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« Le premier qui dit la vérité se trouve toujours sacrifié »

Je n’ai personnellement jamais eu grandes affinités avec le chanteur Guy Béart dont les prises de position en dehors de son activité artistique ont été parfois discutables. On ne l’entend plus sur les ondes des radios car comme tant d’autres ses chansons déplaisent aux oreilles modernes avides de décibels ou de mièvreries rassurantes. Il existe pourtant une « rengaine » qui pourrait être reprise comme une illustration d’un nouveau concept social : «  la vérité » qui commence ainsi
« Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié 
D’abord on le tue 
Puis on s’habitue 
On lui coupe la langue on le dit fou à lier 
Après sans problèmes 
Parle le deuxième 
Le premier qui dit la vérité 
Il doit être exécuté. » 

On appelle désormais autrement ce « premier qui dit la vérité » puisqu’on le qualifié de « lanceur(ceuse) d’alerte » mais rien n’a pour autant vraiment changé : il(elle) doit être exécuté(e) car il a ouvert une brèche souvent trop large dans le monde des secrets d’un Etat, d’une entreprise, d’un groupe, d’un lobby ou d’un parti. Sauf s’il est journaliste (et encore il risque de plus en plus le pilori) ce « premier » qui alerte est désormais systématiquement exécuté socialement et paye très cher son audace.
Récemment, comme par le plus pur des hasards qui font bien les choses, deux aides-soignantes ayant témoigné sur les conditions déplorables d’accueil des personnes âgées dépendantes dans des EHPAD ont été licenciées et des plaintes déposées contre elles par leurs employeurs. Elles travaillaient dans des maisons de retraite privées. Ces aides-soignantes ont perdu leur travail, l’une d’elles est même visée par une plainte de son ex-employeur. Elles ont osé (c’est le verbe exact) dénoncer dans les médias les cadences infernales et les conditions de vie indignes des résidents. L’épidémiologiste Emmanuelle Amar avait avec cran et sérénité donné l’alerte après la naissance de sept enfants sans bras ou sans mains dans l’Ain entre 2009 et 2014 dans un rayon de 17 km autour d’un village est à son tour « tuée » légalement. Elle a reçu en guise de cadeau pour sa sagacité une lettre de licenciement de la direction du « registre des malformations en Rhône-Alpes » (Remera). Son licenciement avec celui de cinq autres collègues a certes été vite suspendu lundi après qu’il ait été annoncé sur RTL. Mais en fait le seul qualitatif de « suspendu » ne signifie nullement que la lettre initiale ne retrouvera pas toute son actualité dans quelques semaines puisque la date butoir était celle du 31 décembre prochain. Après… on utilisera une astuce de plus en plus répandue on se servira du « licenciement économique organisé » puisque l’ISERM et la célèbre région Rhône Alpes ont annoncé la suppression de 140 000 € de subventions rendant la vie de leur service totalement aléatoire. La vérité a un prix et le tribunal ne tranchera pas forcément en faveur des salarié(e)s car il suffira à la structure de bien boucler son dossier avant les Prud’hommes !
Pierre Vignon, le prêtre qui a lancé en août la pétition ( plus de 100.000 signatures) demandant la démission du Cardinal Barbarin qui aurait couvert les agressions sexuelles sur mineurs du Père Preynat vient d’apprendre à ses dépens que la grande muette n’était pas l’armée mais plus durement l’église. Courageux et tenace il a été informa par le mail suivant du responsable du l’officialité (sorte de tribunal ecclésiastique) : « Ils n’ont pas souhaité t’inclure dans ces nominations. Tu n’es donc plus juge de l’officialité à compter de ce jour. Il ne m’appartient pas de commenter leur décision ». Autant affirmer qu’il est viré pour avoir simplement demandé à la justice française de faire son travail sans préjuger de la sentence qu’elle prononcera ! Un nouvel exemple de l’actualité de la ritournelle de Guy Béart ! Ah ! J’oubliais de vous préciser que ces trois exemples récents se sont produit en France grande démocratie berceau des droits de l’Homme et du citoyen !
Souvent conduit à dénoncer des manquements aux droits fondamentaux des citoyen(ne)s, des scandales, des spoliations, des crimes 312 défenseurs des droits humains ont été tués en 2017 dans le monde. Un chiffre est en très nette progression ces dernières années.
« Combien d’hommes disparus qui un jour ont dit non . Allez pas grave nous sommes en démocratie et on peut encore chanter :
« Dans la mort propice 
Leurs corps s’évanouissent 
On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom 
Leurs mots qui demeurent 
Chantent « juste » à l’heure. 
L’inconnu a dit la vérité 
Il doit être exécuté. »

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Cet article a 2 commentaires

  1. puyo Martine

    Bien sûr dire la vérité c’est dérangeant.

  2. CRR

    et nous sommes en démocratie…euh…

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