You are currently viewing La profession de mauvaise foi

La profession de mauvaise foi

Les mots employés sur ces papiers que l’on appelle « des professions de (mauvaise) foi » constituent des poisons violents pour la démocratie. Habilement utilisés ils constituent des tromperies manifestes destinés à flatter les ressentis négatifs d’un électorat sous influence. Ils constituent des armes contre la raison dont on ne mesure trop tard la dangerosité. Le problème c’est que comme personne ne les dénonce de peur d’être agressé ou pour protéger le confort procuré par l’indifférence, leur effet est d’une redoutable efficacité.

Le principe de la propagande c’est de donner à celle ou celui qui reçoit un message qu’il lui révèle ce qu’il pense sans avoir à le formuler. On y est !  L’un des mots préférés de la période actuelle est incontestablement celui « d’insécurité » qu’il faut coupler (et c’est le mélange idéal) avec « migrants »… Quand on actionne le levier de la peur auquel on ajoute celui qui est supposé en être responsable l’effet politique est garanti. Il suffit de les plaquer cote à cote et la bonne affaire se profile.

Un petit paragraphe ou une formule suffit à constituer un programme. Pour le document envoyé par « les candidats de Marine Le Pen on décline « Pris en charge des migrants » en trois phrases intéressantes à analyser. La première supercherie réside dans le fait que le Conseil départemental n’a aucune compétence dans l’accueil des… migrants. Elle relève irréfutablement des services de l’Etat qui doit en contrôler les flux, les situations administratives et les conditions d’accueil.

Alors derrière ce titre générique suffisamment large pour rassembler toute les haines xénophobes ou aviver toutes les angoisses vis à vis de celles et ceux qui se cherchent un avenir, on aligne quelques approximations. Le tract officiel, payé par les finances publiques (1) on ajoute « un mineur isolé étranger coûte 40 000 € par an au Département ». Le vrai problème c’est que les « mineurs isolés étrangers » n’entrent pas dans la liste des personnes dont la collectivité citée a la responsabilité. Oublié qu’il s’agit derrière les mots d’enfants ou d’adolescents de jeunes hommes en difficulté. Même oublié qu’il s’agit simplement d’êtres humains en détresse ou épuisé par des vies épouvantables. 

La confusion volontaire entre « mineur isolé » est « mineur non accompagné » sert de fonds de commerce à la propagande RN. Tous les rectificatifs ne servent à rien… sauf à se faire démolir car les certitudes ancrées dans les esprits ne disparaissent pas. Tant pis il ne faut pas renoncer. Le département de la Gironde comme tous les autres départements a en charge « l’aide sociale à l’enfance ». Ce n’est pas un choix politique mais une obligation légale !

L’ASE consiste en un service non personnalisé du département (art. L. 221-1 al.1 Code de l’Action Sociale et des Familles). placé sous l’autorité du président du conseil général (article L. 221-2 Code de l’Action Sociale et des Familles) Il s’agit d’une action sociale en faveur de l’enfance et des familles. Elle ne s’adresse pas à l’ensemble des personnes, mais aux familles qui ont des difficultés matérielles ou éducatives aiguës avec leurs enfants et aux jeunes dont les difficultés sociales risquent de compromettre gravement l’équilibre.

Le public visé par les mesures de protection de l’enfance en danger est donc plus large que les seuls mineurs. L’article. L. 221-1 al.1 1° Code de l’Action Sociale et des Familles évoque également les « mineurs émancipés et [les] majeurs de moins de vingt et un ans confrontés à des difficultés familiales, sociales et éducatives susceptibles de compromettre gravement leur équilibre ». Ainsi en Gironde ce sont 14 000 enfants accompagnés qui sont par l’aide sociale à l’enfance dont 5 800 sont confiés sur décision de justice. Le pourcentage de « Françaises et de Français » atteint 85 % 

Il n’y a parmi ces enfants ou ces adolescents aucun « mineur isolé » mais des jeunes arrivés sur le territoire français reconnus « mineurs » selon un processus long et sérieux (les tribunaux sont saisis en cas de doute) pour que leur soit donné, selon le terminologie des conventions internationales signées par la France le statut de « mineur non accompagnés » (MNA). Les mineurs isolés ne sont que celles et ceux qui refusent ou ne répondent pas à ce statut et dont l’État doit s’occuper. Ils sont dans les squats et sont souvent bassement et horriblement exploités !

