La ligne d’arrivée se profile…Les derniers mètres sont les plus longs même si on puise des ressources insoupçonnées dans l’espoir de boucler un marathon. Plus de 46 « bornes » posées sur le chemin de vie politique permettent à quelques commentateurs de me traiter de « baron (noir?) », de « cacique », « d’éléphant », de « figure » du Parti Socialiste. Je serai même un « déus ex machina » permanent de l’action politique locale ou départementale, une sorte de comploteur à la mode, un faiseur de reines ou de rois, un responsable de tous les avatars qui arrivent aux un.e.s ou aux autres. Ces dernières semaines est même apparu un terme flatteur : la « Darmianie », sorte de mafia dans laquelle je subodore un soupçon de racisme latent (1) .
En fait c’est bien méconnaître ma personnalité et ma manière d’être. Je n’ai jamais renié quoi que ce soit dans mon parcours dans la vie publique et j’assume absolument tout ce que j’ai accompli. Le périple n’a pas été un long fleuve tranquille et souvent, très souvent j’ai eu la tentation de rester sur le bord du chemin à regarder passer les autres, à servir les autres, à aider les autres, à apporter toutes les convictions aux autres. La seule vérité réside dans le doute permanent qui s’insinue et me taraude (ce qui ne semble plus en cette période une tendance très reconnue.) mais qui m’a permis de rester moi-même un enfant de Sadirac qui est resté fidèle à ses valeurs et ses convictions.
Entré en 1975 dans ce qui était le parti DES socialistes à la demande d’amis créonnais décidés à préparer les municipales de 1977 j’ai toujours été à…contre-courant de la majorité du PS. Un minoritaire permanent. Arrivé avec mes idéaux de Rocardien j’ai été vite animé d’une envie irrépressible de « convaincre » avant d’agir. Sur la rive-Droite entièrement vouée au Mitterrandisme cette attitude n’a pas contribué à une carrière sans soucis. Loin s’en faut. Une dissidence locale dès 1976 nous a valu aussitôt les pressions fortes de la Fédération. Jamais nous n’avons cédé. Jamais nous n’avons renoncé au combat qui nous paraissait juste. Les campagnes actuelles me paraissent de la roupie de sansonnet par rapport à celle de 1977 et les mots actuels sont dénués de sens.
Je ne suis donc resté qu’un an dans mon nouveau parti car la section de Créon fut purement et simplement dissoute par le conseil fédéral en janvier 1977. Je ne fus donc pas de la liste victorieuse conduite par Roger Caumont ce qui n’arrangea vraiment pas les liens entre la ville bastide et le Député PS de la 4° circonscription et son suppléant. Il faudra que les camarades de Tabanac nous accueillent pour que nous puissions exister après les municipales. Des mois plus tard une réunion musclée dans l’actuelle salle citoyenne de Créon nous permit de revenir sur la dissolution…et de retrouver une place pour quelques-uns d’entre nous. Un souvenir impérissable!
Toujours rocardien. Toujours minoritaire. Toujours oublié. Toujours suspecté. Toujours seul contre beaucoup. Toujours loyal avec les valeurs. Jamais je n’ai plié (n’est-ce pas Laurita) et je suis entré au conseil fédéral du PS girondin aux cotés de Pierre Brana pour défendre les principes de Rocard, Je m’y suis battu lors des congrès sans espoir de victoire mais j’ai mis un point d’honneur à participer loyalement à toutes les échéances électorales durant deux décennies. Je n’ai rien demandé, rien revendiqué, rien exigé, rien regretté. Je n’ai surtout pas tiré contre mon camp ou ceux qui m’avaient accordé leur confiance. Este-ce une tare ? je ne le crois pas. Il faut savoir ne pas avoir raison.
En 1982 je fus pourtant traduit devant de la commission des conflits pour avoir publié en tant que journaliste un article jugé « néfaste au PS ». Nouvelle exclusion. Cette sanction ne m’empêcha pas d’être élu en 1983 au premier tour conseiller municipal grâce à la confiance massive des Créonnais…et de travailler avec les élus nationaux, régionaux et départementaux qui voulaient bien de moi. Des centaines, des milliers d’heures de militant sur le terrain à défendre les valeurs qui étaient les miennes ou les nôtres ne s’effacent pas de ma mémoire ! J’ai commis plus d’erreurs sur les personnes que sur les idées.
En 1989 je décidais de me retirer de la gestion locale mais je fus maintenu après un psychodrame créonnais sur la liste municipale avec interdiction pour le maire de me confier la moindre responsabilité. L’intérêt général d’abord. Une autre campagne dure moralement et une autre victoire au premier tour. Je garde les tracts, les pamphlets, les lettres anonymes, les caricatures symboles de ce que l’on réservait aux « socialistes » soupçonnés de traîtrise idéologique permanente. Je n’ai jamais demandé le soutien du PS et en 1995 en prenant in-extremis la tête de liste aux municipales je trouvais dans le camp d’en face…des adhérents du parti qui m’avait réintégré ! J’ai aboandonné toute responsabilité fédérale et locale!
