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Atterissage bienvenu mais hors piste pour Notre-Dame des Landes

Il n’y a rien de pire pour un responsable politique français que de prendre une décision ! Ce n’est pas nouveau mais c’est de plus en plus difficile puisque aucun sujet ne suscite pas des oppositions plus ou moins organisées. Croire que trancher sur un sujet aussi polémique et manichéen que la construction de l’aéroport de Notre-Dame des Landes relève de la sinécure, c’est tout bonnement n’avoir aucune expérience de la vie publique. La notion de débat n’existe vraiment plus puisque actuellement les positions s’enkystent rapidement et ce sont deux blocs bardés de certitudes qui s’affrontent illico. La démocratie permet heureusement à des « minorités agissantes » de ne pas abandonner le pouvoir aux majorités parfois écrasantes mais peu lucides. L’annonce du renoncement à la construction d’un aéroport soulève donc des tempêtes médiatiques nées avec le vent de la désillusion ou les nuages de la trahison. Un constat simple s’impose : selon du coté où l’on se trouve au moment de la décision, les avis peuvent être extrêmement changeants. Ce comportement à géométrie variable conduit à un premier fiasco politique !
Ceux qui, durant des années, (par exemple un certain Jean-Marc Ayrault qui oublie qu’il fut Premier Ministre) ont eu la possibilité de trancher en faveur de la construction puisqu’ils détenaient les moyens de l’imposer ont maintenant des hauts le corps en constatant que d’autres ont eu le courage qu’ils n’ont pas eu. Le problème c’est qu’ils se sentent trahis. L’abandon de l’équipement qui vaut des couronnes de lauriers « verts » à celui qui l’a prononcé, est en effet le fruit de la réflexion des deux plus importants personnages de l’Etat qui… avaient publiquement annoncé qu’ils étaient pour l’aménagement ! On cherche encore vainement celui qui était contre l’aéroport mais qui serait brutalement hier devenu pour : un zadiste maso ! Il faut dépasser les effets de l’annonce pour se désoler de ce mic-mac épouvantable qui déshonore la République. Il y en aura (j’en suis certain!) qui, défenseurs de la vérité en marche, diront que seuls « les imbéciles ne changent pas d’avis » mais là il s’agit là de virages à 180 degrés, de reniements. N’empêche que la décision mène à un second fiasco démocratique.
Il y aura eu une consultation électorale favorable, des dizaines de décisions de justice favorables, de très nombreuses réunions institutionnelles avec des votes solennels favorables pur que l’on parvienne à une décision défavorable. Les électrices et les électeurs ayant voté en faveur de l’aéroport puis qui ont soutenu par leurs bulletins le Président actuel et ses députés peuvent rendre leur carte ! Les élu(e)s ayant respecté les processus délibératif n’ont plus aucune utilité et n’ont plus qu’à démissionner. Les juges administratifs sont légitimes à s’interroger sur l’intérêt de leurs sentences. Révélateur du fonctionnement actuel des institutions dans un pays où le sens des scrutins n’a plus de sens depuis le mépris sarkoziste ayant suivi le référendum sur le traité constitutionnel européen. Qui va respecter une procédure respectueuse des lois ? Comment expliquera-t-on que la démocratie représentative à encore une valeur ? Le mal est fait !
Il faut cependant reconnaître que face au monde du profit sous toutes ses formes omniprésent dans ce dossier de construction, les opposants n’avaient pas d’autres moyens de se faire entendre que ceux qu’ils ont utilisés. Une gigantesque gabegie financière comme la France en a la spécialité se profile. Des dizaines de millions d’€ ont été dilapidés en études, en contre-études, en estimations, en frais de justice, en mobilisation de personnels de l’État, en achat d’espaces désormais inutiles ce qui ne va pas améliorer la perception du contribuable sur la gestion des deniers publics. Se profile une contestation du contrat qui se terminera par une indemnisation amiable (350 millions) de l’entreprise ayant obtenu le contrat de construction putative. On constatera qu’il s’agit dans les faits d’un fiasco économique.
Il faudra alors se faire une raison autour de ce combat mené par des opposants courageux et lucides on trouve l’éternelle opposition entre le fric tout-puissant et la citoyenneté agissante. Une sorte de lutte entre le « pot » qui protège la terre qui l’a vu naître contre celui du « faire » d’une société de la surconsommation effrénée a été à jusqu’à son terme. Et pour ma part je me réjouis de la décsion ! Il reste maintenant à savoir si sur d’autres thèmes comme le mythe absurde des lignes à grande vitesse pour les privilégiés, comme sur celui de l’EPR, comme sur celui des autoroutes, comme sur le transport routier il faudra encore recommencer les mêmes affrontements pour parvenir à la même issue. La décision de Notre-Dame des Landes va faire une sorte de jurisprudence qui sera désormais maintes fois évoquée pour une déviation routière, une construction de bâtiment public, l’aménagement d’un lotissement ou d’un immeuble…
On va s’extasier sur le courage gouvernemental. On va enrager sur la volte-face des dirigeants. On va porter au pinâcle les contestataires. Dans le fond on passera à coté de l’essentiel : réformer d’urgence et en profondeur les procédures liées aux nécessaires aménagements structurants (concertation réelle avec des citoyen(ne)s et non pas avec des consommateur(trice)s désinformés, évaluations prospectives fiables, sécurisation juridiques, information réelle sur l’impact, décisions transparentes, garanties de l’État sur le suivi des procédures…). On a désormais le repère du 17 janvier 2018 mais rien ne dit que ce sera suffisant pour révolutionner le système.