« 60 % sont en réalité majeurs » ajoute la profession de mauvaise foi…Le mensonge est en effet grossier puisque s’ils sont « majeurs »… ils ne peuvent pas être accusés d’émarger à l’aide sociale à l’enfance. Surtout qu’ensuite on ajoute « ils sont responsables de l’explosion de l’insécurité » ce qui généralise sans que l’on sache qui est derrière le « ils ». Les « migrants » ? Les « mineurs isolés » ? Les « majeurs » ?

En ajoutant que « la prise en charge des migrants (sic) coûte plus de 80 000 000 par an à la Gironde » les « candidats de Marine Le Pen » on excite la révolte, la répulsion, la haine même, alors que rappelons-le le conseil départemental de la Gironde comme tous les autres en France traite simplement selon des modalités légales les enfants de son territoire… La propagande nauséabonde consiste simplement à transformer en « vérités » les plus fausses des affirmations.

(1) Rappelons que les professions de foi sont remboursées par l’Etat comme les affiches de panneaux et les bulletins de vote… ces contre-vérités sont payées par vos impôts ! 

Ce champ est nécessaire.

En savoir plus sur Roue Libre - Le blog de Jean-Marie Darmian

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Cet article a 15 commentaires

  1. Bravo Jean-Marie et à très bientôt te lire.
    Gilbert de Pertuis

  2. Bernie

    Bonjour tout le monde,
    Pour mettre un terme aux migrations, il faut arrêter les guerres inhumaines qui sévissent dans lees pays du sud. Lorsque l’homme marche sur la lune, c’est un exploit. Pourquoi ce ne serait-il pas possible d’arrêter les guerres dans ces pays du sud. ? . Il doit bien y avoir une solution !
    .

  3. Denise Greslard Nédélec

    Les mots employés laissent des traces… puisqu’au CLSPD (Conseil Local de Prévention de La Délinquance) de ma commune, Talence, j’ai entendu les même mots de MNA utilisés à tort et à travers, y compris par les « autorités » ! Je me suis permis une petite leçon de vocabulaire et de citoyenneté. Ne rien lâcher, malgré la lassitude parce que « Les loups sont entrés ….. » et pas que dans Paris !!!!
    Bises à toi, JMD !

  4. Bernie

    Les loups il y en aurait à peu près 600 en France. Les loups font beaucoup de dégâts chez les éleveurs de brebis. Il faut les détruire.

  5. Philippe Labansat

    Je méprise ceux qui comportent ces contre-vérités, et je méprise ceux qui les gobent.
    Houla ! Ça fait que je méprise au moins la moitié de mon pays…

  6. J.J.

    Le zozo, ancien militaire, qui tire sur les gendarmes, mobilise pour sa rechercher et sa « neutralisation »(sic) une véritable armée avec aviation légère et blindés, qui met en état de siège tout un secteur, c’es un MIGRANT, un MINEUR ISOLÉ ÉTRANGER ?
    Il ne contribue pas à l’explosion de l’insécurité ?
    Je développe peut être encore ma paranoïa complotiste, mais j’imagine assez facilement pour qui voterait ce type, si par hasard il se trouvait en liberté au moment des élections…

  7. lauré Garralaga Lataste

    Au fond de ma mémoire et de mon cœur, je garde toujours ce sentiment d’être venue… d’ailleurs !
    La plus grande des violences verbales fut reçue par ma mère… À compter de ce jour, je me suis promis : « plus jamais ça ! »
    Le désespoir vient de ce que « l’homme est un loup pour l’homme ! »… C’est quand l’Espoir ?

