Il semble que les lignes bougent et que demain, les grands pays qui croient encore faire la pluie et le beau temps sur la planète, seront au minimum entrés dans une période de doute… sur l’efficacité de la rigueur (pour ne pas dire austérité!) appliquée à la gestion des États. Bien entendu, aucun de ces gens qui sont réputés savoir compter mais qui ne comptent pas vraiment, n’avouera tout de go que sa politique conduit à la destruction du système libéral basé sur la surconsommation. Et pourtant… c’est inexorable si on continue à considérer que le niveau des déficits budgétaires strictement théoriques sont la référence d’une véritable qualité de vie collective. L’humain broyé par le profit ne tiendra pas longtemps sous cette pression artificielle des comptes en banque.
Les effets d’annonce sur le pourcentage de déficit budgétaire tombent à plat dans l’opinion publique internationale. On savait que les débats des ministres des finances et des gouverneurs de banques centrales du G20, réunis à Moscou le 15 et le 16 février, porteraient sur les moyens de faire repartir une croissance pour l’heure anémique, et qu’ils opposeraient les tenants d’un assouplissement des politiques de rigueur aux partisans d’un assainissement rapide des déficits et des dettes. Et bien évidemment, le fossé se creuse entre les défenseurs du monde économique esclavagiste et celles et ceux qui tentent d’expliquer que les causes de la crise reposent sur le système lui-même !
Obama a vu passer le boulet, et les États-Unis souhaitent maintenant se ranger au côté de l’Europe, qui veut désormais ralentir les restrictions budgétaires et la réduction de la dette pour éviter d’étouffer la croissance. Il est vrai que les USA ont absolument besoin de soulager le poids de leur déséquilibre budgétaire et de franchir le fameux « mur » qui se dresse devant eux. Ils demandent la modification des objectifs fixés au G20 de Toronto en 2010 qui prévoyaient la réduction de moitié des déficits publics d’ici 2013 et le début du dégonflement de la dette à partir de 2016. On est loin des objectifs antérieurs, et surtout des niveaux fixés par les décisions imposées par le FMI… Avez-vous entendu parler des déclarations d’Obama dans les médias français ? Et pourtant ce serait très instructif !
Le président des États- Unis, Barack Obama, a appelé cette semaine le Congrès à ajourner des coupes budgétaires massives sur le court terme, soulignant que les politiques budgétaires du gouvernement auront un impact sur la croissance économique. Des coupes budgétaires gouvernementales draconiennes entraîneront un manque à gagner en création d’emplois et ralentiront le rythme de la croissance économique, a déclaré le Président des USA lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche. « Nous ne pouvons pas couper notre voie d’accès à la prospérité », a-t-il déclaré aux journalistes. Obama a donc demandé au Congrès de reporter les coupes dans le budget fédéral prévues pour le 1er mars, soulignant l’importance d’une politique budgétaire gouvernementale équilibrée pour renforcer la croissance économique. Environ 85 milliards de dollars de coupes budgétaires doivent entrer en vigueur avec le début du nouvel exercice budgétaire le 1er mars, affectant de nombreux départements gouvernementaux, conformément à l’accord formé en janvier entre les partis Démocrate et Républicain, pour éviter le « mur budgétaire ». Il a déclaré que le pays progressait pour parvenir aux 4 000 milliards de dollars de réduction du déficit budgétaire sur la prochaine décennie, mais qu’une partie de cette réduction des déficits devait provenir de réformes fiscales. Pour l’instant, cette tendance est violemment combattue par l’Allemagne qui profite, elle, de la maigre croissance des autres, et qui parle de « laxisme ». La réunion du G20 a donc tourné à un affrontement entre Chinois et Allemands « profiteurs », et le reste du monde qui n’arrive pas à se sortir de l’ornière de la récession.
La plus grande partie des pays du G20 sont donc exaspérés par les excédents commerciaux de l’Allemagne et de la Chine qui déséquilibrent les économies de leurs partenaires. Le communiqué final propose seulement de rechercher à « minimiser les conséquences négatives sur les autres pays de politiques menées à des fins domestiques ». Certes, la « guerre des monnaies » est un terme « très exagéré » comme l’a souligné Christine Lagarde, la directrice générale du FMI . Mais c’est indiscutable, le Japon et les États-Unis ne se gênent pas et cherchent par tous les moyens à tirer sur le dollar et sur le yen afin d’augmenter leurs exportations, pour éradiquer le chômage chez eux au détriment de l’Europe !
Conformément au vœu exprimé le 12 février par le G7, les vingt ministres des finances ont proclamé, la bouche en cœur, qu’ils « s’abstiendront de pratiquer la dévaluation compétitive », qu’ils ne manipuleront pas leur taux de change « pour améliorer leur compétitivité » et qu’ils « résisteront à toutes formes de protectionnisme ». On peut toujours y croire !
Autre nouveauté, le G20 Finances a entériné le rapport de l’OCDE, qui appelait à combattre l’évasion fiscale des multinationales. Les ministres se sont dit « déterminés à mettre sur pied des mesures destinées à lutter contre l’érosion de la base d’imposition et le transfert des profits, et à prendre les mesures nécessaires » sur la base du rapport que l’OCDE leur présentera au mois de juillet. C’est beau comme un conte de fées… puisque dès qu’ils auront quitté Moscou, les ministres auront perdu la mémoire !
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Il faut lire : « C’est beau comme un compte de faits, 4 000 000 000 000 U.S.$ de déficit. » Mais en euro, cela fait beaucoup moins…
Prospérité pour les uns, austérité pour les autres. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. En vomissement pour ma part !