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On s’échauffe dans la guerre froide

L’Arctique devient le continent le plus suivi en raison des enjeux multiples que représente pour la planète son avenir. Les frictions entre la Russie et les États-Unis alimentent une certaine angoisse sur le retour de la guerre…froide. Un enjeu encore une fois économique majeur en raison des matières premières supposées qui existeraient sous la banquise auquel s’ajoute une question stratégique essentielle.

Dominer cet espace de glace et ses eaux, permet d’accroître un peu plus son hégémonie planétaire. La zone, délaissée dans les années 1990 et 2000, est redevenue un centre d’intérêt russe en 2007, avec notamment ses ressources en pétrole et en gaz et ses différents détroits, stratégiques pour le commerce mondial. Dans le cadre des pénuries énergétiques qui se profilent l’Arctique prend une importance particulière d’ici la fin du siècle.

Pour le moment les deux camps montrent leurs muscles. Des manœuvres militaires russes, initiées par Poutine deviennent de plus en plus plus nombreuses dans la zone. Ces mouvements autour de la base modèle « Trèfle Arctique » sur l’archipel François-Joseph  inquiètent côté américain car elles traduisent une volonté affirmée de contrôle de la région et surtout des nouvelles voies navigables ouvertes par… le réchauffement climatiques. La fermeture récente du Canal de Suez a redonné un intérêt accru au fameux détroit de Béring qui peut devenir un passage essentiel vers l’Asie !

Autour de la route maritime du nord permettant de rallier l’Asie à l’Europe en passant par l’Arctique se joue une part de l’avenir du trafic entre… la Chine qui s’intéresse de très près à l’Arctique et l’Europe. La Russie considère que le détroit de Béring, passage du nord-est de l’Arctique entre l’extrême-orient russe et l’Alaska, est entièrement composé d’eaux intérieures, quand les États-Unis évoquent de leur côté des eaux internationales, dans le respect des textes de la Convention internationale.

Une querelle qui éclipse le vrai problème de l’Arctique, celui de son éventuelle disparition. Ainsi un iceberg, baptisé A-76, d’environ 170 km de long sur 25 km de large, pour une surface totale de 4.320 km2 s’est détaché dans la mer de Weddell de la banquise. Avant cet événement le plus gros était le A-23A, d’une surface de 3.380 km2. Un satellite a pu l(identifier et suivre sa séparation commencée il y a une semaine.

Les ruptures de ce type se succèdent à un rythme inquiétant. Même si la formation des icebergs est un processus naturel, le réchauffement de l’air et des océans contribue à l’accélérer. Or si la planète s’est réchauffée de plus de 1°C depuis l’ère pré-industrielle en raison de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre provoquées par les activités humaines l’Arctique s’est réchauffé deux fois plus vite.

Au nord, l’Arctique s’est en effet réchauffé trois fois plus vite que la planète depuis 1971, bien plus vite qu’on ne le pensait jusqu’à présent : tel est le constat d’un rapport du Programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique (Amap). L’augmentation générale des températures sur la planète est cette fois tout à fait à blâmer. En moins d’un demi-siècle, de 1971 à 2019, la température moyenne annuelle dans cette région a grimpé de 3,1 °C quand la planète se réchauffait au même moment de 1 °C. La précédente actualisation, datant de 2019, indiquait que le réchauffement dans l’Arctique atteignait « plus du double de la moyenne mondiale », un écart encore accentué en hiver.

La situation devient puisque cette calamité climatique renforce l’intérêt des grandes puissance pour cette partie de la Terre. Les matières premières sont plus facilement accessibles et les voies navigables plus longtemps praticables… ce qui exacerbe les convoitises. D’autant que si rien n’est fait les températures moyennes de l’Arctique devraient d’ici la fin du siècle grimper entre 3,3 °C et 10 °C au-delà de leur moyenne sur la période 1985-2014.

Chaque année, l’Antarctique perd presque 200 milliards de tonnes de glace en dehors de ces icebergs. Un milliard de tonnes représente à peu près un kilomètre cube. Ce sont des choses très importantes qui devraient être au centre des négociations entre les USA et les Russes. Or leurs préoccupations sont ailleurs… comme les récentes négociations de Reykjavík l’ont démontré. Nul ne sait si les autorités présentes à ce rendez-vous ont mis l’un ou l’autre, lors de l’apéro un glaçon dans le Bourbon ou la vodka!

