Encore et toujours des accrocs grave à la laïcité

La laïcité valeur cardinale de la République Française dont on peut regretter qu’elle ne figure pas aux côtés de la liberté, de l’égalité et de la fraternité demeure incomprise ou volontairement contournée. Victime de la dualité des positions elle est considérée comme anti-religieuse par celles et ceux qui défendent leurs croyances ou comme une arme de lutte contre les religions par d’autres. Depuis deux ou trois décennies, ce principe de vie sociale est méprisé ou incompris car elle n’y a aucune formation spécifique pour en apprécier le bien-fondé.

Des groupes de pression de tous poils essayent de faire sauter le verrou par tous les moyens. Une minorité musulmane s’y emploie en lançant à des périodes clés des polémiques sur de sujets marginaux de telle manière qu’elle obtienne des exceptions à la règle permettant aux radicalisés de s’engouffrer dans les brèches.

Définir la laïcité est assez simple. La liberté de croire est préservée dans la sphère privée et dans les lieux réservés au culte. En France seulement 6,6 % des habitants toutes pratiques religieuses confondues se disent « pratiquants assidus ». On évalue à 29 % le volume de population se déclarant fidèle de la mouvance catholique alors que 10 % se réclame de l’islam. Le nombre de personnes déclarant une autre religion chrétienne stagne à 9 % alors que le judaïsme ne dépasse pas 1 % Au total on parvient à un Français sur deux qui n’a absolument pas de lien réel avec la religion. Ce pourcentage ne cesse d’augmenter dans toutes les classes populaires.

Tous ces adeptes d’un dieu ou d’un autre n’ont à priori aucune difficulté pour accéder à leurs pratiques mais elles l’exploitent de moins en moins dans le catholicisme. En France le nombre des baptêmes est passé de 334 664 (2010) à 112 123 (2020) et la chute se poursuit. Pour l’islam les enfants qui entrent en religion comme dans bien d’autres religions sous l’influence des parents et notamment le père. Ayant le statut de seconde religion sur le territoire métropolitain, une minorité tente de briser le principe de laïcité qui est totalement contraire à tous les préceptes de leur religion.

La définition de cette valeur est en effet simple : « la religion n’a pas sa place dans l’espace public et l’État n’a pas sa place dans la sphère religieuse tant que cette dernière respecte la dignité humaine et les principes républicains ». A ce titre dans absolument tous les lieux publics quels qu’il soient les manifestations religieuses n’ont pas leur place et les représentants de la République n’ont à entrer dans les lieux d’exercice de la religion que pour y exercer leur fonction ou témoigner de la présence républicaine. Bien évidemment à titre privé l’accès à une religion ne leur est pas interdit.

J’ai personnellement appliqué ce principe dans mes mandats électifs pour absolument toutes les religions (sauf les sectes hors la loi) pour des enterrements, des événements communaux, des invitations officielles. Je me suis rendu à la mosquée, à la synagogue, au temple ou à l’église librement mais sans jamais donner un signe de particpation. Il m’aurait paru par contre inadmissible que dans un bâtiment public à mon invitation, une cérémonie à caractère religieux puisse s’y dérouler. L’imam, le rabbin, le pasteur ou le curé ont toute possibilité de participer à la vie citoyenne mais ils ne sauraient exprimer l’exercice de leur mission dans un lieu public. 

La laïcité n’est ni agressive, ni une manifestation d’hostilité mais la préservation pure et simple de la liberté de conscience sous toutes ses formes. Toute entorse à ses principes affaiblit la République surtout si ces exceptions témoignent de choix injustifiables. Le rôle du Président consiste à sans cesse rappeler qu’il est le garant de cette séparation ayant coûté la vie à Samuel Paty et Dominique Bernard pour l’avoir enseignée. Toute exception dénature la règle. Accepter par exemple une cérémonie juive dans l’Elysée, sanctuaire du pouvoir républicain, constitue une faute et servira de point d’appui à d’autres revendications.

Jean-Louis Bianco qui est loin d’être un laïcard excité et ancien Président de l’Observatoire de la Laïcité (2013-2021) a parfaitement résumé ce que j’explique ci-dessous : « Un président de la République (NDLR : un élu de tout niveau) peut assister à une cérémonie religieuse, en respectant les usages (se lever et s’asseoir lors d’une messe, porter une kippa ou un chapeau dans une synagogue, se déchausser dans une mosquée) mais il ne doit en aucune façon montrer publiquement un signe d’adhésion à une quelconque religion. L’Élysée est un bâtiment public. Il s’est passé quelque chose jeudi soir qui ne peut être conçu autrement que comme une manifestation religieuse, puisque le grand rabbin a procédé à un allumage des bougies de Hanoukka. A partir du moment où une cérémonie religieuse se tient à l’Élysée, c’est contraire aux principes essentiels de la laïcité »

Je partage totalement ce constat. Il est certain que cette cérémonie laissera des traces car elle relève d’un calcul politicien extrêmement dangereux. L’invitation adressée au pape le même jour ou presque pour inaugurer Notre-Dame accentue ce sentiment que les fondements républicains sont en danger. Comment reprocher à une religion de ne pas respecter la laïcité quand on multiplis le signes de connivence sur ce sujet avec les autres ? L’exemplarité à toujours du sens ! 

