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Mon unique minute rugby…

Je n’ai que très brièvement pratiqué le rugby. Une carrière qui s’est résumée en une minute sur le terrain mérignacais du Jard. Ce devait être en 1964 soit il y a soixante ans. Au sein de l’école normale d’instituteurs des la Gironde il y avait une compétition organisé par les professeurs d’éducation physique : des matches entre promotion ! Un tirage au sort débouchaient sur des demi-finales après tirage au sort et bien évidemment une finale en rugby et en football. Il faut savoir que les élèves de première année (les pointus) avaient en général quatre ans de moins que les FP (formation professionnelle) ce qui donnaient des affrontements disproportionnés. N’empêche que nul ne rechignait au combat et l’émulation était forte pour figurer dans l’équipe de sa promo.

Je me retrouvais donc par un jeudi froid de janvier 1964 promu trois-quart aile droit de la formation de rugby des « Pointus ». Je n’avais jais joué le moindre match et j’avais peut-être consacré en tout et pour tout quelques minutes au ballon ovale sur l’ancien stade créonnais où nous allions après la cantine pour construire des équipes éphémères de football. Le Directeur du collège originaire de « Cazèrrrrrres sur Adourrrr » souffrait du fait que nous ne connaissions pas le « plus noble et le plus formateur des sports ». Alors de temps en temps, il amenait un ballon et invitait quelques élèves à apprendre à se le passer d’un bout à l’autre du terrain.

« Pour être un vrai joueur de rugby expliquait-il il faut être capable de ramasser la beuchigue au sol, en courant d’une main et sans tomber ou de la recevoir sur un coup de pied sans qu’elle vous échappe  ! » Mon expérience se limitait donc à cet exercice qui c’est vrai nécessitait une certain équilibre et de coordination des gestes. J’avais donc fini par convaincre les « sélectionneurs » ayant bien du mal à trouver des volontaires pour constituer leur quinze de départ, de mes capacités à courir le long de la ligne blanche lorsque la balle arriverait jusqu’à moi. J’en éprouvais une légitime fierté !

Devant il y avait une demi-douzaine de costauds que nous pensions suffisamment aguerris pour lutter avec des pensionnaires de quatrième année n’ayant pas pour seul atout le poids de leur expérience. Quelques entraînements autogérés (déjà) et rugbymen authentiques et footeux reconvertis se retrouvèrent sur le morne champ de bataille du Jard. Je m‘étais échauffé, étiré, réchauffé, concentré et avait participé à la promesse de « mourir » au combat. J’avais froid mais peu importe. Je me sortirai bien des quelques actions sur lesquelles je serais impliqué !

Un toss gagnant permit à l’équipe adverse de donner la coup d’envoi. Le ballon s’éleva dans les airs et il avait visiblement l’intention de venir au minimum dans ma direction et au mieux dans mes bras. Je le fixais en repensant la aussi aux cours initiatiques de Camille Gourdon : «n’écartez pas les mais, formez un panier et allez vers lui ! » En quelques fractions de secondes le regard toujours fixé sur la beuchigue qui se rapprochait. Elle était pour moi. J’en étais certain. Elle le fut !

Lancé comme une bombe, trois-quart aile de la fameuse équipe de l’U.A. Libourne, dur comme une pierre d’un torrent mon vis à vis me cueillit de plein fouet au moment où je me pensais le maître du monde d’Ovalie. Il y avait une sacrée différence entre la théorie de réception d’un ballon et la réalité de l’effectuer dans un match. Je ne vis que des étoiles dans le ciel gris de Mérignac. La serviette réputée magique ne put rien pour moi. On m’assit contre un poteau blanc de la main courante. Le professeur d’éducation physique décida que je ne devais pas retourner sur le terrain ; Ma carrière s’arrêta là. Je n’ai en effet jamais retouché un ballon ovale.

