La pression monte. Le Président a annoncé que nous devrions être les plus heureux du monde puisque nous accueillerons les Jeux Olympiques dans un peu plus de six mois. Tout sera prêt. Mieux tout est presque prêt. Il n’y aurait que la Seine qui fait sa sale tête. Pour le reste la promesse de JO « populaires » et « accessibles à tous » s’éloigne pourtant toujours un peu plus. En fait dans le contexte mondial actuel, ces prétentions paraissent démesurées. Il est évident que la circulation des personnes risque bel et bien d’être restreinte en Juillet prochain pour des problèmes liés aux conflits en cours et plus encore en raison des crises financières qui menacent.
Au fur et à mesure que la cérémonie d’ouverture (très incertaine dans sa configuration initiale pour des raisons de sécurité) approche, on découvre que tous les effets indésirables n’ont pas été identifiés. Les bouquinistes, pourtant symboles de la culture parisienne sont virés manu militari de leurs emplacements séculaires. Les heureux propriétaires de péniches habitées ont été priés d’aller s’amarrer ailleurs. Tous les lieux présentant un danger potentiel d’attentat ou au moins de manifestations hostile,s ont été informés qu’ils devraient fermer. Les étudiants logés en hébergement collectif bénéficieront d’un dédommagement de cent euros, pour abandonner leur logement, et d’une place pour un spectacle sportif qu’ils ne pourront pas utiliser puisqu’il seront peut-être loin de la capitale, . Où ? Comment ? Ils se débrouilleront. Comme les autres. Populaires ? Vous avez dit « populaires »?
Pour le volet financier le libéralisme incontrôlé a permis aux hôteliers de tripler le prix des chambres déjà élevés en période estivale. Les restaurants risquent bel et bien de suivre cet exemple. Il ne faudra pas s’étonner si Airbnb se gave pour cet événement planétaire destiné à donner une idée attractive de la France. Les billets d’avion ne seront pas épargnés par les hausse et tous les passagers qu’ils viennent aux J.O. ou pas en subiront les conséquences. Mieux, durant la durée de l‘Olympiade, les transports en commun coûteront plus cher. La carte bleue devra être gold comme les médailles pour s’offrir un jour ou deux aux J.O. Populaires ? Il a été dit « populaires ».
Il faut ajouter à ce tableau, les tarifs appliquées pour les places. Certes elles auraient été achetées en masse mais nul ne sait si c’est de la spéculation ou de l’intérêt pour les rencontres sportives.Sans surprise, les billets pour assister aux disciplines les plus populaires sont rares et sont vendus à prix d’or. Pour la natation, 6 000 nouveaux billets ont par exmple, été mis en vente en novembre dernier. Il ne reste que quelques places pour assister à la finale du 50 mètres nage libre pour laquelle le Français Florent Manaudou est en lice, le tout pour la « modique » somme de… 980 euros. Il faut aimer Manaudou !
Côté athlétisme, 30 000 nouveaux billets ont été « lachés » lors de la dernière session. Il reste là-aussi seulement quelques sésames disponibles. Il faut compter au moins 195 euros pour assister à une épreuve avec médaille à la clé et 525 euros minimum pour un billet pour une épreuve finale. Pour 170 euros, vous pourrez assister au…premier tour de qualification du 400 mètres haies femmes ainsi qu’à celui du 110 mètres haies hommes. Il reste cependant des possibilités à moins de cent euros pour des disciplines plus confidentielles. En définitive entre le voyage, l’hébergement, la restauration, les déplacements et l’entrée dans les enceintes sportives l’addition pour un séjour individuel risque d’être salée.
Toutefois, l’engouement autour des JO s’est confirmé puisque plus de sept millions de billets sur les dix millions à vendre ont déjà trouvé preneurs. Attendons… pour se rassurer sur les acquéreurs. Il ne peut y avoir aucune revente hors de la plateforme d’achat initial. Les prévisions tablent aussi en pleine période de récession économique, sur la venue de seize millions de touristes pour des retombées attendues de près de trois milliards d’euros. Le problème c’est que selon les études les chiffres varient du simple au double. Il en existe à plus de cinq milliards et d’autres à deux !
Pour le moment l’optimisme règne. On se préoccupe des drapeaux, des athlètes ruses ou biélorusses et du problème des hymnes nationaux. Un autre sujet se résume par « cachez maintenant ces vendeurs à la sauvette, ces SDF et ces immigrés que l’on ne saurait voir » en une période où la presse mondiale aura les yeux sur la France et ses paradoxes. Il est certain que ces perspectives pèseront sur les fractures du pays… avant et surtout après !
Le remaniement gouvernemental qui se profile tiendra compte de cet événement. Le ministre de l’Intérieur est tranquille. Il ne bougera pas même si la loi immigration se délite devant le Conseil Constitutionnel. Le choix de l’occupant de Matignon dépendra aussi de sa capacité à éviter tous les écueils sociaux putatifs avant le rendez-vous de Juillet. Et pour le reste « Panem et circenses » (du pain et des jeux…du cirque) ce qui meublera l’été!
Tout feu tout flamme (olympique), le baron de l’Elysée avait seulement oublié que, pour les Jeux, l’essentiel est d’anticiper.