Cet article a 14 commentaires

  1. christian grené

    Je suggérais récemment que tous les lieux de culte (églises, synagogues, mosquées, etc.)
    soient transformés en centres socio-culturels, comme le Carmel ou le couvent des Récollets à Libourne. Je persiste et signe.
    PS: J’allais oublier, mon cher Jean-Marie, l’ancienne caserne du 31e régiment du Génie (Eh oui!) dont nous été les pensionnaires pendant 16 mois et où je ne vois plus trace de sapeurs. Donc sans reproches.

    1. Gilles Jeanneau

      Je m’associe à tes souhaits!!!
      Bonne journée quand même…

  2. facon jf

    Bonjour
    A l’occasion de la journée nationale de la laïcité (9 décembre 2023), Elmaniya.tv, la nouvelle chaîne laïque franco arabe, a commandé à l’Ifop une enquête permettant de mieux cerner la place que les Français musulmans accordent aujourd’hui à la religion, le sens qu’ils donnent à la laïcité mais aussi leur point de vue sur les récents événements (ex : interdiction des abayas le 3 septembre, assassinat d’Arras par un islamiste le 13 octobre…) ayant mis au premier plan la question de l’Islam à l’École.
    Je vous mets le lien ici :
    https://www.ifop.com/publication/abayas-burqa-attentat-darras-enquete-aupres-des-musulmans-sur-la-laicite-et-la-place-des-religions-a-lecole-et-dans-la-societe/
    Cliquez sur le rectangle gris document à télécharger [ la présentation ] pour avoir accès aux chiffres de l’étude.
    Ce sondage a le mérite d’apporter une lumière crue sur l’opinion des Musulmans de France vis à vis de la loi de 1905 . Une très large majorité des Français musulmans (78%) partage le sentiment que la laïcité telle qu’elle est appliquée aujourd’hui par les pouvoirs publics est discriminatoire envers les musulmans.Les trois quarts des Français musulmans souhaitent un retour au régime concordataire appliqué en France jusqu’au vote de la loi de 1905 : 75% d’entre eux de disant favorables au « financement public des lieux de culte et des religieux des principales religions (ex : curés, popes, rabbins, imams…) comme c’est le cas en Alsace-Moselle pour certains cultes ».
    Près de 20 ans après son application, les Français de confession musulmane sont toujours massivement opposés à la loi de 2004 interdisant les signes religieux ostensibles à l’École. En effet, les deux tiers d’entre eux (65%) se disent favorables au port de couvre-chefs à caractère religieux (ex : voile, kippa…) dans l’enceinte des collèges et lycées publics.
    76% des musulmans pensent que c’est plutôt la religion qui a raison lorsque la religion et la science s’opposent sur la question de la création du monde, contre 19% en moyenne chez l’ensemble des Français (22% en moyenne chez les adeptes des autres religions).
    A la question suivante : Le 13 octobre 2023, un enseignant Dominique Bernard a été assassiné par un islamiste d’origine ingouche au sein d’un lycée à Arras.
    Quand vous pensez à l’auteur de cet assassinat de Dominique Bernard à Arras, quelle est votre réaction ? Réponse 78 % condamnent totalement, 5% ne condamnent pas et 11% le condamnent mais partagent certaines de ses motivations 6% sont indifférents.
    La page 34/35 mérite attention pour la colonne collégiens et lycéens où le total ne condamnent pas + condamnent mais partagent certaines des motivations du terroriste du 13/10 atteint 37% alors que l’attentat de S. Paty produisait 16% de réponses similaires. L’évolution des réponses est surtout marquée chez les collégiens.

    Rien de rassurant ne sort de ce sondage et c’est bien dommage que notre Méprisant de la Ripoublique n’est pas pris connaissance de cette étude avant d’allumer la lumière de sa propre conscience.
    Si tant est qu’il en ait une… ce dont je doute fort.

    bon repos de fin de semaine

    1. J.J.

      Nous sommes au XXIème siècle ou au Moyen Âge. ?,

      1. facon jf

        Question légitime que l’on peut se poser dans les édifices religieux qui aujourd’hui encore séparent les hommes et les femmes !!

  3. Alain .E

    Bien d’ accord avec le constat de JMD , et merci à Facon jf pour son éclairage .
    Je considère que c’ est foutu pour la laïcité , les jeunes c’ est l’ avenir et effectivement , ils vont dans le sens des sociétés à l’ anglo saxonne.
    Beaucoup d’ hommes politiques ont baissé les bras et plus encore pour rester poli devant ce problème .
    Je salue le courage de Florence Bergeaud-Blackler , anthropologue française, chargée de recherche au CNRS, en poste au laboratoire Groupe Sociétés, Religions, Laïcités de l’EPHE , et menacée de mort , comme beaucoup trop d’ autres pour ses travaux sur le Frérisme .
    Je n’ ai plus aucunes illusions sur un avenir meilleur à bien des niveaux et m’ en accommode par la force des choses.
    Cordialement .

