Il n’y a pas que deux menaces de « dettes » sur la France. Celle qui a trait au montant des engagements d’emprunt préoccupe actuellement le mode politique et c’est probablement la moins préoccupante. Beaucoup pensent que celle qui concerne l’écologie devrait prendre le pas sur toutes les autres considérations. En fait notre avenir dépend beaucoup de la capacité des élites à répondre aux défis de la transition indispensable pour préserver une planète surexploitée. Ce ne sont pas les comportements des députés depuis le début de la session qui peuvent rassurer sur la capacité de la démocratie représentative à proposer des solutions efficientes sur les deux sujets. Irrationalité, obscurantisme, hypocrisie, clientélisme, débandade idéologique, absentéisme massif : ce qui n’est même plus un spectacle devient désespérant. Aucune réflexion de fond puisque désormais nous sommes dans l’approximatif médiatique outrancier.
La seule véritable dette qui devrait servir de socle aux prises de positions réalistes et utiles concerne la démographie. Elle conditionnera à moyen terme le devenir des générations montantes. Dans un article publié sur l’Express le chercheur américain Nicholas Eberstadt alerte sur l’évolution de la population mondiale qui selon lui constitue une catastrophe sociale, sociétale et économique inexorable. Il débute l’un de ses articles par ce constat : pour la première fois depuis la peste noire dans les années 1300, la population mondiale va diminuer. » Ce n’est pas une prophétie mais purement et simplement un constat d’une réalité que personne ne souhaite analyser. « La fécondité mondiale a chuté depuis l’explosion démographique des années 1960, l’accélération de ce phénomène ces dix dernières années est spectaculaire. Et n’épargne quasiment plus aucune région du monde. Peu importe le niveau d’éducation ou de richesse des pays(…) » ajoute-t-il.
Le phénomène est amorcé en France. Le bilan démographique pour l’année 2023 publié par l’Insee aurait dû interroger les « politiques » sur leurs prises de position : le nombre des naissances a baissé de 6,6 % par rapport à 2022. Rien de circonstanciel dans cette statistique. Concrètement, 678 000 bébés sont nés en France l’an dernier, soit près de 20 % de moins qu’en 2010, année du dernier pic des naissances. Et le taux de fécondité des femmes dégringole à 1,68 enfant par femme (contre 1,79 l’année précédente). Depuis la Seconde Guerre mondiale, cet indicateur n’a jamais été aussi bas, hormis en 1993 et 1994. La baisse est ininterrompue depuis dix-huit mois, et est même continue depuis 2011, avec un seul rebond en 2021 après les confinements liés au Covid-19.
Il faut ajouter à cette décroissance du nombre de nouveau-nés le fait qu’en 2023 seulement 631 000 personnes sont décédées en France, soit 6,5 % de moins qu’en 2022, notamment en raison de l’absence de vague épidémique de Sars-CoV-2 ou de grippe saisonnière meurtrière. L’allongement de la durée de vie représente actuellement la seule référence permettant de maintenir un solde de population positif. On assiste aussi à une explosion générale du nombre de « très-vieux » (les 80 ans et plus), ce qui bouleversera très vite nos modes de vie et les structures familiales. Nos finances publiques aussi…car la prise en charge de la dépendance liée au grand âge n’est absolument pas réglée.
Les politiques actuels restent sur des schémas de pensée déconnectés de ce « nouvel ordre démographique ». La « dette » qui découlera de cette mutation va s’accroire très rapidement. Tous les penseurs se tournent vers la jeunesse et cherchent par tous les moyens de lui apporter le maximum de perspectives d’avenir. Par exemple le nombre d’enfants scolarisés baisse et continuera à baisser dans les dix ans à venir. Le nombre d’élèves dans le premier degré s’établirait à 6 273 000 à la rentrée 2024, en baisse de 66 900 élèves après une diminution de 82 900 élèves observée entre les rentrées 2022 et 2023.
Ce phénomène devrait se poursuivre aux rentrées suivantes, pour atteindre un effectif prévisionnel de 5 993 100 élèves à la rentrée 2028, soit 346 800 élèves de moins qu’à la rentrée 2023. La baisse des effectifs pour les rentrées 2024 à 2028 concernerait à la fois le niveau préélémentaire et le niveau élémentaire, que ce soit dans le secteur public ou privé sous contrat. Cette prévision résulte essentiellement des évolutions démographiques, avec des générations d’élèves de moins en moins nombreuses. Quid du nombre d’enseignants ? Quid des équipements construits ou à construire ? Et ce n’est qu’un aspect des mutations à venir.
Le chercheur américain résume ainsi la situation : « Vous savez, il y a de nombreuses menaces qui pèsent sur l’humanité actuellement. Elles ont toujours été là et le seront encore à l’avenir. Mais je crois que l’idée même que des êtres humains ne veuillent pas perpétuer leur lignée familiale, voire leur espèce, aurait défié l’imagination de n’importe quel auteur de science-fiction du siècle passé. Cette dénatalité généralisée pose des défis inimaginables au type d’ordre que l’humanité a construit au cours des derniers siècles. Je ne veux pas sembler sensationnaliste ou catastrophiste, car je suis fondamentalement confiant dans les capacités humaines. » On veut y croire.
