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La multiplication des tables en vacances

Avez-vous remarqué que l’outil le plus utile et le plus populaire pour la période estivale s’appelle la table ! Elle est non seulement un élément indispensable des vacances réussies mais elle conditionne souvent le bilan que l’on effectue de ses congés. Certes il existe des centaines de solutions pour se mettre à table et toutes ont leur signification mais le choix du support du repas révèle la qualité des mois d’été selon un principe : « dis moi quelles tables tu fréquentes et je dirai qui tu es!  » . Dans un camping, dans un casino, dans une villa du Ferret, dans une cour de ferme, sur l’herbe du pré, sur le sable fin ou les galets d’une plage, sous une ombre bienfaisante ou sous un ciel étoilé la vie a toujours un parfum différent autour d’une table. Durant les journées grises on rêve justement de pouvoir s’attabler en toute liberté et surtout avec le sentiment de partager.

Celle du petit-déjeuner joue un rôle essentiel. Selon que vous soyez puissant ou misérable le café ou le thé n’ont pas la même valeur sur la table la plus basse, celle du sol devant la tente, sur celle en fer forgé du jardin face à la mer, sur celle d’un hôtel de luxe ou du bungalow loué dans un village de vacances. Le plaisir dépend surtout du détachement que l’on a à l’égard des principes affectés au repas. Glisser ses pieds encore engourdis par la nuit sous une table, voir le soleil se lever ou éclabousser les lieux car on a traîné ou tenté de récupérer d’une nuit trop courte suffit parfois au bonheur. Peu importe le décor ou les parures pourvu que l’on ait un support à sa tasse ou à son bol et que l’on puisse vaincre enfin la pression du temps. Bien évidemment si on est à l’air pur en tenue négligée et avec du bon pain frais apporté par une main bienveillante on ne s’intéresse pas trop à la qualité du mobilier. Le petit déjeuner nécessite de… petites tables voire même un simple plateau car il s’agit essentiellement d’un repas égoïste ou partagé en petit nombre. Il n’y a jamais de problème de choix. Il en va tout autrement à d’autres moments de la journée.

A midi selon la taille de la famille présente il est indispensable de sortir les rallonges ou, méthode beaucoup plus compliquée, de tenter de mettre des tables en enfilade alors qu’elles n’ont ni la même largeur, ni la même hauteur. On récite ses « tables de multiplications ».  Il arrive, drame pour les enfants, qu’ils soient relégués sur une annexe séparée les écartant des discussions des adultes mais leur permettant de faire à peu près n’importe quoi au nom de l’indépendance donnée par leur nouveau territoire. A midi la vraie préoccupation c’est celle de l’abri afin de se préserver de ce soleil tant attendu mais considéré comme nocif ou de cette satanée pluie qui fait des claquettes sur la toile cirée. Il y a la solution artificielle avec la pose de parasols qui nécessite un calcul savant, souvent réservé aux hommes, permettant d’évaluer la course de l’astre solaire. Le mieux c’est quand un vénérable tilleul offre une toile naturelle. Il est démontré que son ombre apaise, endort et autorise des siestes d’après déjeuner. La table nécessite alors bien des attentions car il est très rare que les racines permette une installation stable. Le calage avec des cailloux plats ou des débris de briques est en général complexe dès qu’il mobilise plusieurs « techniciens » en désaccord sur la méthode. L’agencement de cet espace de repas, chaises comprises, reste purement « utilitaire » sauf pour les grandes retrouvailles qui nécessite une détermination et une stratégie particulière. Quel que soit le lieu, camping ou maison, les « invités » posent problème car il nécessite un changement des habitudes et du placement car en été on s’attribue un poste réputé historique au fil des ans ! La bonne table de ferme charpentée, robuste, non déplaçable, avec bancs intégrés sur lesquels plusieurs générations ont usé leur short constitue un handicap dès que son contexte initial a changé puisque l’adaptabilité reste limitée ! Avoir recours aux « pliantes » requiert également un luxe de précaution afin d’éviter des doigts pincés, des montages instables. Les plus simples comme celles des campeurs donnent davantage de garanties . Elle permettent en toutes circonstances de s’installer pour casser un œuf dur mais pas nécessairement pour découper le poulet de la rôtisserie. La précarité d’installation a ses avantages mais elle génère aussi bien des accidents avec ses gobelets frondeurs et ses assiettes glisseuses surtout si la piste est en formica !

En fait le grand moment se situe en soirée quand on va donner du temps eu temps sous les étoiles. Le soir qui tombe ou la nuit favorise le partage. La table devient une agora où l’on échange ses souvenirs, ses joies ou ses peines sans trop se préoccuper sur la terrasse ou dans le pré des mets qui passe. Qu’elle soit ronde, ovale, ventrue ou carrée la table favorisera l’échange collectif dès que le rosé frais aura libéré la parole surtout si avant l’apéro a pris ses aises sur des tablettes adéquates. Par contre celles qui allongent leur maigreur sur plusieurs mètres étirent le dialogue en réduisant les possibilités d’échange. Une bouteille, dans cette configuration se vide à quatre alors que dans la précédente sa circulation permet une distribution plus générale. J’aime ces grandes retrouvailles avec des centaines de personnes rassemblées par un repas collectif qui mixe les intérêts, les idées, les goûts. Rien ne remplacera le coude à coude d’une grande bouffe !

Selon l’heure de fin des agapes, la table aura la garde des « cadavres » avant leur transfert vers un container à verre et les moineaux matinaux viendront picorer les miettes abandonnées à leur triste sort. Elle aime l’été pour ces changements, cette insouciance, ces moments de vie qui font le bonheur !

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Cette publication a un commentaire

  1. J.J.

    Après correction…..

    C’est ce qui s’appelle faire « Roue Libre « avec l’actualité.

    Bonnes vacances !

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