La question philosophique est essentielle et elle vient de mettre le monde médiatique en émoi : « Peut-on encore croire au Père Noël à 7 ans ? ». Comme à chaque réveillon de Noël depuis les années 1950, le président des Etats-Unis et sa femme, Melania Trump, sont venus en aide à quelque 1 500 bénévoles qui, avec l’armée américaine, répondaient aux appels et messages de plusieurs milliers d’enfants américains suivant la tournée du père Noël à travers le monde. Le couple présidentiel a répondu à plusieurs appels, échangeant et plaisantant avec les enfants au bout du fil. Mais Coleman, un enfant de 7 ans et le premier à avoir Donald Trump au téléphone, ne s’attendait sûrement à la réponse qu’il allait obtenir de la part du président. « Et toi, tu crois encore au père Noël ? Parce qu’à 7 ans, c’est rare, non ? » a-t-il déclaré. Cette seule question venant de la part de celui qui se considère comme le maître du monde n’a pas manqué de créer la polémique. Elle dénote en effet un vrai mépris à l’égard d’un enfant ayant encore un zeste d’innocence réelle ou feinte dans une tradition strictement artificielle mais bien ancrée dans toutes les sociétés ! Contrairement à ce que l’on peut penser cette anecdote reprise par tous les médias de la planète est plus révélatrice que bien des discours politiques. Elle traduit en effet le niveau de réflexion d’un Président de l’une des plus grandes puissances qui n’a cure du moindre respect d’un enfant et plus largement ne possédant aucune référence humaniste.
Combien sont-ils de cet acabit au pouvoir, insouciants des dégâts que provoquent leurs paroles ou leurs actes ? Combien d’entre eux se soucient du genre de Trump de ce qu’ils décident et qui met à mal les « germes » de l’avenir ? L’enfant quel qu’il soit n’a plus dans le système libéral qu’une valeur « économique » ! Combien d’entre eux ont, dans les mois précédant Noël, ont confectionné pour le plus grand bénéfice des multinationales que protègent Trump et consorts les cadeaux que d’autres gamin(e)s ont trouvé auprès d’un splendide sapin ? Combien d’entre eux sacrifient non seulement les rêves des enfants mais aussi leurs vies dans des guerres sans fin ? En arrivant à s’offusquer de ce qui n’est qu’une bourde d’un idiot relève de la situation réelle de notre monde dans lequel le superficiel l’emporte sans cesse sur l’essentiel ! Un enfant américain naïf dont les illusions (par ailleurs très critiquables) ont été bafoués par un président que ses parents bien-pensants ont peut-être défendu et élu a-t-il vraiment plus d’importance que ces millions d’autres qui souffrent ou meurent à cause des décisions politiques du fada de la maison blanche ?
On évalue ainsi le nombre d’enfants de moins de 5 ans ne pouvant plus croire au Père Noël puisque morts de malnutrition dans le monde à 3,1 millions… Il serait intéressant de poser la question sur ce que font les Etats-Unis pour combattre ce fléau… surtout un soir de fête de la consommation possible pour celles et ceux qui le peuvent. Est-il possible qu’après la narration de cette conversation téléphonique jugée scandaleuse les médias s’intéressent au fait que plu de 1.400 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour faute d’un accès à l’eau. Autrement dit, 1,8 million d’enfants succombent chaque année faute d’un accès suffisant à de l’eau potable. Et les 3 millions d’enfants considérés comme « pauvres » en France peuvent-ils croire au Père Noël ? La presses scandalisée par cette « connerie trumpienne » souligne-t-elle que 43 % soit 30,6 millions d’enfants américains, dont 5,2 millions ont moins de trois ans, vivent dans des familles qui peuvent à peine satisfaire leurs besoins fondamentaux (1).
Au moins deux millions d’enfants sont morts ces 10 dernières années à la suite de guerres déclenchées par des adultes, qu’ils aient servi de cibles civiles ou qu’ils aient été tués au combat en tant que soldats. Le nombre de ceux qui ont été gravement blessés ou invalides est trois fois supérieur, et ils sont encore plus nombreux à souffrir de maladies, de malnutrition, de violences sexuelles et des privations de l’exode. Dans de telles conditions, pratiquement toutes les constantes nécessaires à l’épanouissement des enfants sont gravement perturbées, et les dégâts psychologiques des conflits armés sont incalculables. Trump sait-il vraiment qu’au moment où ses armées se retirent de Syrie ce sont des milliers d’enfants tués, ciblés, blessés, mutilés, réfugiés, déplacés, déscolarisés, affamés, exploités, traumatisés : c’est tout ce que la guerre et le conflit en Syrie, qui font rage depuis mars 2011, est parvenue à engendrer… sans que pour autant le monde s’en émeuve !
Comment ne pas être convaincu que la croyance ou la non-croyance dans les pouvoirs du Père Noël ne constitue vraiment pas en cette fin d’année le problème essentiel sur cette planète ? Un débat qui reflète la vacuité de notre époque !
(1) nouvelle recherche du Centre national pour les enfants dans la pauvreté (National Center for Children in Poverty, NCCP)
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Dans un océan de conneries, Trump a eu un mot que certains jugent malheureux, certes, mais jusqu’à quel point ?
Il y a certainement d’autres chats à fouetter, que de débattre de l’existence du père Noel. C’est du niveau des polémiques religieuses à propos du sexe des anges.
Je hais, je vomis, j’exècre ce mythe du père Noel, que l’on impose aux enfants.
C’est les initier dès leur plus jeune âge à la tromperie et à la fourberie, à l’hypocrisie, dont se font une spécialité les religions de tout poil.
Lorsque j’ai découvert, je devais, comme le petit étasunien, avoir à peu près sept ans, et j’avais déjà connu pas mal de circonstances pénibles, ( comme la faim ou les bombardements), ma déception s’est transformée en rage et en désolation, en découvrant que mon entourage m’avait trompé délibérément.
Je ne lui ai jamais pardonné, et ma confiance dans les adultes a été gravement compromise.
Sans vouloir traiter un enfant comme un adulte, abuser de sa confiance, et c’est bien là ce dont il s’agit, est une faute grave, irresponsable et impardonnable.
A l’heure où l’on commence à explorer la planète Mars et à sonder les profondeurs de l’Univers, on ne peut pas offrir des cadeaux aux enfants, sans faire intervenir un mythique personnage qui n’apporte pas grand chose à ce que les benêts bêlant appellent la « magie de Noel » ?
Le mythe du père Noel, avec quelques autres pernicieuses croyances, plus ou moins encore en vogue, se présente comme un ancêtre des « fake news » (pour les francophones : bobard ou fausse nouvelle).
Souvenir des Noel de mon enfance
» Cette année on ne fêtera pas Noël :
St Joseph est dans un Stalag ( dans la réalité, le pauvre, vu ses origines et sachant ce _ que l’on apprit par la suite, aurait séjourné dans un lieu encore bien pire ! ),
Marie tricote des couvertures pour les prisonniers,
les Anges sont dans la RAF,
le Petit Jésus est à Londres,
le bœuf est à Rome et l’âne à Berlin. «