  8. Je ne peux m’exprimer au nom d’AREVE dont le bureau a les chiffres et toute la mémoire de notre asso d’accueil de réfugiés (car Bernie, il n’y a pas que les conflits armés et guerres civiles mais il y a aussi la faim et la misère, il y a aussi le totalitarisme) mais je peux dire que, depuis 2016, ayant vu passer, ayant accueilli, ayant aidé dans leurs démarches (etc)… des dizaines et des dizaines de personnes, seules ou familles, des continents Afrique et Asie mais aussi d’Europe, AREVE n’a connu qu’un seul cas d’indélicatesse. Quant aux MNA (merci Jean-Marie de ta mise au point), bien placé pour en parler, je ne peux que me louer de l’assistance et du contrôle -du suivi plutôt- de l’ASE. Écrivant cela, j’ai une pensée pour Emmanuelle Ajon qui, via facebook, se tenait au courant des études et de l’apprentissage d’un jeune Bengladais et avait toujours quelques mots d’encouragement lorsqu’ici ou là je la croisais.
    Ce post, Jean-Marie, arrive sur mon écran alors que je viens de dépouiller les documents électoraux déposés dans ma boîte à lettres par la mairie. La première accroche des candidats RN est celle des « 800 000 € »… Derrière ce slogan parachuté sur notre canton, je trouve ahurissant qu’à une population qui ne voit pas beaucoup de ces « migrants », sinon pas du tout, on détourne à ce point l’appel à voter pour une représentation, et des actions, de notre territoire au Conseil départemental. Je l’écris sans aucune naïveté…

  9. Bernie

    @ Bruno de la Rocque,
    Les conflits armés dans les pays du Sud coûtent très chers à la France en terme de déconstruction et en matériel militaire et bien d’autre chose dont je ne me souviens plus.
    Concernant les refugiés SDF, ces réfugiés sont-ils insérés dans la vie active ?. Je pense que l’arrêt des guerres dans les pays du sud devrait permettre un arrêt partiel de l’immigration.

    1. Un grand nombre des personnes ainsi exilées ne sont pas que des réfugiés de guerre. Nombre cas de figures, pas facile à vous détailler ici. Très souvent « politiques » ; soit opposition politique à un pouvoir totalitaire (soit parti unique exclusif, soit militaire, soit religieux) ou refus d’être le(la) porte-voix du pouvoir pour un(e) journaliste ; soit pour les pays africains entre autres appartenir à une ethnie autre que celle qui détient le pouvoir… et aussi bien venus d’un pays européen que d’autres continents. Évidemment, le lot de personnes (surtout Afrique subsaharienne) dans la misère et tombant dans les réseaux de passeurs… Autres cas : des jeunes ayant réussi à s’échapper de réseaux de travail pour enfants… Etc, etc. Mais, vous avez raison, les guerres sont de grandes pourvoyeuses d’exilés dont seul un tout petit nombre parvient en Europe (ou au naufrage et la mort en Méditerranée) : la guerre en Syrie est pourvoyeuse de centaines de milliers de réfugiés au Liban et en Jordanie ; la guerre au Sud Soudan idem pour des camps en Ouganda et au Kenya (pays qui eux-mêmes sont à la merci de déstabilisation politique, voire religieuse). Voyez les rapports des grandes ONG à caractère médical (MdM, MSF, Handicap International…).

  10. LAVIGNE Maria

    Lorsque je regarde les patronymes de certains candidats RN, je constate souvent qu’il viennent d’ailleurs, eux ou leurs parents ou grands-parents. Alors ont ils oublié leurs racines, pourquoi veulent ils fermer portes et fenêtres pour ceux qui souffrent ? J’ai beaucoup de mal à entendre certains propos. Je voudrais rappeler que plusieurs affaires récentes ont concerné des violences commises par des « blancs ». Pardon, je ne connais qu’une race, la race humaine et j’ai toujours pensé que le monde est plus beau coloré. Les enfants, à l’école, qu’ils soient blancs, jaunes ou noirs jouent ensemble, leur sang a la même couleur, alors oeuvrons pour la paix et l’amitié entre les peuples. Pas de frontières pour l’argent, alors pourquoi les humains ne bénéficieraient pas de la même possibilité.

      1. LAVIGNE Maria

        Bonjour Bruno ! Amitiés

Laisser un commentaire