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Eté ou pas été : le hors-jeu qui se profile

Les millions pleuvent presque aussi dru que les milliards des divers plans du gouvernement français vant l’été. Le monde du football a franchi toutes les limites de l’absurde et de l’indécent. Depuis le début de la période estivale, alors que la moitié des foyers français expliquent ne pas avoir pu accéder aux vacances pour des raisons financières, les transferts les plus insensés par leur montant occupent le devant de la scène. Et ce n’est pas fini. Les deux semaines qui se profilent accentueront cette démesure de la présence du fric dans le sport. Il ne faut pas en effet se bercer d’illusions : toutes les disciplines (le cyclisme en particulier) seront touchées par cette inflation incontrôlée.

L’opinion dominante qui se gave d’idées toutes faites, a vite critiqué le comportement de Kyllian Mappé qui a réussi à mettre à genoux un système dont il possède les clés. Il n’a été que le reflet d’un ultra- libéralisme autorisant toutes les exagérations au nom du fameux principe de l’offre et de la demande. Le gamin de Bondy n’a eu aucun comportement scandaleux : il a simplement exploité la mégalomanie de dirigeants prêts à se servir du football pour satisfaire des intérêts financiers ou géopolitiques sans rapport avec le football. Les analystes chevronnés des pratiques footballistiques se contentent souvent de regarder ces pratiques avec des jumelles inversées.

L’événement essentiel de cet été n’est donc pas lié à un transfert putatif. Il résulte de la catastrophe politique qu‘a constitué l’adoption du Traité constitutionnel européen dont les principes essentiels inspirés par un libéralisme déshumanisé au service du profit pèsent sur notre quotidien. Les dirigeants de la Liga espagnole ont en effet déposé une plainte auprès de la Commission européenne pour « dénoncer le fait que les mécanismes de financement du PSG génèrent une grave distorsion du marché intérieur de l’UE ». Cette action est basée sur un nouveau règlement entré en vigueur en juillet dernier, qui vise les « subventions étrangères qui faussent le marché intérieur ».. Un boomerang qui épingle le Qatar puissance étrangère déjà pointée du doigts pour avoir financé un lobbying très obscur au sein des instances européennes.

La ligue espagnole a envoyé une lettre à la Commission au motif que « le PSG a reçu des subventions étrangères d’un état qui lui ont permis d’améliorer sa position concurrentielle et de générer d’importantes distorsions sur plusieurs marchés nationaux et de l’UE ». Selon elle, le PSG obtient ainsi des ressources « dans des conditions non marchandes qui faussent divers marchés étroitement liés », ce qui lui permet de recruter des joueurs et des entraîneurs « bien au-delà de ses possibilités dans un scénario de marché normal ». En outre, il disposerait également de « revenus provenant du sponsoring sportif pour des montants qui ne correspondent pas aux valeurs du marché ». Est-ce vraiment faux? 

Voici que le fameux diktat de « la concurrence libre et non faussée » qui a tué nos services publics, qui a détruit des pans entiers de l’industrie française, qui a condamné au chômage des milliers de salariés et qui a plongé l’Europe dans une crise démocratique dramatique pose un vrai problème politique  à la commission européenne. Bruxelles se retrouve avec un étrange dilemme : rappeler la doctrine et sanctionner le PSG ou démontrer que le Qatar a vraiment un poids occulte réel au sein de l’UE et fermer les yeux. Cette plainte explique la vigueur de la réaction du PSG au départ « gratuit » de Mbappé ! Nasser al Khelaïfi connaissait cette menace et se préparait à la contrer.

Il devenait donc vital pour le PSG de trouver de ressources financières hors Qatar et les transferts constituent une opportunité essentielle dans le contexte actuel. Perdre le transfert de sa principale « richesse » constituerait un « trou » dans la future défense du système qatari. Le problème c’est que Mbappé le sait et il devient maître du temps. Il joue au chat et à la souris.  Le PSG a dépensé environ 1,5 milliard d’euros sur les &é dernières saisons pour ses achats de joueurs avec le succès que l’on connaît, tandis que les ventes ont représenté globalement 500 millions d’euros. Depuis l’arrivée du Qatar la balance (négative) s’établit donc à près d’un milliard et on sent bien que cette différence comblée par des augmentations de capital ou des contrats

Mbappé n’est qu’un « fonctionnaire » bien conseillé d’un état étranger ayant besoin d’exister au Moyen-Orient où la concurrence en terme d’image s’exacerbe pour des raisons…géopolitiques. L’arrivée de l’Arabie saoudite dans le jeu ouvre une porte de sortie cette saison. Le départ de Neymar à la fois exigé par son équipier ne possédant pas les clés du camion mais connaissant les intentions du chauffeur, n’est que le début d’un changement de cap. La situation est beaucoup plus grave que prévue mais… chut l’important c’est le retour de Mbappé contre Toulouse ! Ca occupe la fin de l’été !

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Cet article a 6 commentaires

  1. christian grené

    Désolé Jean-Marie, mais je préfère me taire! Même pas l’envie d’une blagounette à… 10 balles. Sinon dans la tête.

  2. J.J.

    Une impression peut être, mais ne vivrions pas dans un monde de plus en plus cloisonné ? Cela a toujours existé, certes, mais cela prend des proportions « mondiales », chacun faisant comme si « l’autre » et sa condition n’existaient pas, ou pour certains par simple ignorance délibérée.
    Nous voyons chaque jour dans les étranges lucarnes des mondes parallèles et qui s’ignorent : par exemple ceux qui partent en vacances et ceux qui ne le peuvent, ceux qui se goinfrent et ceux qui ont faim (mais ça, ça a toujours existé).
    Ceux qui vivent dans une opulence dévastatrice pour notre anthroposphère et ceux qui naïvement pensent pouvoir changer les choses et revenir à ce que nous avons connu comme la normalité.
    Quant aux personnages qui grenouillent dans le milieu qui ose s’appeler oxymoriquement sportif et professionnel, ils semblent carrément hors sol.
    Une constante cependant : tout le monde regarde en l’air, les déshérités lèvent les yeux vers les nantis avec envie ou désir de justice. Ceux qui se croient le monde d’en haut se gardent bien de baisser les yeux, non qu’ils aient honte de ce qu’ils verraient, ce sentiment doit pour beaucoup leur être étranger, mais au cas où on les interpellerait sur leur condition, risquant d’être sollicités par des « partageux ».

  3. manolita lechaux

    M’BAPPE: j’etais tellement angoissée pour son avenir que j’ai failli ouvrir une cagnote…….

    1. Laure Garralaga Lataste

      @ ¡ Hola Manolita… !
      Crois-tu qu’ MBAPPE mérite qu’on s’angoisse pour lui… ? !

  4. Gilles J.

    Tu veux dire hors jeux, je pense?
    Car seuls les plus fortunés et quelques sportifs « récompensés » pourront voir les jeux olympiques.
    Quand j’étais jeune, je me disais que j’irai voir les jeux olympiques lorsque je serai à la retraite!
    La retraite fut venue et de jeux, plus!
    Quel monde merveilleux… pour les riches!
    Courage, Kiki

    1. Laure Garralaga Lataste

      à mon ami Gilles…
      Personnellement, je crois qu’il en a toujours été ainsi… !

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