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La mobilité facteur fondamental de l’intégration sociale

L’isolement géographique est un facteur d’exclusion sociale beaucoup plus fort que tous les autres mais il n’est guère évoqué dans les constats effectués par le milieu politique. Il est aisément considéré que le bonheur est dans le pré et que le malheur ne frappe que dans les quartiers urbains sensibles. La seule différence c’est que la discrétion dans le milieu rural est inversement proportionnelle au tapage périodique des banlieues. Or il est évident que l’un des handicaps de la « campagne » ou des « zones périurbaines » réside dans l’absence de mobilité.

Avec des métropoles qui concentrent depuis des décennies l’emploi et les activités économiques le trajet domicile-lieu de travail devient de plus en plus problématique. Plus on est marginalisé dans ces zones et plus on s’enfonce dans la marginalité par impossibilité à se déplacer facilement. C’est la raison pour laquelle le département de la Gironde avait mis en œuvre sous la présidence de Philippe Madrelle le réseau Transgironde avec un tarif unique pour tenter d’enrayer cette inégalité territoriale.

Désormais la responsabilité officielle de la gestion de ce réseau dépend de la région Nouvelle Aquitaine ! Il faudrait être très attentif pour que dans le contexte actuel TransGironde demeure aussi proche que possible des besoins de la Gironde Hors métropole ! Au seul abri-bus de la Gendarmerie à Créon ce sont désormais plus de 35 000 voyageurs qui montent sur les lignes de transports collectifs reflet d’une progression fulgurante mais encore très insuffisante.

L’absence de mobilité est peu évoquée quand on parle de difficulté d’accès à l’emploi, mais pourtant, un français sur quatre l’a déjà rencontrée selon une enquête Elabe réalisée pour le Laboratoire de la mobilité inclusive. 86% des Français jugent les difficultés d’accès à la mobilité (c’est à dire le fait de pouvoir se déplacer quotidiennement) comme un frein à l’emploi. Aucun jeune ne peut trouver un boulot s’il n’a pas une autonomie de déplacement. Or très souvent il faut obtenir le permis de conduire et acheter une voiture qui donne cette ouverture vers la formation ou l’emploi. Et dans le contexte actuel un 18-25 ans n’a aucune ressources pour parvenir à débloquer cette situation désastreuse.

En ville les réseaux de déplacements publics existent et sont aisément utilisables. Ailleurs il en va autrement ! C’est l’un des constats qui justifie la mise en place du revenu de base universel permettant justement de faciliter l’obtention de ces sésames vers l’emploi ! 23% des sondés ont en effet déclaré avoir déjà renoncé à un travail ou une formation parce qu’elles ne pouvaient pas s’y rendre. C’est chez les jeunes (43%) et les populations vivant avec moins de 1200 euros par mois (50%) que les chiffres sont les plus importants. Logiquement, les titulaires du permis B sont moins concernés par le problème, seuls 17% d’entre eux ont refusé un travail pour ce motif.

Dans le détail, près d’un Français sur cinq dit également avoir renoncé à se rendre à un entretien d’embauche ou « dans une structure d’aide à la recherche d’emploi », comme Pôle emploi par exemple, par manque de moyens pour se déplacer. Il est possible de démontrer qu’un habitant de certaines communes du Créonnais que je connais parfaitement peuvent mettre quasiment une journée pour se rendre à une convocation via les transports collectifs vers Pole emploi sur la métropole bordelaise ! Il lui fallait avant l’installation de la Mission locale sur Créon ou l’ouverture de la Cabane à projets rejoindre à pied ou à vélo un arrêt des bus TransGironde, se rendre à Bordeaux, prendre le tram pour remonter à Cenon puis revenir selon les mêmes moyens vers chez lui !

Les problèmes de trafic des transports en commun sont aussi évoqués dans le sondage. 43% des Français interrogés affirment avoir « de temps en temps » des difficultés dans leurs déplacements quotidiens pour accéder à leur lieu de travail, d’études ou autres activités. Et c’est encore plus vrai pour les usagers des transports en commun : 74% des habitués de TER disent rencontrer des difficultés, 66% des usagers du métro/RER, 67% des habitants de la région parisienne et 53% de banlieue. 

Enfin, près de la moitié des sondés estimaient que les transports collectifs n’étaient pas assez développés dans leur zone d’habitation. La voie dédiée de Fargues squattée souvent par des véhicules avec une seule personne qui s’en servent pour doubler par la droite commence à avoir un impact aux heures de pointe. La ligne 407 initiée dans le scepticisme progresse chaque jour mais il faudrait vite initier la 409 via Madirac Camblanes et Latresne pour anticiper les transports vers le lycée.

La mobilité reste la clé de la liberté réelle. Pour les adultes mais aussi pour les jeunes qui passent des heures avant et après leurs horaires universitaires. Elle ne constitue pourtant pas une priorité nationale reconnue pour les zones rurales. On s’extasie sur la diminution du temps de trajet Bordeaux-Paris quand au quotidien le déplacement Créon-Bordeaux a augmenté (hors bus) de 25 % sur les 10 dernières années ! L’isolement existe encore et renforce l’Inégalité sociale surtout avec le surcoût du carburant et la crise prochaine provoquée par la raréfaction du foncier éloignant de plus en plus les familles des lieux où se situent l’emploi et les services essentiels.

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Cet article a 3 commentaires

  1. Gilbert SOULET

    OK Jean-Marie
    J’ajoute que dans les communes où existe une Gare SNCF, il serait bon que BUS et TER soient complémentaires avec prix du billet à l’identique.
    Amicalement à tous
    Gilbert de Pertuis, Porte du Luberon qui vise particulièrement les relations PERTUIS-AIX EN PROVENCE …

  2. François

    Bonjour J-M !
    Comme tous les matins, de bonne heure, j’ai lu ta chronique. Puis, malgré l’heure solaire très hative, qui n’a toujours rien compris à l’heure d’été dite Giscard, je suis donc sorti pour mon escapade à la ville.
    Là, j’ai attendu dans la fraicheur: pas de métro, pas de RER, pas de tram, pas de bus, pas de Transgironde (cette fière création girondine qui a remplaçé Citram et feu « Le Petit Bleu »! ), pas de tchou-tchou (Lapébie l’a squaté!) …. RIEN !
    Peut-être, dans le lointain, j’ai cru percevoir le grelot de la diligence, mais c’était … un Poisson d’Avril ! ! !
    Amicalement

    1. François

      Oui, je sais: c’est demain le 1er avril mais les lachers se font la veille !!!!!!

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