L’auteur qui se rend dans un salon du livre, dans la période actuelle, avec l’espoir de vendre des dizaines d’ouvrage a de fortes chances de rentrer dépité. La tendance n’est plus guère à l’achat de bouquins en direct et rares sont les grandes vedettes qui remplissent les caisses de libraires servant de support aux transactions. Les achats sur les plateformes ou dans les librairies semblent tenir la corde pour les titres renommés alors que pour les « petits » il n’y a pas d’autres moyens que le contact persuasif pour espérer place quelques ouvrages.
Le défilé devant la table qui accueille ces bouquins souvent édités à compte d’auteur, c’est à dire dont le financement est assuré par celle ou celui qui écrit, a des allures des salles de bal d’antan. On attend que la lectrice (elles sont infiniment majoritaires) jette un regard intéressé sur le fruit de votre créativité. Difficile car souvent, très souvent, les acheteuses potentielles ne sont guère attirées par ce qu’elle ne connaissent pas. L’investissement dans un livre suppose une confiance à priori dans l’auteur. Sur quels critères ?
Il faut établir un contact pour espérer séduire et solliciter un brin d’intérêt. Pas facile ! D’abord parce que «l’écrivain » a parfois bien du mal à vanter son œuvre. S’il est persuadé que le résultat de son travail mérite l’intérêt il ne sait vraiment pas comment le « vendre ». Fier de ce qu’il pense vraiment pouvoir passionner son interlocutrice il tente en quelques mots d’éveiller un intérêt, une curiosité, une envie. La visiteuse tourne et retourne le livre, lit en silence quelques lignes du résumé, le repose et annonce : « je vais finir mon tour du salon ! ». Parfois elle revient et alors c’est une petite satisfaction.
Souvent dans une journée les « arrêts au stand » pour faire le, plein de lecture dépasse à peine une demi-douzaine. Devenu un camelot de l’écriture, le vendeur ne doit pas manquer une opportunité de séduire ! Il est aisé de sentir que la retenue actuelle repose sur le pouvoir d’achat. Sortir une vingtaine d’euros sur chaque table devient un acte nécessitant une vraie réflexion. Tous les secteurs culturels sont affectés par cette restriction sur ce qui ne paraît pas essentiel. « Entrer en tentation » semble passer de mode. On est donc de plus en plus dans la catégorie des salons de passage.
Dans les grands rendez-vous comme par exemple ce week-end à Brive où l’on faisait la « foire » quelques grands noms de l’écriture mobilisent des milliers de lectrices et de lecteurs. Cette année les Prix Goncourt et Renaudot étaient de la partie sur les trois jours ce qui garantit une fréquentation exceptionnelle. On y croise aussi des personnalités venant de tous les secteurs médiatiques d’une société reposant sur la notoriété. Quelques 400 auteurs ont été acceptés sur ce qui constitue l’un des plus grands rendez-vous du livre en France mais tous ne sont pas reparties avec un chiffre d’affaires suffisant pour seulement amortir leurs frais.
Dans une petite salle, les discussions de salon à taille humaine les moments de partage, même réduit en nombre, constituent le bien le plus précieux dont un auteur peut bénéficier. En ce qui me concerne je voudrais pouvoir offrir (et le je fais souvent) mes bouquins à toutes celles et tous ceux qui ont l’envie seulement d’échanger. Comme lorsque j’écris l’une de ces chroniques les réactions ou les dialogues de quelques « vaillants » du clavier parmi les centaines d’abonnés ou de lectrices ou lecteurs constituent la « récompense » quotidienne. Un « retour » quel qu’il soit sur un article ou un livre est du même ordre.
On écrit pour l’autre, pour lui donner le plaisir de quitter d’une certaine manière le quotidien. « J’ai besoin de livres gais et heureux » me confiait une jeune fille en difficulté. « Si votre histoire est tris et fini mal, je ne pourrai pas le lire ». Cette phrase entendu hier dans le village dynamique et sympa de Romagne m’a interpelé. Le besoin de bonheur s’accentue… Le rêve sous toutes ses formes constitue la nourriture essentielle d’une société angoissée. Les mots qui le portent éclairent la grisaille ambiante.
C’est probablement la raison pour laquelle les jeunes se précipitent sur les mangas. Avec 23 millions d’exemplaires vendus au premier semestre, les ventes de bande dessinée japonaise ont plus que doublé en France en trois ans en s’affichant comme le secteur «le plus dynamique» de l’édition, Le phénomène de la découverte de mondes irréels, fantastiques ou ésotériques correspond chez les jeunes en particulier à un besoin inquiétant. Les « danses du ventre » de salon ne les intéressent pas !
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Si je comprends bien ta proposition… « il ne nous reste plus qu’à écrire des mangas » ! J’sais pas faire… ! Que faire… !
On continue… à lancer nos bouteilles à la mer !
« Le phénomène de la découverte de mondes irréels, fantastiques ou ésotériques correspond chez les jeunes en particulier à un besoin inquiétant. »
J’ai souvent à la lecture d’une phrase, d’un mot une réminiscence de texte ou de poème qui énonce une pensée, une opinion. La phrase ci dessus m’évoque un vers du poème « Clair de Lune » de Paul Verlaine, que j’aime citer.
« Ils n’ont pas l’air de croire à leur bonheur
Et leur chanson se mêle au clair de lune, »
S’évader par le haut, un bonheur tout relatif, certes, mais justement, tout est relatif !
@ à mon ami J.J.
« S’évader par le haut… » c’est ce qu’il faut faire pour vivre heureux !
Si ma passion d’écrire a commencé en 2009, celle d’écrire des poèmes a jailli une fin d’après-midi de 2013 sur une route des Landes… avec un texte écrit d’un seul trait de plume, brut et sans retouches, que j’intitulerai… « Crépuscule d’automne ».
J’ai écumé bien des salons du livre de Bordeaux à Paris, en passant par Brive et Lyon bien sûr, mais jamais je ne n’ai pu rencontrer Montaigne et La Boëtie (originaire du Taillan-Médoc ou j’habite) – heureusement Jean Eimer! – ni Boulgakov, Le Maître et Marguerite, pas davantage Cervantès, Don Quichotte et Sancho Pança. Me reste les salons de coiffure pour espérer y croiser Beaumarchais.
Mes amitiés à tou(te)s.