Alain Juppé commence tout juste à mesurer l’ampleur de la tache qu’il a devant lui s’il veut être le candidat unique de la droite en 2017. Il cumule les handicaps et son parcours ressemblera à celui du combattant avec une impressionnante d’obstacles ou de chausse-trappes avec à l’arrivée un échec garanti. Il n’a pas en effet pris l’exacte mesure de la personnalité de celui qui se dresse sur son chemin. Lentement il va s’apercevoir qu’il a affaire à un pervers narcissique, prêt à tout pour revenir  sur le devant de la scène. Les personnalités hautement toxiques du genre de Nicolas Sarkozy se cachent sous ces différents masques durant un laps de temps très court. Une spécialiste a ainsi déterminé trente caractéristiques qui le permettent – sachant qu’elle qualifie de manipulateur un individu qui agit au moins selon 14 critères de cette liste -.Parmi eux : culpabilisation, critique et dévalorisation des autres, report de sa responsabilité sur eux, communication floue, changement fréquent d’opinions, mensonges, jalousie : le portrait de qui vous savez ! Et c’est tout ça qui attend Alain Juppé qui, comme il en a souvent l’habitude, a une haute idée de ses capacités intellectuelles devant lui permettre de se situer au-dessus de ces contingences strictement déraisonnables. Il fait fausse route car il va tomber rapidement de haut. « Le meilleur d’entre eux » selon Chirac,  a en effet face à lui un redoutable calculateur doublé d’un authentique manipulateur. L’homme est dangereux et surtout capable de tout !

D’abord il court un très grand risque qu’il ne peut pas éviter en laissant Sarkozy reprendre l’UMP détruite par la bombe à fragmentation des affaires. Sauf s’il a récupéré les copies de toutes les archives il peut s’attendre à ce que dès son arrivée dans les locaux du parti qu’il a ruiné, le « président-candidat-sauveur » s’arrange pour que l’on fasse de la place sur les étagères et dans les archives. Il va faire « plonger » les sous-traitants de l’affaire Bigmalion avec ses proches, tous anciens flics très connaisseurs des pratiques de désinformation. Leur patron est passé par le Ministère de l’Intérieur et ils y ont encore leurs réseaux qui alimenteront les journalistes tapis dans l’ombre du sarkozisme. Le « cadavre » de l’UMP doit absolument ne pas être autopsié ! Bien des gens ayant exploité l’UMP et qui auraient des comptes à rendre vont vite comprendre où se trouve leur intérêt. D’ailleurs le revenant a envoyé un signe fort en indiquant que, contrairement aux autres il allait tendre la sébile à ses fans qui effectueront un investissement pouvant se révéler rentable. Alain Juppé devra donc rapidement trouver des sponsors pour financer sa « campagne » quand son concurrent qui deviendra vite son ennemi, va vivre sur ses rentes.

Ensuite les sarkozistes « intégristes » ou « délirants » vont adhérer en masse (c’est parti!) pour s’assurer d’une confortable majorité dans l’UMP nouvelle formule. Ce que le maire désormais à temps très partiel de Bordeaux ne pourra pas empêcher c’est la mise en place de nouveaux statuts et de nouvelles instances nationales acquises à sa cause puisque l’opposition sera forcément éclatée entre Fillonnistes, « la droite dure », Juppéistes et éventuellement les Maritonistes ou les Bertrandiens. Le danger est réel de voir les fameuses primaires ouvertes de transformer en plébiscite fermé. La riposte de l’ex-premier ministre chiraquien ( « ce sera un point de conflit dur ») n’a pas tardé mais elle constitue un coup d’épée dans l’eau. Il aurait du vraiment se pencher sur ce qui s’est passé au…PS avec la désignation de Ségolène Royal obtenue par le biais des adhésions à tarif réduit des consommateurs de gondoles politiques dénuées de sens !

Enfin Juppé n’a pas mesuré la soif de revanche des sarkozistes qui ont considéré que la défaite de leur idole constituait une injustice insoutenable. Cette sorte de fanatisme est porté par le « bashing anti-Hollande ». Ils veulent voir leur idole écraser la vermine socialiste usurpatrice. Insensibles à la raison et aux arguments ils ne suivront jamais une alliance avec le centre et avec Bayrou qu’ils considèrent comme un traître. La France est revenue profondément à droite et donc elle reste insensible à une argumentation modérée. Plus on va taper à l’UMP sur Hollande et plus on éloignera Juppé de son rêve car plus on renforce Sarkozy. Là encore il let et il  a signé discrètement  un « armistice » acceptable avec les socialistes de son conseil municipal allant même parfois sur leurs positions (grand stade, tram…) afin de se donner une image de rassembleur tolérant dont il aura forcément besoin dans une primaire.

Quelle que soit la tactique du « rival du sauveur » elle se heurtera à l’évolution catastrophique des rapports des Français et des Français avec la politique. En fait on assistera dans les prochains mois au sketch de l’arroseur arrosé. Pour avoir laissé transformer les outrances des Estrosi, Morano, Hortefeux, Copé et autres aboyeurs en vérités il a ouvert la porte à ce sarkozisme approximatif, mensonger, dévalorisant, méprisant… mais qui plaît au peuple déboussolé. C’est trop tard. Sauf si les juges… vont plus vite que l’opinion !

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