Les copains livrèrent une bataille homérique. Bernard, Serge, une ribambelle d’Alain, André et les autres résistèrent avec une énergie décuplée par ma mésaventure. Il y eut plusieurs explications musclées dans cette demi-finale comme dans l’autre. Le Directeur de l’EN informé de ces manquements aux règles de l’éthique sportive décida de supprimer les tournois inter-promos. Je ne suis qu’un spectateur assidu du rugby et j’avoue y prendre du plaisir. N’empêche que je ne peux pas m’empêcher sur toutes les « chandelles », de plus en plus utilisées dans les matchs actuels, de craindre pour celui qui se précipite en regardant le ballon dans les airs. C’est plus fort que moi. Mais j’ai été, je reste et je resterai un simple pousse-citrouille !

NB : je commence à m’éloigner de la crève

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Cet article a 6 commentaires

  1. J.J.

    « NB : je commence à m’éloigner de la crève » Bonne nouvelle !

  2. Philippe CONCHOU

    Ça me rappelle les matchs prof-eleves au lycée où les plus vicieux ne pensaient qu’à mettre quelques « caramels » vengeurs…

  3. J.J.

    On n’est pas toujours bien récompensé de sa bonne volonté dans ce genre d’entreprise : c’était il y a bien longtemps, faute de trouver un partenaire pour compléter l’équipe parents d’élèves contre élèves à la fête du collège, je me suis « courageusement » porté volontaire pour l’équipe de volley, sport que je n’ai pas plus pratiqué qu’un autre (à part la course à pied ou d’orientation).
    Nous avons évidemment perdu, mais mes enfants, suivant l’exemple de leur mère, qui m’a rarement fait grâce d’un commentaire désobligeant, m’ont accusé, par mon inexpérience et ma maladresse d’avoir fait perdre mon équipe. Ça fait toujours plaisir.
    De quoi refroidir les initiatives courageuses.

  4. Alain.e

    Le rugby , j’ ai du jouer cinq minutes de toute ma vie , après un vilain plaquage , ma tête a tapé le sol , et j’ ai vu trente six chandelles , mais sans Jean Nohain .
    Pas de protocole commotion au collège , mais petite perte de connaissance et radio à l’ hôpital de Libourne .
    Les filles s’ inquiétaient pour moi, et c’ était agréable d’ être le centre du monde pour un court instant .
    Le foot m’ a ouvert ses bras , en l’ occurrence , ses pieds pour quelques entorses , mais ça l’ a fait .
    Cordialement.

  5. faconjf

    Bonsoir,
    celui que le mon dentier du rugby nous envie!! Une bagarre éclate entre rugbymen pendant la soirée cohésion dans un bar : l’ex-joueur de l’US Carcassonne Pierre Pagès mordu à la joue par un coéquipier. Le demi de mêlée, âgé de 34 ans, a dû être transporté à l’hôpital et son partenaire a été placé en garde à vue, a déclaré à l’AFP une source policière, confirmant une information de la radio Ici Pays Basque.
    Selon le quotidien Sud Ouest, les faits se sont produits aux alentours de 02H00 du matin « sur fond d’alcoolisation sévère ». La soirée, à laquelle participaient plusieurs joueurs, se déroulait dans une guinguette d’Anglet (Pyrénées-Atlantiques) où était programmée une soirée salsa, alors que la ProD2 fait relâche jusqu’au 6 février.
    Voila une nouvelle qui ne manque pas de mordant, on ne sait pas si le joueur avait une dent contre le demi de mêlée. l’affaire risque de se démêler au pénal en attendant, le BO a annoncé l’ouverture d’une enquête interne. « Des sanctions appropriées seront prises », a ajouté le club basque.
    Vive le sport et les troisièmes mi-temps hydrauliques, on appelle ça une soirée saignante, le port de la muselière est recommandé.

    1. faconjf

      Biarritz Olympique (BO) j’avais omis de le préciser.

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