  4. Laure Garralaga Lataste

    La tonalité de ce « Roue Libre » en est… « morosité et défaitisme… » que je partage ! Quand tout fout le camp, il faut s’accrocher à nos valeurs fondamentales qui pour moi demeurent toujours et encore : Liberté, Égalité, Fraternité et Laïcité.

    1. facon jf

      Les fous de dieu et les ayatollah verts ou de toutes les couleurs ça me fout la gerbe !!! désolé d’être trivial.
      Bonne soirée

  5. J.J.

    Je ‘en ajouterai pas davantage, tu connais Jean Marie mon opinion sur la Laïcité, force vitale de la République.
    La réprobation à propos de cette incartade est à peu près unanime chez les « gens honnête » et mesurés . La visite à leur dame de Paris couronne le tout. Voir lien.

    Je sais que je vais me faire incendier, mais je le dis quand même : si parmi les résidents musulmans en France( 10% des « croyants »), il y en a à qui la Laïcité ne plait pas, personne ne les retient.
    https://www.charentelibre.fr/editorial/laicite-le-derapage-de-macron-le-point-de-vue-de-cl-17753427.php

  6. Lecomte Pascal

    C’est plus qu’un dérapage, c’est faire allégeance à la puissance financière juive (enfin… sioniste). Je pense même qu’il y a été contraint et forcé. N’oublions pas d’où vient Macron…
    Son absence à la marche contre l’antisémistisme ne me gêne pas car trop de risques en matière de sécurité. Par contre les vétos américains (et d’autres probablement) à la proclamation d’un ‘cessez le feu’, le silence complice de l’Occident et de l’Europe, le silence encore plus étonnant encore de la gauche alors bien pensante (Hollande, Valls, etc) montre bien combien nous sommes liés aujourd’hui à la puissance financière juive…

  7. J.J.

    « la puissance financière juive… »la puissance financière juive est une puissance comme une autre, ni meilleure ni pire.
    Par contre la puissance financière sioniste, ce qui n’est pas du tout la même chose, est un danger pour le monde juif lui même et pour le reste du monde.
    Le fait d’avoir fait passer toute critique anti sioniste pour de l’antisémitisme aggrave la situation des juifs « honnêtes »(la majorité).
    Pour résumer et bien saisir la différence, consulter les « Accords Balfour » de 1917 qui ont permis à la Grande Bretagne de vendre aux Rothschild un pays qui ne lui appartenait pas…

    1. facon jf

      @JJ Yonathan Arfi, a jugé vendredi que c’était « une erreur » que le début de la fête juive de Hanouka ait été célébré jeudi soir à l’Élysée, en présence d’Emmanuel Macron. « Effectivement, ce n’est pas la place au sein de l’Élysée d’allumer une bougie de Hanouka parce que l’ADN républicain, c’est de se tenir loin de tout ce qui est religieux ». Yonathan Arfi c’est le président du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France). La fête de Hanouka commémore l’une des grandes victoires de l’histoire juive quand, au IIe siècle avant notre ère, un petit groupe de Juifs reprit le Temple profané de Jérusalem. La minuscule fiole qu’ils trouvèrent alors pour rallumer le candélabre, qui devait tenir un jour, en dura en fait huit. Pendant huit jours, à la tombée de la nuit, les fidèles allument une flamme sur un chandelier appelé « hanoukkia », placé dans l’encadrement de la porte ou de la fenêtre. En allumant la bougie le Méprisant Mac-Ronds (à 32 ans, devient associé-gérant chez Rothschild) démontre qu’il sait sait aussi renvoyer l’ascenseur au mépris de la vieille loi de 1905.

      1. Lecomte Pascal

        Réponse à JJ
        Oui vous avez raison, c’est bien ce que je voulais dire et d’ailleurs je le précise ou rectifie dans ma première phrase par  » (enfin…sioniste) », j’ai malheureusement simplifié ensuite en n’utilisant que le mot « juive » car aujourd’hui tout le monde fait l’amalgame juif/sioniste ou tout le monde oublie de préciser sioniste, cet amalgame certains le font volontairement pour arabe/musulman/terroriste

        Oui tout à fait d’accord pour bien différencier sionistes et juifs, et peu de journalistes le font

        Réponse à Jf
        Bravo pour cette précision!

    2. Lecomte Pascal

      Oui vous avez raison, c’est bien ce que je voulais dire et d’ailleurs je le précise ou rectifie dans ma première phrase par  » (enfin…sioniste) », j’ai malheureusement simplifié ensuite en n’utilisant que le mot « juive » car aujourd’hui tout le monde fait l’amalgame juif/sioniste ou tout le monde oublie de préciser sioniste, cet amalgame certains le font volontairement pour arabe/musulman/terroriste

      Oui tout à fait d’accord pour bien différencier sionistes et juifs, et peu de journalistes le font

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