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Cet article a 10 commentaires

  1. Philippe LABANSAT

    C’est notre mère, la Terre qui est heureuse aujourd’hui.
    Mais, d’ici quelques annés, nous tous, nous réjouirons de ce choix.
    Les Nantais se réjouiront d’avoir des agriculteurs, des maraichers à leurs portes pour les nourrir. On ne pourra pas éternellement faire venir la tomate d’Argentine, la courgette d’Afrique du Sud ou le kiwi de Nouvelle-Zélande. Sans le savoir, nous vivons dans l’incertitude permanente. Les grandes surfaces ne peuvent subvenir qu’à 3 jours d’approvisionnement. A partir du 4ème, c’est le début de la famine. Imaginons le moindre grain de sable dans les transports…
    Certains élus de tous bords commencent à prendre conscience de ce problème et constituent des réserves foncières périphériques à vocation agricole. Il est temps ! En France, c’est l’équivalent de la surface d’un département qui est artificialisé tous les 10 ans et donc perdu pour l’agriculture.
    A un moment aussi, et ça devient urgent, il faudra bien que le coût de la destruction de la planète soit intégré dans le prix des produits, alors que pour le moment on le cache encore sous le tapis.
    A moins que le dirigeants actuels n’aient pas l’ambition que l’humanité atteignent le 22ème siècle ? C’est vraiment l’impression qu’ils donnent.
    Mais, on peut se réjouir que des citoyens arrivent à leur faire changer d’avis, parce que nos princes ont tous les moyens d’imposer leurs choix, même les plus fous, en s’appuyant sur une démocratie, et donc un « État de droit », bien bancals…

    1. bernadette

      Pas tout à fait d’accord avec ton raisonnement sur les reserves foncières. Plus de souplesse permettrait d’avoir un autre champ d’etudes pour les agriculteurs. Ceci ressemble à une soviétisation des terres et je m’y oppose fermement. Il serait bien que chaque agriculteur soit convoqué pour une discussion préalable. Actuellement c’est la loi des zonages. Chaque agriculteur doit pouvoir faire ce qu’il veut de ses terres. Il peut même les classer en zone à construire.

  2. bernadette

    La Terre va pouvoir respirer. L’abandon du béton et du goudronnage intensif est devenu un enjeu sociétal considerable pour nourrir 67 millions d’habitants que compte notre pays.
    Vive la carottes nantaise…..

  3. Yvon BUGARET

    Cette décision prise par nos responsables politiques va devenir un gros boulet fixé à leurs pieds. Le non respect des résultats du Référendum est un déni de démocratie qui démobilisera encore plus les citoyens lors des prochaines consultations. Bientôt, nous paierons un péage pour rentrer dans Bordeaux et il ne faudra surtout rien dire. Mais où allons nous ?

    1. LABANSAT Philippe

      L’histoire des nuisances pour Nantes est risible, on l’a entendu même à « C’est dans l’air », c’est dire !
      Le trafic de Nantes, c’est 4 % de Roissy. Et puis, « …on ne sait pas ce que va devenir le coût du kérosène, les conséquences des accords sur le climat… » susurre un autre intervenant loin d’être un boutefeu. Alors, prolonger les courbes de croissance du trafic aérien, comme le font les suppôts de NDDL, rien de plus ridicule…
      Ensuite, concernant le référendum, on oublie souvent de dire qu’il n’était qu’indicatif pour les décideurs. Il ne s’impose pas à eux, pas plus que le rapport qui a été remis dernièrement au 1er ministre…

