Combien de dictateurs ou de monarques républicains rêveront en assistant ou en regardant à distance le spectacle royal que produit en exclusivité mondiale le Royaume plus très uni ? Le retour à des us et coutumes d’une autre époque offre une occasion de constater combien la notion de démocratie reste fragile. La fascination pour les personnes sorties de la cuisse de Jupiter et entourées bien évidemment des ors, des fastes et de situations exceptionnelles, demeure dans les peuples. Il n’y a guère de différence entre l’approche que l’on a pour une actrice ou un acteur, un sportif ou une sportive (plus rare) de n’importe quel niveau, et celle qui touche à une reine ou roi. Les audiences attendues ce jour devraient d’ailleurs dépasser les meilleures réalisées en matière d’événements sportifs.
L’enjeu de la journée est en effet d’ordre financier. Pour que les télés engrangent des millions d’euros de pub, il faudra battre le record des obsèques d’Élisabeth II. Et ce ne sera point facile tant cette cérémonie funèbre et pas funeste pour tout le monde, avait atteint les sommets. Plus de 26 millions de téléspectateurs britanniques étaient ce jour-là devant leurs postes de télévision. Au total, un Britannique sur deux avait assisté aux funérailles depuis son salon – sans compter le visionnage en streaming et ceux qui ont suivi chaque étape des obsèques dans des bars, cafés ou restaurants. À l’étranger, les audiences furent faramineuses avec quelque 4.1 milliards de personnes dans le monde ayant suivi l’événement. Charles et Camilla auront bien du mal à battre ce record !
N’empêche que pour le moment ils ont déjà réalisé des prouesses. Si la mise au tombeau de la Queen et ses préparatifs avaient coûté la bagatelle de 7,2 millions d’euros (1 million pour le seul recueillement du public devant le corps) le couronnement de fiston se situerait selon les dépenses prises comptabilisées entre 114 millions et… 286 millions d’euros ! Les contribuables britanniques ne rechigneront pas à apporter leur écot à ce moment « historique ». Enfin ceux qui placent leur fierté nationale dans la survivances de rites fabriqués pour satisfaire des envies de grandeur passée.
Dans un contexte de crise économique cette dépense destinée à financer l’entretien des lieux, les salaires versés au personnel, ainsi qu’aux frais liés aux déplacements prend un relief particulier. Les seuls services de sécurité émargeront pour 115 millions d’euros. Un sondage indique que plus de la moitié des Britanniques considèrent que ce budget incomberait à la famille royale dont la fortune est colossale. En plus comme le 8 mai n’est pas férié Outre-Manche il faut ajouter à l’ardoise une perte économique de près d’un milliard pour ce cadeau royal.
Tout a été scénarisé et conçu pour que les images des télévisions puissent ruisseler dans les foyers du monde entier. Les horaires (13 h pour la pose de la couronne) donneront des opportunités de direct rentables. Il le faut car les droits de diffusion sont salés. Et si les dépenses sont lourdes, pour le Royaume uni, les rentrées espérées sont attractives. Les ventes de souvenirs et produits dérivés devraient rapporter 282 millions d’euros sur lesquelles la société gérant les intérêts de la royauté récupérera une belle rente de situation.
Dans son ensemble la cérémonie procurerait des retombées à hauteur de 972 millions d’euros, les dépenses d’accueil et d’hébergement par les fans venant à Londres sont estimés à 222 millions d’euros et les dépenses supplémentaires des touristes étrangers se chiffre à 370 millions d’euros). Pour une recette totale de 1,61 milliard d’euros. C’est à peu près 9 fois moins que les jeux Olympiques de Londres en 2012, mais c’est une affaire qui sera équilibrée si l’on considère que les dépenses sont publiques et les recettes seront privées. Un royal principe.
Tout ce tintouin pour sacraliser le statut d’un homme dont le seul mérite est d’être l’héritier d’un système archaïque purement symbolique. En fait ce n’est même pas le jour de la venue du prince charmant et de la belle au bois dormant. Loin s’en faut… Il ne faut pourtant pas flamber ou se vautrer dans une vision trop critique de nos meilleurs ennemis britanniques.
En effet dès que le scénario prendra fin, Charles III retrouvera son rôle de potiche royale. Il n’a qu’une influence très limitée sur le sort de ses « sujets » alors que bien des « Présidents » n’ont pas de couronne mais exercent leur pouvoir de manière plus monarchique. Aux échecs lorsque la partie est terminée le roi et le pion retournent dans la même boite…Là dès demain, après la plus chère reconstitution historique de l’histoire, chacun retrouvera sa place ou plutôt rang et ses casseroles.
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BOUFFONS DU ROI !
@ mon ami christian…
Merci, mais pas pour moi… « la sans culotte » ne parviendrait pas à le digérer… car elle ne peut oublier qu’en 1936 le roi Georges VI d’Angleterre, celui de Wallis Simpson, fricotait avec les nazis, ce qui lui coûtera sa couronne… puisque obligé de démissionner… Mais chut! C’est du passé… n’en parlons plus …
OUPS… Georges VIII
J’ai vraiment la h…
Edouard VIII
… Sinon, allez dans n’importe quel empire ottoman, et même à Fès, vous trouverez des croissants partout et vous pourrez vous essuyer au drapeau. Et bon p’tit déj’ à tou(te)s!
Bon ,j’ ai pas un grand amour pour la royauté depuis que j’ ai perdu la finale du tournoi d’ échecs de mon collège , il y a fort longtemps .
Mon roi étant mat , j’ eusses préféré qu’ il fut pat , mais soit …
Ce serait un peu cavalier de ma part de parler de tous ces pions qu’ on manipule , peut être qu’ une dame le ferait mieux que moi …
Je reste donc enfermé dans ma tour à regarder tous ces fous s’ agiter et ne regarderais donc point la télé le jour ou Charles attend sa couronne , comme beaucoup de gens le font chez le dentiste plus simplement .
Cordialement .
J’oubliais, mais c’est vrai, je me suis fait couronner une incisive il y a quelque temps, sans cérémonie particulière, mais ça m’a fait mal, bougre de bougre, et j’en souffre encore un peu.
Alors les couronnements…mais il sera difficile d’échapper à l’hystérie des médias qui nous gavent depuis quelque jours des « samedis matin, ne ratez pas, on sera là, etc ». mais il y seront sans moi.
En attendant, ça fait causer.
Et encore, d’après ce que j’ai cru comprendre, le Charlie bâton bâton bâton a demandé que ce soit fait au plus juste, et que si ça ne tenait qu’à lui…mais il est difficile de faire perdre de mauvaises habitudes à tout un pays (entre parenthèses, je n’aimerais pas être à sa place, qu’est-ce qu’on doit se faire c…..
Nous nous sommes débarrassés d’une partie du décorum (ressuscité un temps par le petit nabot sanguinaire) au prix d’une tête, qui d’ailleurs n’était sans doute pas la pire qui ait régné sur le pays, mais hélas il semble bien que le côté monarchique et absolutiste de l’état n’ait jamais vraiment été aboli, et nous assistons à de lamentables résurgences.
On apprécierait que la Roche Tarpéienne se rapproche encore du Capitole.
En attendant, chantons la Carmagnole, et Ça ira !
Du pain et des jeux ! Tout cet argent aurait pu servir à améliorer la vie des Britanniques. Une pensée pour Lady Di…