Mise en place de la parité intégrale bien avant qu’elle n’existe et continuité dans un mode de gestion communale conforme à ma vision rocardienne de la vie locale j’ai tenu le cap jusqu’en 2014 en respectant dès que je le pouvais le non-cumul des mandats. Pas un seul pas vers un quelconque poste autre que celui que les habitants me donnaèrent avec un pensée permanente : aussurer une relève conforme aux valeurs qui sont les miennes. A chaque échéance la liste des municpales a été majoritairement renouvelée avec des femmes et deshommes plus jeunes que le moins âgée de la liste sortante.
Je ne dois la légitimité de mon parcours qu’aux électrices et aux électeurs ( 9 élections au suffrage universel direct dont 7 au prmier tour sur 9 candidatures -battu en 93 comme suppléant de Bernard Castagnet) et au travail accompli et surtout pas à des désignations extérieures. La confiance ça se gagne chaque jour pas à pas. « Socialiste atypique » selon un article de Benoit Lasserre publié dans Sud-Ouest j’ai donc quitté depuis plus de trente ans les instances officielles du PS, j’ai officiellement retiré mon adhésion à ce parti depuis plus de 5 ans en désaccord sur la déchéance de la nationalité et on continue à me reprocher une sorte de pourvoir occulte inspiré par je ne sais quelle appartenance qui n’existe pas. A quelques jours de l’arrivée j’ai des crampes qui me retiennent et des ampoules au cerveau qui s’échauffent.
J’ai été écarté de la quatrième place des sénatoriales proposée par Philippe Madrelle en 2014 et je n’ai même pas été invité à la réunion de désignation des candidats 2021 aux départementales sur le canton. Je l’oublie pour l’intérêt des idéaux qui sont les miens Mes convictions sont pourtant intactes et ma loyauté à al majorité de Jean-Luc Gleyze n’a pas changé d’un iota comme c’était le cas en faveur de Philippe Madrelle. C’est ce que l’on me reproche probablement : la loyauté serait une tare ! J’ai simplement mis mes actes en accord avec mes paroles.
J’ai aidé une bonne trentaine de jeunes à entrer dans la vie publique et j’en sui fier… sans me soucier d’autre chose que de la relève. Certain.e.s en sont partis. D’autres avancent au gré des circonstances locales. Beaucoup ont oublié que c’est un « socialiste » malveillant qui leur a mis le pied à l’étrier. Tant mieux : ils s’émancipent ! Je suis désolé de ne pas avoir retourné ma veste ou d’être allé voir si l’herbe était plus « verte » ou les arbres de l’automne plus « rouges ». J’emmerde vraiment les donneur.neuse.s de leçons toutes faites qui nient la sincérité d’un engagement. L’avenir dira où il.elle.s seront dans 45 ans !
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Ouais! Jean-Marie, il est temps que tu t’arrêtes et tu sais pourquoi? Tu parles d’un marathon de plus de 46 « bornes ». Mimoun et tous les autres, en hommage au brave Phidippidès, n’ont jamais dépassé les 42,195 kms. Bien sûr qu’il est temps que tu t’arrêtes. Pour te connaitre bien, même si je ne sais pas tout, tu es un modèle à mes yeux que je ne voudrais pas voir partir par une porte dérobée sous les lazzis. Les socialistes, et surtout les humanistes te doivent un arc de triomphe. Tu n’es pas Faust mais Fausto et, dans cet univers où le numérique est tyrannique, j’invite tout un chacun à lire et relire tes Coppi. A commencer, même si c’est ta dernière oeuvre, par les « 9 vies d’Ezio ».
@ à Christian
Pas d’inquiétude, quand Jean-Marie n’aura plus « la tête dans le guidon », je peux témoigner qu’il va pouvoir savourer le plaisir qu’apporte la Liberté !
Non rien de rien ne regrette rien Jean Marie . Ton parcours est magnifique ainsi que ta droiture. Beaucoup n’ont, n’auront pas ton parcours et ton honnêteté. Sois fier de toi, et maintenant repos ou voyage de noce avec ton épouse je t’admire.
@ à Martine
Un précieux conseil que je partage.
Très cher Jean-marie,
La politique est une pieuvre qui détruit ton être ! Lorsque j’en ai pris conscience, je m’en suis éloignée et ainsi, ai pu reprendre goût à la vie ! Bienvenu au… « club des sages » même si, comme au PS, tout n’y est pas si rose… !
@ qui est Ezio et pourquoi 9 vies ?
A Bernie.
« Les 9 vies d’Ezio », c’est le dernier livre et premier roman de Jean-Marie. A lire absolument parce qu’on retrouve l’auteur dans toute sa splendeur. Je me flatte d’être son ami et, pour ça, je ne me désole pas qu’il veuille prendre du recul avec le monde politique. Je sais que l’écriture et la littérature ont besoin de lui.
@ christian
Merci pour cette information. Je vais essayer de me procurer cet ouvrage car dans ma campagne ravitaillée par les corbeaux il n’y a pas de librairie.
Il y a déjà quelque temps j’avais fait savoir au député de service qu’il serait bien de prévoir un bibliobus. Il est parti en campagne à Mont de Marsan pour les Régionales.