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Cet article a 7 commentaires

  1. facon jf

    bonjour,
    « Ce sont des choses très importantes qui devraient être au centre des négociations entre les USA et les Russes. Or leurs préoccupations sont ailleurs…  » dites vous et vous avez bien raison. pour preuve cette étude sur ce qui nous attends avec ce problème.
    https://global-climat.com/2021/05/11/antarctique-risque-de-forte-elevation-du-niveau-de-la-mer-au-dela-de-2c/
    Dans cette étude figure la raison du manque d’empressement des gouvernements actuels  » Même si le réchauffement climatique est limité à 1,1°C, le niveau actuel, l’élévation du niveau de la mer dû à l’Antarctique ne cesse pas. Au lieu de cela, elle continue lentement pendant des siècles, sans s’arrêter. Cela correspond à ce que nous savons du passé de la Terre. Dans le dernier interglaciaire, par exemple, lorsque le niveau de la mer s’est stabilisé à 6-9 mètres plus haut qu’aujourd’hui, il a fallu plusieurs milliers d’années pour atteindre ces niveaux. »
    C’est bien en filigrane le même constat que le votre , considérant les masses gigantesques que représente la calotte glacière l’inertie calorifique mettra des milliers d’années pour s’inverser. Derrière cette réalité géophysique se cache la disparition des masses de glace sur la plaque antarctique. Du point de vue géologique; cette masse ( de la plaque antarctique) s’est enfoncée de plusieurs centaines de mètres dans la lithosphère sous le poids des glaciers. Une fonte de la calotte entraînerait une remontée du continent à long terme, d’où une hausse supplémentaire du niveau des océans puisque c’est tout une mer qui sera chassée de la zone par l’élévation de la croûte terrestre. Les emmerdes ça vole en escadrille disait Chirac, on peut imaginer les conséquences telluriques pour les continents habités et la libération d »énormes quantités de méthane et de gaz carbonique contenus dans les clathrates* actuellement à plus de 1000 mètres de profondeur mais qui se retrouveront près de la surface si la calotte fond en majeure partie.
    Rien ne presse, nous sommes sur des prévisions à l’échelle de plusieurs siècles (millénaires ); les Maldives viennent juste de mettre en service plusieurs aéroports , tous situés au niveau de la mer.
    « Est-ce en remettant toujours au lendemain la catastrophe que nous pourrions faire le jour même que nos l’éviterons ? D’ailleurs je vous signale entre parenthèses que si le gouvernement actuel n´est pas capable d’assurer la catastrophe, il est possible que l’opposition s’en empare ! »
    Raymond Devos
    Bonne journée tout le monde ( en sursis )
    Voir sur https://citations.ouest-france.fr/citation-raymond-devos/remettant-toujours-lendemain-catastrophe-101971.html
    * Un clathrate, du grec κλαθρον (klathron) qui signifie « fermeture », est un composé d’inclusion formé d’une molécule ou d’un réseau de molécule dites « molécules hôtes », qui emprisonne une autre molécule, dite « molécule incluse »
    L’hydrate de méthane, la « glace qui s’enflamme » est le clathrate le plus connu du public. La structure hôte est un réseau cristallin de molécules d’eau formant des nano-cages emprisonnant des molécules de méthane. Il est connu comme source de méthane, puissant gaz à effet de serre comme pour d’autres propriétés étonnantes.
    Lors de la catastrophe de Deepwater Horizon, c’est la formation de clathrate dans le matériel disposé au-dessus de la tête de puits qui a empêché son fonctionnement. (source wikipedia.org)

  2. Laure Garralaga Lataste

    Quand on pense qu’en 1867, les Russes ont vendu l’Alaska aux Américains pour une somme s’élevant à 7 millions de dollars !
    Ils doivent aujourd’hui s’en mordre les doigts !

  3. Laure Garralaga Lataste

    Je m’interroge : les Russes mettent-ils un glaçon dans leur vodka, et les Américains dans leur bourbon ?
    Ce qui est sûr, c’est que les Français ne mettent jamais d’eau dans leur vin !

    1. Bernie

      Si, il faut mettre de l’eau dans le vin.

      1. Laure Garralaga Lataste

        à Bernie… Je parle bien des Français ! Car nous, les Françaises on le sait bien…

        1. François

          Bonjour @ LAURE GARRALAGA LATASTE !
          Vu l’état délabré du commerce de ces dernières années, les Français (!) mettent … sûrement plus d’eau que de vin ! ! !
          Respectueusement.

          1. Laure Garralaga Lataste

            à François (dérivé de France et de Français)
            Je ne choisirai pas la contradiction mais j’espère qu’ils sauront résister à ce sacrilège, surtout en Bordelais… !

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