Orages : soigner toujours les effets et ignorer les causes…

pole-nord-1745307-jpg_1602800L’Homme tente depuis ses origines d’imposer sa loi à la nature et se lamente dès que celle-ci se révolte ou simplement poursuit son évolution. Il rêve de saison sans aucune aspérité, une sorte de climat lénifiant dans lequel il pourrait se contenter de laisser couler le temps. Le mythe de l’île paradisiaque sur laquelle il serait possible de passer des jours heureux en puisant dans son environnement le nécessaire à une vie dénuée de tous soucis hante tous les rêves. En fait, le paradis terrestre n’existe que pour celles et ceux qui sont capables de s’adapter à la nature, de l’apprivoiser, de l’apprécier sans vouloir la dominer, l’asservir ou la combattre. Or ils sont très, très rares, puisque toutes les civilisations modernes n’ont travaillé que pour dompter ces phénomènes, dans l’ordre naturel des choses mais incompatibles avec l’orgueil des humains. Tout serait possible face aux éléments, ce qui conduit souvent, au nom du progrès ou du confort, à provoquer de manière déraisonnable les causes de leur dérèglement que l’on regrette dès qu’ils arrivent. Les commentaires qui accompagnent de justes révoltes de la nature prennent alors une tournure dérisoire. On évoquent des « désastres », des « catastrophes », des « calamités »… pour les populations qui souvent sont les victimes expiatoires de méfaits commis par d’autres.
Le réchauffement climatique qui incontestablement rend le climat plus contrasté, plus violent, plus redoutable n’est-il pas, par exemple, la conséquence de l’inconscience ou de l’indifférence humaine ? Qui parle des causes des orages dévastateurs qui s’accumulent sur le territoire français présenté dans les manuels de géographie à l’ancienne comme la terre d’un climat tempéré ? Les chutes de grêle ont toujours existé. Les pluies diluviennes ne datent pas du XXIème siècle. Les périodes caniculaires se sont succédé dans l’histoire. Les chutes de neige abondantes ont coûté la vie à des milliers de personnes. Les avalanches, les raz de marée, les éruptions volcaniques, les séismes, appartiennent depuis l’origine à l’évolution de la planète. Ayant pris tous ces fléaux pour des punitions divines durant des siècles, les Hommes ne se sont jamais regimbés contre leurs conséquences. Et d’ailleurs, il existe des sociétés dans ce monde de la religiosité galopante pour qui cette attitude fataliste ou résignée est la seule réponse aux drames naturels. Il suffirait pourtant de rechercher un cheminement raisonnable pour constater qu’au départ il existe une attaque collective néfaste ayant provoqué le soubresaut de la nature. Lentement, nous sombrons dans l’affrontement musclé qui va provoquer des déflagrations de plus en plus tonitruantes mais, dans le fond, on attendra encore et toujours que les autres agissent pour nous éviter le désastre !
Au cœur de cet été mouvementé, un événement devrait faire la une de tous les magazines ou de tous les journaux : la fonte des glaces du Pôle nord prend une tournure angoissante. L’image est saisissante. L’emplacement exact du pôle Nord géographique de la Terre, où est installé une balise, est entouré depuis la mi-juillet d’un lac à cause de fortes températures. Si la fonte de la banquise du pôle Nord n’est pas un phénomène inhabituel en raison du réchauffement climatique, il prend cette année des proportions exceptionnelles. Et nous pleurons sur nos pluies diluviennes, nos orages musclés, nos vents tonitruants ou nos températures élevées ! Rien ne laissait présager cet indice de jours encore plus catastrophiques… durant lesquels les épisodes actuels ne seront que des allergies superficielles, car les températures enregistrées en avril étaient encourageantes et le mois avait connu un record de précipitations de neige. La situation a basculé à une vitesse effrayante en mai, obligeant par exemple les Russes à évacuer leur station polaire en raison de l’apparition de fissures dans la banquise. La situation n’a fait qu’empirer, allant jusqu’à installer au Pôle nord un… lac, en un mois. Et le pire est à venir. Selon les météorologues, la formation d’un cyclone arctique dans les prochains jours pourrait briser la glace et accélérer sa fonte. Certains scientifiques prévoient une disparition totale de la glace sur l’océan Arctique dès l’été 2020. On pourra alors faire des prières pour les autres, se révolter pour les autres, mais notre quotidien sera fortement impacté par ce phénomène.
Le «lac du pôle Nord» reste de son côté encore séparé de la mer par une couche relativement fine de glace. Celle-ci rétrécit inexorablement au cours des ans, ce qui laisse présager que le «lac» pourrait, dans quelques années, se confondre avec la mer. Les orages actuels ne sont pas le fruit de phénomènes naturels. Leur intensité, leur parcours, leur durée, leur récurrence devraient inquiéter au-delà des dégâts matériels qu’ils causent. Ils devraient être au centre d’un grand débat sur notre responsabilité individuelle et collective dans leur apparition, mais on ne peut pas compter les victimes, évaluer les dégâts, mesurer les profits (le malheur des uns…) et s’occuper de l’avenir.

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Cet article a 6 commentaires

  1. Eric Batistin

    Bien, donc nous sommes donc tous voués au même sort que les dinosaures.
    En attendant, puisque les puissants n’ont pas l’air de savoir lire, et n’engagent aucune action bénéfique à toutes et tous, ou fort peu, il nous reste à agir individuellement.
    Ce qui veut dire quoi ?
    Couper l’eau potable que j’utilise de trop en me lavant, ne pas acheter des fruits venus de trop loin pour économiser les effets néfastes du transport ou ne pas péter dans les ascenseurs mais prendre l’escalier pour gérer l’énergie dépensée…?
    J’économise l’eau potable, et mon cher voisin lave sa bagnole, merde !

