Demain, vous devriez avoir droit à la 1000° chronique de « Roue libre », le blog qui a remplacé celui lancé il y aura 8 ans et qui s’intitulait « L’Autre quotidien »… Au total j’aurai écrit, depuis le jour où mon fils m’a invité à me lancer dans cette aventure, plus de 2 900 textes différents, publiés et commentés avec plus ou moins de motivation par des lectrices et des lecteurs fidèles ou de passage. L’aventure, car il s’agit d’une aventure, très souvent nocturne ou très matinale, a été parfois palpitante ou déprimante, mais elle a toujours participé à mon équilibre personnel car je reste persuadé que sans soupape de sécurité, la pression médiatique et institutionnelle constante conduit à une dangereuse passivité personnelle. A partir du moment où on renonce à être soi-même, en se cachant dans la forêt rassurante, à l’ombre des idées reçues, je crains que l’on ne devienne qu’un pion sur une échiquier manipulé par d’autres. J’ai donc écrit absolument chaque mot et chaque ligne de « Roue Libre ». Je n’ai ni « nègre » à tweets, ni « doublure », ni souffleur et pas davantage de mentor, contrairement à la quasi-totalité des fameux blogs de grands élus, qui sont gérés par des écrivains de boîte de com ou par des chargés de com salariés efficaces.
Ces 1 000 textes doivent beaucoup aux splendides chroniques hebdomadaires de Sud Ouest Dimanche, écrites par Jean-Claude Guillebaud, un excellent journaliste sachant s’élever au-dessus des faits pour les mettre en perspective. Je suis un inconditionnel de ses « analyses» et je suis de ceux qui pensent qu’il remplacerait avantageusement ses collègues qui pavanent systématiquement sur les plateaux artificiels des télévisions pour abreuver la foule de certitudes débiles au nom d’un savoir simplificateur et superficiel. Ce n’est pas pour rien qu’en débutant, j’avais choisi une phrase extraite de l’un de ses textes : « L’opinion dominante c’est une vapeur que l’on respire. Une intoxication indolore ». Plus que jamais, je partage cet avis et je suis de plus en plus inquiet en constatant que les masques pouvant éviter cette mort lente de l’information citoyenne et populaire, ont été relégués au placard de l’histoire.
1 000 chroniques en « Roue libre » ne peuvent vraiment pas être égales en intérêt ou en qualité, surtout quand elles sont conçues au cœur de le nuit avec de longues heures antérieures de présence sur le terrain. C’est justement leur imperfection qui peuvent constituer leur avantage par rapport à bien d’autres écrits, car elles contraignent à réagir ou à agir. Et c’est là l’objectif primordial : éveiller, réveiller, interroger, choquer même, mais ne jamais être incolores, inodores et sans saveur au nom de la seule chose qui n’existe pas : l’objectivité ! Et donc ces 1 000 chroniques se veulent personnelles et bâties selon des logiques qui sont les miennes ? Je l’assume et je le revendique haut et fort. D’ailleurs, c’est le principal reproche que je reçois.
1 000 chroniques c’est avant tout beaucoup d’ennemis parmi celles et ceux qui pensent que l’amitié n’existe que dans le renoncement (un autre) à être soi-même. Peu de remarques ouvertes mais des commentaires indirects acides ou désolants. Conseils de modération permanents, peurs pour une carrière que je n’ai jamais vraiment programmée, incitation à rester dans le créneau ordinaire d’un blog décrivant une action et non pas des passions, mise en cause des contenus (rarement par écrit mais souvent oralement!) et menaces réelles après certaines chroniques. A de nombreuses reprises, il m’a été demandé par le biais d’émissaires me voulant du bien d’arrêter ou tout au moins de modérer mes propos, au nom de la « solidarité » politique ou de « clan ». C’est ainsi, et c’est vrai qu’à plusieurs reprises j’ai éprouvé la tentation de me mettre en retrait, mais chaque soir, l’envie est plus forte que le « désenchantement »… C’est une rude épreuve pour la volonté que celle d’écrire quotidiennement, mais ça permet de tenir le coup, alors que souvent dans la journée on a interprété le « rôle » que les autres vous demandent de jouer. Dans un contexte de la rareté du temps libre et de la perte de l’acte de lire pour s’informer, « Roue Libre » comme « L’Autre Quotidien » ressemble, pour des journalistes professionnels, à une « dissertation » et des « digressions ». C’est ainsi, il faut savoir rester à sa place, mais je pense que sans mandat public je serais souvent encore plus sévère.
1 000 chroniques c’est aussi une merveilleuse expérience humaine. Sans elles, je n’aurais jamais lié des liens sincères avec des gens de tout le pays et même à l’étranger, qui ont fini par devenir des « amis » moins virtuels que ceux que l’on croit avoir sur facebook, trop narcissique. Certain(e)s se reconnaîtront. Sans le blog nous n’aurions pas les échanges francs, riches et divers qui sont les nôtres. Je suis parfois inquiet quand durant plusieurs jours ils ne commentent pas ou ne passent pas sur une chronique. Malades ? Déçus ? Absents ? Lassés ? Je cherche les raisons qui font que l’écho ne me revienne pas, puisque chaque texte est une « bouteille » lancée dans le vaste océan d’internet et des réseaux sociaux. Si vous ouvrez, que vous trouvez le temps de lire ce millième message avec un brin d’intérêt, c’est une joie profonde pour l’instituteur que je resterai jusqu’au bout ! Je n’ai jamsis été un « désenchanté de la politique » mais simplement quelqu’un qui voudrait la voir vivre différemment et qui se bat souvent à contre courant pour qu’elle ne poursuivre pas sa route vers le précipice du populisme.