  4. faconjf

    Bonjour,
    une décision résumée dans un petit dessin humoristique du caricaturiste Piérick.
    3 technocrates dans un bureau, le premier dit; Option A on maintien l’aéroport et on casse la gueule aux Zadistes… Ils passent pour des martyrs. le second dit: Option B on abandonne l’aéroport et on casse la gueule aux Zadistes… Ils passent pour des fouteurs de merde. Le troisième dit : alors on fait quoi?
    Une décision difficile à prendre en effet, quand on tient compte du décès de Rémi Fraisse au barrage de Sivens…
    Évacuer toutes les ZAD et prévenir toutes réapparitions de ce genre de contestations est un enjeu qui méritait bien un (gros) sacrifice pour indemniser la multinationale Vinci. Une grosse communication à base de  » l’ordre républicain ne peut accepter AUCUNE zone de non-droit » et le tour est joué.
    Au jeu d’échecs c’est un Sacrifice (Perte volontaire de matériel (pion, pièce) en vue d’obtenir un avantage décisif ).
    Le sieur Collomb va pouvoir utiliser la force dans toutes les ZAD pour permettre aux premiers de cordée (les géants du BTP) de mener les pires projets en toute tranquillité. Pour les Zadistes de NDDL il s’agit bien d’une victoire à la Pyrrhus, enivrés par leur victoire ils vont se disperser et les derniers occupants seront évacués manu militari. Dans la foulée évacuation de toutes les ZAD ( Bure, Roybon et bientôt Europacity…) pour tuer au plus vite ces mouvements. Philippe Subra (universitaire spécialiste du sujet) indique : « Comme les autres opposants, les zadistes cherchent à obtenir l’abandon du projet d’aménagement ; mais ils poursuivent en même temps un autre objectif, moins immédiat et plus général : dénoncer et combattre la mondialisation libérale », ce qui les conduit à vouloir créer d’autres ZAD sur le territoire français, comme l’exprime le slogan « ZAD partout ».
    D’après Philippe Subra, contrairement aux « opposants classiques » « qui mènent une vie normale (un emploi, des enfants, des crédits, etc.) et ne sont entrés dans la lutte contre le projet qu’en raison de l’impact que celui-ci aura sur leur vie », « les zadistes sont dans leur majorité de jeunes militants ou sympathisants altermondialistes, peu insérés dans le monde du travail (ou ayant quitté volontairement leur emploi pour se consacrer au militantisme) ».
    Des militants d’un nouveau genre qui sont le cauchemar de l’oligarchie et dont il faut coute que coute se débarrasser.
    Salutations républicaines

    1. bernadette

      J’ai cru comprendre que les terres de la zad appartenaient aux diverses institutions de la République et que ces dernières allaient les mettre en vente. Donc les zadistes vont pouvoir acheter des lots?????.

  5. bernadette

    Il me semble que dans un pays democratique, l’information doit être mise au service de la population.
    Exemple : LGV Tours Bordeaux.
    Cette ligne à grande vitesse occupe un espace important et a englouti des forêts, des habitations etc…A cet effet le concessionnaire et les défenseurs de l’environnement ont demandé une offre compensatoire dans les communes alentours. Les propriétaires ont été convoqués sans trop savoir pourquoi par la chambre d’Agriculture, Safer etc… dans une salle des fêtes d’une commune. Curieux exposés. Tout cela pour faire une sorte de zone natura 2000 rebaptisée aujourd’hui.

  6. JJ Lalanne

    Les zadistes sont le retour des soixantuitards, hippies, retour à la terre, etc… Pour un vieux monsieur comme moi ce n’ est pas nouveau. La différence c’ est que le capitalisme s’ est adapté. Il suffit de voir les pubs des grandes surfaces en faveur du bio ou du produit localement… Les marges bénéficiaires qu’ il y font sont autrement plus alléchantes pour eux que dans les productions qui étaient traditionnellement leur domaine préféré. On ne peut opposer bio et grande distribution, c’ est elle qui en distribue le plus. Si les zadistes n’ existaient pas ils les créeraient tellement ça guide le consommateur vers les productions à forte plus-value. Quand au BTP non seulement il sera indemnisé mais en plus il aura des travaux en compensation. Des travaux plus des indemnités, pourquoi pleurerait-il sinon de façade? Pour eux moins de coups de pelleteuses et pas de soucis pendant que les représentants de la grande distribution sablent le champagne. Merci Macron. Le bonheur c’ est aussi pour le FN. Vous êtes assez grands pour comprendre pour quoi. Le malheur c’est pour les Nantais. Un aéroport avec ses nuisances aligné sur la ville qui va encore s’ agrandir. Jusqu’à quel drame? Simple réflexion car loin de moi l’ idée de soutenir l’ extension du transport aérien. Le paradoxe est que alors que l’ on fustige Trump sur ses positions au sujet de la lutte contre l’ aggravation du réchauffement climatique, on veut vendre un max d’ avions et d’ automobiles. Qui est le plus faux-cul, la grande gueule qu’ il est qui assume ses positions plus que douteuses ou les tartuffes pervers que nous sommes?

  7. J.J.

    C’est vrai, consultation LÉGALE mais non LÉGITIME ! (comme l’élection présidentielle)

    Le « panel » de consultés était trop réduit, les habitants de Loire Atlantique ne sont pas les seuls concernés. Une des nombreuses, voire innombrables maladresses.
    N’empêche que cet abandon, même si je m’en réjouis est un déni de démocratie.

    D’autre part, comme à Facon J F, cette décision me semble suspecte, me laisse dubitatif, je soupçonne les princes (de Machiavel) qui nous gouvernent de nous réserver je ne sais quel coup tordu. Ce n’est pas le genre d’individus à faire des cadeaux.
    Comme disaient les romains en parlant des grecs (à propos du Cheval de Troie) : « Timeo danaos et dona ferentes ».
    28 nivôse 226

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