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Le pêcheur gardera la ligne faute d’anguilles

Robert se penche au-dessus du parapet du pont portant la piste cyclable surplombant de ce superbe ruisseau qu’est encore La Pimpine. « Il y a ici à la rencontre d’un petit affluent et de la Pimpine un trou d’eau » explique celui qui tient le poste depuis l’aube. Il faut comprendre que le fameux « trou » n’est pas autre chose qu’un affouillement provoqué par le courant plus costaud qu’ailleurs. Facile à constater : l’eau a une couleur beaucoup plus vert sombre qu’ailleurs. « Je change de lieu très souvent et surtout de type de pêche » explique celui qui commence à trouver le temps long. Il ne vient donc que de temps en temps. 

Visiblement Robert possède toutes les astuces lui permettant de traquer n’importe quel type de poisson d’eaux douces. « Comme j’avais envie de manger des anguilles ce matin je me suis installé ici car je sais qu’il y en a qui vivent dans les eaux les plus profondes sous le pont. J’en ai déjà attrapé. En ce moment, je ne sais pas pourquoi mais je vais encore repartir sans rien. » Il utilise la fameuse phrase des pêcheurs déptés: « ça ne mord pas aujourd’hui ! »

Tout a été pourtant calculé et son attirail spécialement choisi en fonction de l’objectif. « Je pêche les anguilles au tout petit gardon vif. J’ai posé deux lignes de chaque coté du pont. Pas une seul touche. Je pense que je ne vais pas tarder à rentrer ! Partout où je vais c’est pareil. » L’une des hypothèses que cet amateur éclairé avance réside dans l’impact des lgrosses pluies de juin. « Je pense que tous les poissons et même les anguilles ont été déplacés. Ils ne sont plus dans leurs milieux  habituels. Ici j’ai même sorti deux belles truites Fario d’une trentaine de centimètres il y a quelques semaines. Là rien ! Pas une touche ! C’est bizarre ! »

Il me raconte pour étayer l’explication de ses échecs son avaneture de dimanche dernier dans le Médoc. « Je taquinais le gardon dans les « trous » d’un petit ruisseau quasiment à sec sur la majeure partie de son cours. Je tombe sur un endroit avec un peu d’eau et beaucoup de vase dans lequel il y avait des centaines de gardons enfermés. Ils étaient tombés dans le piège de la montée puis de la baisse rapide du niveau du cours d’eau. J’en avais jamais vu autant dans si peu de place » Robert est vite revenu à son camping-car pour récupérer tous les seaux ou grands récipients qu’il y avait. « Avec l’épuisette j’en ai capturé au moins 250 de toutes les tailles qui manquaient d’oxygène. Il y avait aussi des perches et des tanches. J’ai rempli tout ce que je pouvais et je suis parti les lâcher dans le lac. Le temps du voyage une cinquantaine avait le ventre à l’air.  Sans mon intervention ils auraient crevé.» Il dit ça avec une certaine désolation.

Un œil sur sa ligne de fond il abandonne ses espoirs d’anguilles. « Quand on en capture une c’est selon sa grosseur très sportif car elle se débat et s’enroule autour du bas de ligne. Il faut couper le bas de ligne pour espérer la décrocher. Surtout qu’il y a  une certaine hauteur pour la sortir sur le sol. En plus les anguilles sont couvertes de mucus qui se dépose sur le fil et tout ce qu’elle touche. Leur pêche à la ligne n’est pas si facile que ça ! » Aujourd’hui il n’aura pas à se préoccuper de ce problème car il rentrera bredouille.

« Si elles sont grosses je les vide, je les pèle, je les tronçonne et je les mets sur le grill. Elles perdent leur graisse et sont bien meilleures. Les autres après la même préparation on les roule dans la farine et on les cuit à la poêle avec simplement de l’ail et du persil et ça se mange avec les doigts ! » ajoute Robert probablement fin gourmet. Je crois qu’il voit passer les poissons devant lui ! Le rêve gastronomique du pêcheur car il n’y a aucuen anguille sous les roches. 

Je n’ose pas lui confirmer que toutes celles et tous ceux qui ont tenté de « faire leur trou » le long du plus beau ruisseau du monde que reste pour moi La Pimpine, affluent de la Garonne qu’elle consent à renforcer à Latresne ont fait le même constat. Les goujons qui se planquaient sur les fonds caillouteux et qui étaient revenus ont eux-aussi disparu depuis le début juin. Les quelques gardons se sont évaporés.  Les variations extrêmes de niveau et de température de l’eau en sont probablement la cause. Demain Robert ira donc lancer le bouchon ailleurs… histoire de tuer le temps de la retraite. Il n’achètera pas d’anguilles : question de fierté ! 

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Dans un temps que les moins de cent ans au moins n’ont pas connu, une tradition culinaire, que l’on ne pouvait guère trouver ailleurs que dans les foires de Charente Maritime, consistait à déguster de petites anguilles « grillées, buffées à co d’chapia « . Traduire, des anguilles grillées sur un feu (de sarments généralement) activité par le cuisinier improvisé qui se servait de son chapeau comme d’un soufflet.

  2. Laure Garralaga Lataste

    @ à Bernie
    Si je comprends bien, il faut comprendre : que le plan d’eau risque d’être…  » contaminé par empoisonnement  » ! ?

  3. Laure Garralaga Lataste

    @ Bernie bonjour,

    Avec mes excuses pour cette réponse tardive. Nous savons, par expérience, mon ami Stéphane et moi, que la recherche d’informations demande : patience, pugnacité et courage…
    Il faut toujours garder dans un coin de sa tête cet adage  » Cherche ! Et tu trouveras ».

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