Inexorablement, compte-tenu que souvent il est impossible d’éviter que l’entrée dans le grand âge soit synonyme de naufrage, le problème du financement de la dépendance se posera avec une acuité croissante. Pas certain que celles et ceux qui ne travaillent pas le lundi de Pentecôte, sachent le rapport entre ce jour férié et le financement d’une période de leur vie future peu exaltante. Or au-delà des conséquences psychiques, physiques ou morales apparaît désormais le coté financier. En effet être dépendant ou avoir un proche en perte d’autonomie et situation de dépendance coûte cher.
L’Insee a estimé l’effort financier pour les familles ayant un proche dans cette situation : près de 400 euros par mois en moyenne pour un bénéficiaire de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA), près de 700 euros pour les personnes très dépendantes (GIR 1 et GIR 2), 1 500 euros pour une personne placée en institution spécialisée et entre 570 euros et 2 300 euros pour un malade d’Alzheimer selon qu’il vit à domicile ou en institution. Il faut donc trouver en France dans le système actuel plus de 34 milliards d’euros pour financer la perte d’autonomie des personnes âgées dont 15 viennent des départements (part de l’APA, l’aide sociale à l’hébergement dans les EHPAD, fonctionnement divers), 10 des familles ou les personnes malheureusement concernées et seulement 9 réellement versés par l’État. Ces dépenses devraient augmenter de 10 milliards d’euros par an dès 2040 et si on se réfère au 2, 87 milliards que rapportera en 2019 la journée « fériée travaillée » du lundi de Pentecôte on est vraiment loin du compte…
En moyenne, le coût d’une place en maison de retraite s’élève en effet en France à 2 800 euros par mois. Faute de moyens, huit personnes dépendantes sur dix doivent faire appel à un proche solvable (enfants et même petits-enfants parfois) pour contribuer aux coûts de leur prise en charge. Malgré les aides et les pensions de retraites existantes, il manque en moyenne entre 350 et 500 euros par mois pour faire face à ces dépenses liées à la perte d’autonomie. Or il faut savoir que 4,3 millions de personnes aident une personne dépendante de leur entourage, pendant 6 heures par jour en moyenne. Face à la lourdeur des soins à apporter, 40% des aidants se considèrent comme dépressifs. Afin d’optimiser l’aide apportée à ces personnes en perte d’autonomie, 350 000 postes d’infirmiers, aides-soignants et aides à domicile devraient être créés d’ici dix ans.
Instaurée après la canicule meurtrière de 2003, ce lundi férié qui doit son existence à la « fin de la période pascale au sein de l’église catholique, a été le prétexte à une entourloupe sociale avec la création de fait d’un prélèvement correspondant à 0,3% de la masse salariale annuelle qui a été baptisée contribution solidarité autonomie (CSA). Au départ, cette mesure était compensée par un jour travaillé non payé – le lundi de Pentecôte – mais depuis 2008 cette contrepartie est laissée à l’appréciation des employeurs, qui peuvent supprimer un jour de congé ou offrir cette journée à leurs salariés. Comme le veut désormais une tradition française la CSA a été élargie en 2013 aux retraités imposables, dont les pensions sont également ponctionnées de 0,3% au titre de la contribution additionnelle de solidarité pour l’autonomie (Casa). Depuis leurs créations respectives, la CSA aura ainsi rapporté 34,9 milliards et la Casa, 4,9 milliards…
Une vraie mise à plat de ce système s’impose car il ne s’agit que de « rustines » dans un ensemble extrêmement complexe et vraiment mal défini. Depuis déjà pas mal de temps on évoque la notion de « cinquième risque » qui apporterait une solution à la crise à laquelle font face les Ehpad et établissements de santé spécialisés en manque de moyens et d’effectifs pour accueillir les seniors. On distingue en France quatre types (appelés risques) qui forment les quatre branches de la sécurité sociale : la branche maladie (maladie, maternité, invalidité, décès) ; la branche accidents du travail et maladies professionnelles ; la branche vieillesse et veuvage (retraite) ; la branche famille (dont handicap, logement, RSA…). Il s’agirait de s’y ajouter au titre de la solidarité une cinquième branche dont l’objectif serait de couvrir les risques de la vie liés à la dépendance notamment du fait de l’avancée en âge, de la perte d’autonomie ou du handicap.
