Dans une période où l’on vide les campagnes pour tenter d’économiser l’argent nécessaire à faire survivre les services dévolus aux fonctions régaliennes de l’État et en éloignant la décision du citoyen, l’installation du siège régional de l’Association Laïque pour l’Éducation, la Formation, la Prévention et l’Autonomie (ALFPA) a une valeur exemplaire. Il aurait été facile d’acquérir ou de louer des locaux dans la métropole bordelaise pour aller dans le sens de cette recentralisation à marche forcée devenue tendance. Au non d’économies que rien n’a encore prouvé, le gouvernement Hollande avait fusionné et charcuté les régions pour leur donner une taille réputé « européenne ». L’ALEPA a opté pour le territoire rural davantage que pour celui d’une métropole.
La Nouvelle Aquitaine qui va du bord des Deux Sèvres à la frontière espagnole et des contreforts de la chaîne des volcans auvergnats au rivages de l’Atlantique a tenté de maintenir des « antennes » dans l’ancien Limousin et le pays Basque avec un empilage des services et des structures. On a fait presque comme avant en attendant que le temps érode les effectifs. L’ALEFPA installée historiquement par ses fondateurs de feu le Syndicat National des instituteurs a refusé la tentation du déménagement des territoires. La rationalité n’empêche pas le respect des origines.
Forte de des ses 450 salariés affectés à la solidarité humaine en Nouvelle Aquitaine (hors Esat de Pau) et avec un centre national de décisions à Lille, cette association du secteur de l’économie sociale et solidaire a volontairement investi dans la Creuse. Cette option explique probablement la présence lors de l’inauguration de la structure nouvellement créée de la Préfète et de la Présidente du conseil départemental. Outre le coté symbolique de la décision il faut en effet y voir une volonté d’aller à contre-courant en maintenant un lieu de pouvoir régional dans l’une de ces petites villes refusant de perdre leur tissu socio-économique.
L’immeuble construit se veut selon les propos du Président de l’ALEFPA « ouvert, écologique et connecté », un triptyque qui illustre ce que le secteur associatif apporte à la nation par sa déconnexion des principes du monde ultra-libéral. « Nous sommes résolument adeptes de l’application concrète sur le terrain de la charte engagements réciproques entre L’État, le mouvement associatif et les collectivités territoriales (1) qui vise à la complémentarité, à la transparence et à l’action concertée. Ce siège en sera l’exemple concret. » ajouta Michel Caron après avoir insisté sur la valeur essentielle de l’ALEPA qui reste « le faire ensemble ».
La Souterraine comme toutes les cités centres a traversé des moments délicats (non résolus) liés aux difficultés structurelles du peu d’industries qui subsistaient sur son territoire. « Le secteur de l’économie sociale et solidaire a l’un des taux les plus élevé d’emplois par habitant de France dans la Creuse » a expliqué le sénateur Jean-Jacques Lozach. « Nous savons donc pertinemment le rôle essentiel que joue l’ALEFPA dans le secteur du médico-social et l’aide aux personnes les plus fragiles de notre département. » Ces propos confortés par ceux de la Présidente du conseil départemental qui expliqua que « la multiplicité des secteurs d’interventions ainsi que la capacité d’adaptation et d’innovation des équipes de l’association constituaient un soutien de poids aux politiques de solidarité menée par sa collectivité ».
Dans l’un des territoires les plus ruraux de Nouvelle Aquitaine la Direction territoriale gérera depuis La Souterraine, coordonnera, pilotera et animera un réseau diversifié d’institutions : maisons d’enfants à caractère social, établissements de soutien et d’aide par le travail, instituts médico-éducatifs, instituts thérapeutiques, éducatifs et pédagogiques, centres médico psycho pédagogiques, foyers d’hébergement, accompagnement à domicile, services de soins de suite et de réadaptation… « Notre réponse essaie d’être à la fois globale et locale » souligna Michel Caron qui annonça « une adaptation du projet associatif national par des déclinaisons régionales »
Ce fut aussi l’occasion pour lui de renouveler sa demande en faveur de la prise en compte dans les négociations post-Ségur de la santé « tous les personnels qui œuvrent dans le secteur médical ou médico-social » soulignant « combien la situation était parfois tendue » en terme de « cohésion des équipes et de recrutement de personnels » Depuis La Souterraine lancer un tel appel c’est en France prêcher dans un « désert médiatique » tant justement la réalité creusoise comme toutes celles des secteurs concernés échappent au débat national.
Citant le Docteur Rieu dans La peste de Camus il rappela pourtant qu’à l’ALEFA l’essentiel était de « bien faire son métier » c’est à dire selon lui en travaillant « pour mais surtout avec les publics pris en charge » et étant « attentif aux autres », en « préservant l’environnement » tellement malmené et en préférant « l’intelligence collective à toute démarche individualiste ». Il posa une question qui mériterait bien des débats ; « qu’avons nous fait de la fraternité ? » Le matin du résultat des élections en Italie c’était presque de la provocation.
(1) Cette charte nationale a été signée 14 février 2014 et aurait dû être déclinée dans toutes les régions, les départements, les communes ou intercommunalités… Un vœu pieux
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« La Nouvelle Aquitaine qui va du bord des Deux Sèvres à la frontière espagnole et des contreforts de la chaîne des volcans auvergnats au rivages de l’Atlantique… » c’est à dire grosso modo pratiquement l’ancien territoire du duché d’Aliénor…. d’Aquitaine.
C’est bien beau l’Économie Sociale et Solidaire, mais c’est comme les moyens de produire individuellement de l’énergie (chauffe-eau solaires, éoliennes individuelles dans les secteurs favorables, puits canadiens etc.. les petits ruisseaux faisant les grandes rivières), mais ça ne rapporte pas de substantiels dividendes (pour ne pas dire éhontés) dans l’escarcelle des actionnaires !
Ce que je retiens de ce « Roue Libre » du jour, c’est le point final…
» (1) Cette charte nationale a été signée le 14 février 2014 et aurait dû être déclinée dans toutes les régions, les départements, les communes ou intercommunalités… Un vœu pieux »
Hélas ! Hélas ! Hélas!
Et après les lamentations, une question…
Qui sont les responsables de ce fiasco ?
Que Jean-Marie me pardonne, mais les sujets traités samedi, lundi et aujourd’hui, ne me permettent pas d’y glisser une « Hollandaise » ou une ‘Raffarinade ». Je les ai lus comme si j’avais lu les « Pensées » de Gleyze Pascal.
M… J’ai pas pu m’empêcher.