Je me suis maintes fois exprimé sur les Girondins de Bordeaux et leur dégringolade financière constante. Je suis bien moins crédible que les éminents spécialistes des finances publiques mais n’empêche que le dossier a toujours appartenu à mon environnement. En tant que secrétaire général adjoint de l’Association des Maires de France entre 2008 et 2011 j’avais en responsabilité le sport et notamment le suivi des relations entre le sport professionnel et les collectivités locales. A ce titre j’ai été auditionné par une Commission du Sénat le 13 novembre 2013. J’ai siégé dans un organisme aujourd’hui dissout qui se nommait le COGEQUIS en charge de distribuer les fonds du CNDS vers les projets de grands stades et des ARENA. Appelé par Frédéric Longuepée alors directeur du club j’ai vécu dans l’ombre la période du départ des Américains. Les approximations, les analyses sommaires ont été nombreuses avec des parties références en matière de poker menteur.
Mon avis n’a jamais changé : le grand stade dit Matmut encore pour quelques mois, est une hérésie puisque sa « rentabilité » ne reposait que sur l’occupation par un club de haut niveau susceptible de faire le plein (ou presque) à chaque rencontre. Dans les prévisions de résultats financiers il était spécifié que au minimum six manifestations d’intérêt national (concerts, grands matchs de rugby ou de football) devraient être programmées annuellement sur Bordeaux. Si le contrat spécifiait en plus une utilisation par les Girondins de Bordeaux et… l’UBB pour certaines rencontres, il n’envisageait pas une décadence sportive et financière des premiers et une retractation des seconds. c’était donc déjà très juste avec des Girondins en Ligue 1 !
Les rugbymen compte-tenu du surcoût de l’occupation du Matmut par rapport à celle du stade Chaban-Delmas ont vite compris que tant pour l’ambiance que pour la rentabilité d’une rencontre il valait mieux rester au bercail. En plus quand il l’utilise ils installent leur barnum (vente de boissons et de nourriture) sur l’esplanade devant et à leur propre compte. Le chiffre d’affaires n’est pas encore à la hauteur de l’investissement. Les Girondins y évoluent pour leur part depuis deux saisons sans payer le loyer. Bref début 2004 la société Stade Bordeaux Atlantique (SBA), filiale de VINCI et Fayat, et Bordeaux Métropole ont donc parait-il travaillé sur la réorganisation de la gestion du stade Matmut Atlantique, dont ils sont respectivement gestionnaires et propriétaires.
L’objectif est de rééquilibrer les finances du stade qui affiche un déficit de 20,6 millions d’euros depuis la signature en 2011 d’un contrat de partenariat public-privé (PPP). Une phase de conciliation vient de se conclure et devrait conduire à « une formalisation juridique et contractuelle des nouvelles modalités de gestion du stade Matmut au cours du premier trimestre 2024 », a déclaré Bordeaux Métropole dans un communiqué. Il est en est où ? Quel intérêt si dans quinze jours il n’y a plus de club… On doit serrer les fesses à la Métropole ! Malgré tous les efforts consentis il reste encore des sommes rondelettes à récupérer. Il est très difficile de chiffrer l’ardoise tant il y a eu des revirements sur ce dossier. Le pire serait un dépôt de bilan du club !
Les prêteurs évoqués par le président actuel ne viendront jamais car le club n’a absolument aucune garantie financière : aucun bien immobilier en propriété (Le Haillan est loué, le stade est loué, le naming du stade revient à SBA…) et un potentiel financier des joueurs qui s’amenuise au fil des mois. Du temps de Longuépée les Américains ne voulait continuer que si on leur vendait le stade et si la Mairie et la Métropole acceptaient un projet immobilier à vocation commerciale autour de cet équipement. Une manière de créer un patrimoine amortisseur dans l’hypothèse d’une défaillance sportive. Si SBA déposait le bilan ça rendrait service à tout le monde…
Rien n’a changé et d’ailleurs l’acheteur putatif s’est rendu au Matmut pour évaluer un potentiel rachat. Il y a même eu dans un passé récent la transformation après rachat du château du Haillan en hôtel de luxe… Mettre de l’argent dans les Girondins s’est effectuer une opération à fonds perdus dans la situation actuelle. D’abord qui éponge les dettes structurelles (emprunts, cotisations sociales, salaires hors effectif sportif) et qui assume les dettes potentielles (recours en cours aux prud’hommes, chute inéluctable des droits TV, baisse des recettes).
Il faut trouver environ 40 millions en une douzaine de jours pour espérer rester en Ligue 2. il faudra y ajouter le remboursement des fonds avancés par le Président actuel et fournir la trésorerie pour repartir avec un effectif réduit. La chute paraît inévitable sauf à ce que Lopez se fasse hara-kiri ! Dans la situation actuelle du football français (dernière chance demain matin pour les droits télé) Bordeaux est au bord du précipice. La chute risque d’être rude et fatale.
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