    Le progrès, les avancées technologiques, les inventions de ces dernières années, celles que nous connaissons et celles que l’on nous cache sont extraordinaires.
    Toutes pourraient en quelques mois, si elles étaient mises en oeuvre d’un coup, changer radicalement le destin de toute l’humanité.

    Individuellement, la seule chose efficace à entreprendre n’est pas de couper les robinets, mais de croire qu’il est encore possible de lutter contre 1% de la population mondiale qui fout dans la panade les 99% restant.
    Ce ne sont que des hommes, et ils sont peu nombreux avec un pouvoir immense, celui que nous leur accordons…

    Stéphane Hessel et ses amis dorment, nous sommes vivants. Encore.

  2. Gilbert SOULET

    Ô rage, Ô désespoir!
    Toujours bien dit Jean-Marie et de plus quelques inconscients des dangers de la houle en mer méditerranée et des interdictions diffusées se sont noyés ce week-end sur les plages dont je suis originaire : l’Hérault!
    Je suivrai aussi la suggestion précédente de B. GILLERON avec le jardindeslivres.fr;

    Amicalement,
    Gilbert de Pertuis, porte du Luberon

  3. J-P REIX

    L’intéressante vidéo signalée par Bernard concernant la présentation du livre « Le grand dérèglement du climat de Art Bell et Whitley Strieber » termine en disant qu’il ne faut pas se culpabiliser, que nous n’y sommes pour rien !
    Cependant bien des scientifiques pensent que nous y sommes pour quelque chose, et certains voudraient même donner comme nom à notre époque : l’anthropocène, indiquant ainsi à quel point l’homme perturbe durablement la planète !
    Peut-être serait-il temps de moins consommer d’énergie, surtout celles qui sont pétrolières, probablement la seule solution pour cela serait d’augmenter leurs prix. Si ce n’est pas à titre curatif, ce pourrait-être au moins au titre du principe de précaution pour l’avenir de nos petits enfants !

  4. david

    les gouvernants se réunissent pour des sommets de la terre : Rio, Copenhague etc…mais ne croient pas un instant à ce qu’ils prônent. Tout ce qui les intéresse, c’est que leur pays exportent toujours plus, que les bagnoles de leurs usines se vendent encore plus, c’est de conclure des accords de libre échange, et laisser l’impunité totale aux destructeurs des forêts primaires en important de l’huile de palme, de ne pas agir contre le mensonge permanent de la grande distribution, de ne surtout pas éduquer les consommateurs sur la destructivité de cette mondialisation de pillards de mafieux et de fascisme écocide…Example d’imbécillité du social-libéralisme : l’Ayrault-port de Notre Dame des Landes : destruction d’hectares d’une zone humide pour la construction d’un aéroport, tout ça pourquoi ? Pour que des touristes aillent en vacances à grands frais environnemental par des compagnies d’aviation à bas coûts aux conditions de travail déplorables

  5. Bonsoir,
    On le sait depuis longtemps,toutes les espèces sont mortelles, y compris la nôtre, ce qui n’est pas très rassurant, mais inéluctable à très long terme.
    Comme le rappelle David Raup dans son livre « De l’extinction des espèces », il est vraisemblable que le nombre des espèces qui ont vécu un moment sur Terre et qui se sont succédé depuis près de quatre milliards d’années se situe entre cinq et cinquante milliards. On table en gros sur 1 espèce sur 1000 qui soit encore vivante, ce qui signifie qu’il y a déjà eu 99,9 % de disparitions.
    La leçon est dure à entendre : il faudra laisser la place à d’autres, c’est la règle, immuable, intangible, incontournable de l’évolution.
    On peut bien sûr chercher à rendre l’homme responsable du réchauffement climatique. C’est tellement plus rassurant de penser qu’en faisant quelques sacrifices dans nos modes de vie l’humanité sera sauvée…
    C’est oublier un peu vite les catastrophes à répétition qui ont meublé les quatre milliards d’années de l’apparition de la vie sur notre planète. Si l’on prend en compte l’avis du paléobiologiste Canadien Dale Russell au sujet de la fin des dinosaures à la fin du Crétacé (il y a 65 millions d’années) : « L’évolution des dinosaures carnivores s’acheminait vers une créature bipède, agile, dotée de membres antérieurs préhensibles, d’une vision stéréoscopique et d’une intelligence s’apparentant à celle des mammifères modernes. S’ils avaient vécu plus longtemps, peut-être se seraient-ils acclimatés comme les oiseaux ? Où cette évolution les aurait-elle menés ? Le champ est ouvert à la spéculation… mais ne pourrait-on pas imaginer un saurien ayant à peu près les caractéristiques suivantes : taille : 2 mètres ; poids : 75 kg ; signes particuliers : se tient debout et est doté d’un cerveau et d’une capacité de préhension qui lui permettent de modifier son environnement selon ses besoins. ». Les mammifères, dont nous sommes les descendants, auraient-ils survécus à de telles créatures ????
    Bon ben avec toutes ces considérations j’ai réussi à me faire peur … Heureusement que TF1 diffuse les experts.!
    bonne soirée

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