En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian
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j’aprécie vos chroniques ………en espérant lire les 1000 chroniques à venir………….
Je n’ai pas manqué une seule de tes chroniques depuis le jour de 2007 où un ami bien intentionné (et non identifié) me les a fait connaître pour la première fois. Je les ai toujours lues avec le même intérêt, je ne m’en suis jamais lassée, et je continuerai de les lire tant que tu en écriras – longtemps encore, j’espère.
Merci d’écrire si bien ce que nous sommes si nombreux à penser.
Monsieur Darmian,
je ne citerai ici qu’une partie de vos nombreuses fonctions et distinctions, mais pas les moindres:
« Jean-Marie Darmian est commandeur dans l’Ordre des Palmes académiques (2002), chevalier dans l’ordre national du Mérite (1998) et chevalier de la légion d’Honneur (2013) »
Pourquoi fais-je ceci ?
Chaque jour je suis vos aventures au sein de l’appareil politique, avec votre façon particulière de ne rien épargner à vos propres convictions, la mise en péril par le doute qui vous éteint parfois, et quand cela est possible, une forme littéraire à en inventer un nouveau genre: la prose poétique politique !
Votre chronique journalière n’a au fond qu’un et un seul sens pour moi, et d’autres surement: croire encore que l’humanité, dans ce qu’elle a de plus noble, est en marche.
La définition de la noblesse, celle de l’esprit , me parait être la suivante:
mettre en accord irréprochablement sa pensée et ses actes.
Votre pensée est librement diffusée, vos actes sont vérifiables.
Voici pourquoi vos distinctions honorifiques prennent toute leur véritable valeur.
Non pas par ce que vous devez à cette gloire d’avoir été choisi ,
mais par le sens que vous redonnez à ces distinctions,
par l’exemple que vous offrez chaque jour
de ce qu’elle devraient toujours récompenser !
Monsieur, votre combat journalier contre l’obscurantisme fait de nous des républicains, au sens premier qu’il nous a été donné de rêver depuis le siècle des Lumières.
Ainsi j’aurais pu enfin vous dire comment vos écrits sont indispensables à l’espoir.
Et l’espoir à la bonne intelligence entre êtres humains !
Monsieur… encore un mot… Merci ?!
Je n’ai pas manqué souvent la lecture de tes chroniques variées , toujours intéressantes depuis le départ de tes écrits. Elles sont devenues naturelles et souvent relues quand je suis plus interressée. Je souhaite que tu puisses poursuivre très longtemps <Roue libre afin de nous faire découvrir tant de choses qui ne nous grandiraient pas .Merci Jean Marie, pour tout ce temps donné pour les autres.
..POUR RECEVOIR, il faut savoir donner ! cette distinction qui arrive est hautement mérité et tes Amis sont heureux et fiers pour toi et tous tes proches .
Bonjour Jean-Marie depuis Pertuis, Porte du Luberon
1000 chroniques en Roue libre me font imager ton lien avec le 100e tour de France et la nouvelle cocarde tricolore : Christophe RIBLON.
C’est léger, d’accord, mais te lire est toujours un plaisir.
Gilbert SOULET
Lorsque j’ai découvert par hasard « l’Autre Quotidien », j’ai pensé être tombé sur la chronique d’un journal rédigé par des professionnels, des professionnels solides et efficaces, un vrai journal d’information : critique, objectif, et, il faut bien le dire, exprimant souvent des opinions que je partage.
J’y ai découvert également des informations du plus haut interêt, et l’expérience d’un homme qui côtoie la « Chose Publique », la res publica des romains…
J’ai découvert ensuite (la Morale dans les Chaussettes) que nous avions quelques références communes.
J’ai eu le plaisir de déguster également, selon les sujets, des textes d’une grande qualité littéraire et d’une grande sensibilité.
Tous les matins, en ouvrant mes étranges lucarnes informatiques, Roue Libre est ma première destination, parfois précédé par mon épouse qui a déja lu le sujet du jour et qui apprécie autant que moi le texte et son auteur….
Je vous suis Jean-Marie depuis 2005, je suis davantage lecteur que commentateur de vos chroniques, mais soyez certain que je ne pourrai me passer de votre blog, je lis chaque jour vos textes en sirotant un petit café bien mérité… ou pas!
Vous êtes un homme que j’estime, et je suis heureux de vous avoir « rencontré », contact uniquement virtuel mais avant tout intellectuel et humain.
Merci pour toutes ces années de partage!
Bonsoir et merci pour vos chroniques si pertinentes. J’ai découvert votre blog par pur hasard et si je reste parfois silencieux ( même si le clavier me démange) c’est pour éviter d’envahir votre espace.
Je nous souhaite encore le plaisir de lire des milliers de billets écrits de votre main.
Salutations amicales de l’Ain
Je vous lis tous les jours et j’ai souvent envie de vous dire combien vos écrits me confortent dans mes idées! mais comme la personne précédente, je ne veux pas forcément encombrer votre espace.Je vis mon expérience de la politique locale comme vous, c’est à dire au service des autres et finalement je pense que ça vient aussi du métier que j’ai exercé pendant 40 ans (Infirmière).Surtout ne vous arrêtez pas d’écrire, vos « coups de geules » me font un bien fou!
Merci MF