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« Mais je crois que l’idée même que des êtres humains ne veuillent pas perpétuer leur lignée familiale, voire leur espèce, aurait défié l’imagination de n’importe quel auteur de science-fiction du siècle passé. »
Les grands sauriens ont bien disparu, pourquoi l’humanité ne s’éteindrait -elle pas ? on n’en est plus à une extinction près.
Quand on voit comment évolue justement cette humanité dans ses comportements(Israël, États Unis, etc..) j’estime personnellement qu’il n’y a rien à regretter.
Méfie-toi des abus du monde ; ne prends pas à cour les futilités, car cette vie est transitoire, ….. Sois serviable pour tes prochains, et aime-les comme toi-même. Révère tes précepteurs. Fuis la compagnie de ceux à qui tu ne veux pas ressembler, …… . (Rabelais Pantagruel).
J’ai débarrassé la citation d’éléments maintenant contestables sans trop de danger, et qui ne sont à mon avis (toujours humble) plus de mode.
Bonjour,
nous entrons dans l’ère de la déflation démographique qui est un autre visage de la déflation économique. La déflation est l’opposé de l’inflation. A l’inverse de cette dernière, elle se caractérise en effet par une baisse durable et auto-entretenue du niveau général des prix. Curieux comme réflexion non? Je constate, du moins en matière économique l’augmentation des prix, en réalité la dépréciation de la monnaie comparée à la valeur refuge l’or en 20 ans c’est pratiquement 7 fois ! Pour mes courses c’est du même ordre de grandeur les vulgaires patates ont vu leur prix multiplié par 7 en vingt ans. Le kg de patates est passé de 1 franc à 1 €, dans le meilleur des cas! L’inflation des produits de première nécessité est totalement imputable à la dépréciation de la monnaie et elle est particulièrement marquée depuis la crise dite covid en décembre 2019 l’or était à 41 400$/kg il est à 89 400 ces jours-ci.
Voici l’image du monde que nous pouvons en retirer, une population très restreinte d’individus qui se fait une montagne de profits sur les cadavres des victimes de LEURS guerres et de LEURS famines.
Le lien entre économie et démographie c’est PLUS vous avez une population importante, PLUS vous allez avoir de transactions. Plus vous avez une population jeune et plus vous avez une population qui doit s’équiper. C’est la 1ère machine à laver, le premier lit, la première cuisine équipée, la première voiture etc… Puis quand vous arrivez à mon âge vénérable, vous n’avez aucune intention de passer 8 heures sur le nouveau mode d’emploi du dernier smartphone, sur la nouvelle voiture à la pointe de la technologie ou encore sur vos x télécommandes nécessaires maintenant pour faire marcher une simple télé. Je force le trait pour vous dire que par définition les jeunes non équipés consomment évidemment plus que les vieux équipés qui font durer leur équipement.
Pour le moment notre économie c’est cela. C’est le raisonnement que les dettes seront remboursées par la croissance future. La crainte des économistes, c’est que sans croissance future, ce sera l’insolvabilité et l’écroulement de l’économie capitaliste. La dépopulation c’est une déflation.
C’est la conscience collective que le monde capitaliste nous expédie droit dans le mur et la réponse c’est la grève générale de la reproduction. C’est la protestation silencieuse qui refuse un monde invivable pour les générations à venir.
C’est ma façon de voir les choses, évidemment c’est discutable… Pour les égolos, cette déflation est une excellente nouvelle dans un monde de raréfaction des matières premières. Moins de gens à nourrir, moins de vélos électriques à fabriquer. Moins de têtes de pipe rend notre modèle économique également plus soutenable dans la durée. Pour les puissants mamamouchis qui croient nous gouverner c’est la panique, heureusement il reste les vieux ressorts des religions » Genèse 9:1,7 Dieu bénit Noé et ses fils, et leur dit: Soyez féconds, multipliez, et remplissez la terre.… ».
Bonne journée
J.-M.D, J.J, F.J.-F., j’aimerais savoir de qui on se paye la dette.
« … Soyez féconds, multipliez et remplissez les verres »? Moi, j’fais le con et j’remplis mon verre.
Signé: Graine d’ananar.
Pessimisme d’humeur -quand même bien étayé de faits et tendances observées- et optimisme de volonté:la possibilité de la liberté peut elle s’accompagner d’une volonté de vivre ,à l’échelle de notre famille,de notre communauté,de l’humanité dans la réalité des conflits qui animent ses diverses composantes ? L’exercice de réflexion n’est pas que théorique, ni à soumettre seulement à une classe terminale ou à science Po! Je trouve salutaire que nous nous posions ces questions à la mesure de l’espèce humaine,au prise avec l’épuisement de son environnement et l’écroulement de la bio diversité. Peut être est il temps de redonner à des instances internationales des capacités d’action . L’ONU et ses multiples organes spécialisés, est épuisée ,malmenée,neutralisée;au moment où les enjeux sont clairement perçus dans leur globalité,la question est bien de faire émerger un véritable pouvoir d’impulsion dépassant les intérêts si limités de nos territoires nationaux. Commençons par l’Europe!…mais l’inégale vulnèrabilité des populations et la diversité des régimes politiques ne peut que nous inciter à exercer modestement notre pouvoir d’influence au bon niveau et au bon moment. Courage et bonne humeur. Après tout,un voyage du coté de Ménetou Salon peut être de bon conseil.