Plus le temps passe et plus les décisions seront dures à prendre car la pression devient terrible compte-tenu des difficultés croissantes rencontrées par les personnes âgées pour trouver la bonne solution à des états de santé extrêmement précaires. L’environnement sociologique ou familial ayant considérablement changé, l’ultra-libéralisme ayant conduit à nier toute valeur à la solidarité effective, les contraintes budgétaires croissantes, les problèmes liés à la dégradation indéniable des conditions de vie ne rendent pas très optimistes sur l’avenir. En attendant il y a le lundi de Pentecôte.
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L’effet pyramidale des besoins de la personne âgée repose sur des thèses de managment (gestion).
Ce lundi de Pentecôte rapporte financièrement aux supermarchés et toutes déclinaisons de ce système commercial offert aux consommateurs.
Pourquoi (question idiote !) sont-ce les seuls salariés qui sont « conviés » à participer à cette « collecte » de la Pentecôte ?
Les personnes pratiquant des professions libérales (médecins, notaires, commerçants etc…)ne seraient pas, le cas échéant à même de devenir bénéficiaires du système ? Étonnante rafarinade, n’est-ce pas ?
A propos de Pentecôte : pourquoi prononce-t- on pAntecôte, au lieu de pIntecôte, le mot Pentecôte venant du grec penta = 5, comme pentagone (pintagone et non pantagone). Mystères de la langue française !
Bonjour,
Deux dossiers se percutent dans l’agenda 2019, propices au mélange des genres, avec d’un côté, l’aboutissement de la réforme des retraites en préparation depuis fin 2017 et de l’autre, une loi sur « le grand âge et l’autonomie » attendue en conseil des ministres à l’automne et dont le financement reste à trouver. Les enjeux sont lourds : le rapport Libault ( 228 pages !! https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_grand_age_autonomie.pdf) fait état de 10 milliards de dépenses supplémentaires pour la dépendance pour 2030, en comptabilisant les évolutions démographiques et les mesures proposées pour améliorer sa prise en charge. L’idée de revenir sur la promesse de campagne en reculant l’âge minimal de départ dans la réforme des retraites ayant provoqué une levée de boucliers, une modification via la loi sur la dépendance a fait surface. Sans plus de succès. « La dépendance n’a rien à voir avec les retraites, c’est un problème de santé pouvant frapper à tout moment alors que la pension est le reflet de la carrière », martèle l’équipe de Jean-Paul Delevoye. On voit très bien la stratégie de logique floue, chère au staff du Méprisant, qui consiste à tout jeter pêle-mêle sur la table en se gargarisant de « justice et d’équité ». On a bien vu le jeu de dupes autour des déclarations sur le recul de l’âge de départ à la retraite. Un véritable sketch joué par Buzin/Philippe et la colère de théâtre du Delevoye. Tout ce joli monde n’ignore pas que la réforme dite à points entrainera mécaniquement une baisse conséquente du montant des pensions. Dans ce contexte les départs seront différés pour éviter la pauvreté. Le niveau des pensions actuel, a déjà été grignoté par les réformes précédentes et la désindexation. Si la pension nette moyenne des retraités représente aujourd’hui quasi 65 % du revenu d’activité moyen, ce taux doit tomber autour des 45 % dans l’avenir. Un problème pas simple sachant qu’à 60 ans aujourd’hui, seuls quatre seniors sur dix sont actifs . Comment éviter que les économies réalisées côté retraite n’alourdissent les dépenses de l’assurance chômage ? Comment éviter la multiplication des arrêts maladie avant la retraite ? Comment faire en sorte que moins de seniors ne soient forcés de sortir de la vie active pour des motifs physiques comme psychologiques conduisant à l’invalidité ?
En fait le même casse-tête que la dépendance, ce qui pourrait bien amener la macronie à différer ces réformes, tout comme la réforme constitutionnelle, après les municipales. Peut être une réponse dans le discours de Philippe mercredi ?
Salutations républicaines
Très curieux ce rapport Libault fondé que sur des approches psychologiques voire commerciales.