesque base navale à Sébastopol. Interdisant de ce fait l’appui maritime des Russes aux Chinois lors du prochain conflit.
Mais le coup a manqué, la CIA n’a pas anticipé l’enlisement du conflit pas plus que l’attaque du Hamas sur le 52 ème état Américain.
En bon comptable l’équation économique de cette guerre se solde ainsi :
Actif actuel des Ukrainiens totalement déficitaire + prélèvement des dommages de guerre sur les Russes RIEN puisque conflit perdu ou gelé + Sébastopol RIEN puisque les UK n’y sont pas parvenus + Actifs russes séquestrés pendant les sanctions 200 milliards = L’aide apportée dépasse les 200 milliards , les Ukrainiens ont épuisé leur crédit ! Les USA vont céder le compte à L’UE qui devra rembourser en lieu et place des Ukrainiens et reconstruire la partie restante du pays.
Et voila pourquoi Zelensky est rentré les mains vides de Washington. Et voila pourquoi nous allons devoir nous serrer la ceinture.
Bonne journée
Analyse lucide de la situation. si l’organisation fouteuse de m… nommé Otan n’avait pas continué à menacer la Russie (en contradiction avec les accords négociés en 1991) nous n’en serions pas là.
Les sanctions , c’est surtout en effet l’Europe qui en « bénéficie, comme JF l’explique fort bien plus haut et comme c’était prévisible(sauf pour les grands stratèges qui voient loin, tellement loin qu’ils ne regardent plus où ils mettent les pieds).
À propos, on ne prévoit pas de sanctions contre les auteurs des génocides qui se déroulent actuellement au Proche Orient ?
Probablement pour la raison que nos grands hommes pleins de géniales intuitions ont certainement compris qu’elles seraient inefficaces. Non ? C’est pas ça ?