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La fracture culturelle va s’élargir

La pauvreté culturelle n’est jamais prise en compte dans l’évolution de notre société. Autant il est aisé de mesurer un niveau de vue financier autant on se heurte à une impossibilité à évaluer les dégâts causés par l’absence de contact avec le monde enrichissant de la culture. Souvent il est confondu avec celui de l’enseignement alors qu’il a une toute autre dimension.

Les comportements extrémistes traduisent souvent un niveau culturel extrêmement faible. Il n’y a aucun mépris dans ce constat mais simplement la preuve d’une évolution du monde vers un appauvrissement général des esprits.

En France le nombre des analphabètes qui  n’ont pas appris à lire et à écrire dans la langue du pays où ils vivent, pour la simple raison que, bien souvent, qu’ils ne sont pas allé à l’école est extrêmement alarmant. Il est extrêmement difficile de trouver des statistiques de cette situation qui ne concerne pas nécessairement les seuls migrants.

Les jeunes scolarisés qui n’ont ni la maîtrise de la lecture et de l’écriture sont pour leur part classés dans la catégorie des illettrés. Les adultes qui ont perdu les maigres acquis qu’ils avaient obtenu y sont également comptabilisés.

Dans la métropole on évalue leur nombre à plus de 2 500 000 millions de jeunes ou d’adultes soit environ 7 % de la population française adulte âgée de 18 à 65 ans avec 60 % chez les hommes et 40 % chez les femmes. La moitié d’entre eux travaillent et a plus de 45 ans.

Il est également totalement faux de lier l’immigration à cette situation illettrisme. Au contraire bon nombre des jeunes arrivant sur le sol français (surtout les filles) apprennent très vite à manier la langue française écrite ce qui leur permet de progresser.

Parmi les gens n’ayant pas la maîtrise de la lecture ou de l’écriture la moitié se trouve dans les zones rurales ou faiblement peuplées et ont vécu dans des familles où l’on parlait, au moment de leur entrée au cours préparatoire, le français. Quand on sait que près de 15 % de la population avouent ne lire aucun livre on ouvre un champ particulièrement vaste.

La période actuelle ne va pas améliorer la situation. Les lieux culturels pouvant ouvrir les esprits ou simplement inciter à la découverte des créations des autres tournent au ralenti ou sont même parfois fermés.

Seule la lecture semble profiter de la situation avec en 2019 une augmentation des ventes de 2 %. ce qui démontrer qu’il y a une formidable besoin de s’évader de la pression du quotidien. Dans tous les autres secteurs les baisses sont dramatiques et traduisent un repli sur soi qui risque de se révéler désastreux à terme.

A priori la France ne va pas vers un retour à une liberté réelle de déplacement. Il est même possible que les restrictions soient aggravées de manière imminente ce qui va encore aggraver la fracture culturelle. Si la pandémie se poursuit, l’école tiendra tant bien que mal mais durant des mois le peu de supplément dont on besoin des générations va s’estomper et disparaître.

Bien entendu la tendance à l’augmentation de la pauvreté matérielle n’arrangera guère ce contexte. Mais la conjugaison des deux va profiter aux exploiteurs des faiblesses de notre système social.

Récemment j’ai plaidé dans une instance sociale l’attribution de chèques culture de « proximité » pour inciter les bénéficiaires à retourner vers ce qui enrichit et valorise. Une telle mesure devrait être démultipliée afin de relancer l’envie de sortir d’une spirale infernale d’appauvrissement des pans entiers de notre société.

Le conseil départemental va devoir trouver plus de 10 millions d’€ alors que ses recettes ont chuté de 60 millions pour simplement faire face à l’accroissement des inscriptions au RSA. Il a débloqué un millions pour tenter de soutenir le monde associatif… car il est saigné financièrement par des mesures gouvernementales totalement absurdes. Comment convaincre que ces sommes conséquentes auraient un intérêt dans le domaine de la culture ?

Lorsque les espaces de culte avec leurs offres limitées et orientées deviennent de fait les seuls « ouverts » dans des zones d’acculturation massive. Ce phénomène mettra des années à disparaître or il est à la base de bien des excès constatés. Quand le religieux, quel qu’il soit, s’érige en guide culturel les dérives sont partout dramatiques.

Ce champ est nécessaire.

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Cet article a 3 commentaires

  1. J.J.

    Encore une foi, je vais passer (mais c’est devenu une habitude) pour un vieux radoteur, en regrettant, au moins pour certains aspects, la suppression du service militaire. Cette contrainte imposée aux jeunes gens avait de très gros inconvénients, son but premier, d’ailleurs : former des gens susceptibles d’être amenés à des actes violents et mortifères.

    Mais il avait aussi des avantages : rencontre entre des populations, des cultures, des professions diverses. Rencontre aussi simplement avec  » l’autre » et souvent développement de l’esprit de camaraderie. Parfois découverte de nouvelles régions (ceux qui à 20 ans ont découvert les Aurès s’en seraient cependant bien passés).

    Mais j’ai vu également arriver des jeunes complétement illettrés, pris en charge par leurs camarades de chambrée, et qui ont appris à lire et à écrire, au moins un embryon de culture . Belle expérience à laquelle j’avais été cependant « invité » par la hiérarchie à ne pas participer. Il paraît que j’avais des tâches plus importantes à accomplir !

  2. Bruno DE LA ROCQUE

    Le commentaire de J.J. est intéressant. Au passage, je le remercie pour sa mention « s’en seraient bien passés » concernant ceux dont j’ai fait partie[*] (il était très difficile d’y échapper, hors la réforme d’emblée à la « révision ») sauf peut-être à être vraiment pistonné ou… à déserter (le statut d’objecteur n’existait évidemment pas du temps des guerres de décolonisation). Le brassage, le mixage social et culturel des chambrées était clairement inscrit dans le passé du service militaire (du « faire son régiment ») lorsque J. Chirac décida la suppression de ce dernier. Entre la réforme, l’objection de conscience et les détachements en coopération, parfois sans même passer par la case des « classes », le SM strictement militaire était devenu très inégalitaire. L’interface armée/nation s’estompait.
    Je ne sais jamais si exprimer cela relève d’une certaine nostalgie, ou de regrets de citoyen, on seulement d’un constat froidement exprimé…
    Pour en revenir à ce qu’exprime J.J. des chambrées, lors des trois jours d’immobilisation qui suivaient la première des injections de la TABDT (devenue DDTAB), alors que, très fier, j’en étais resté à Michel Del Castillo avec Tanguy et La guitare, un vis-à-vis de chambrée me serina avec Nathanaël… et me fit découvrir André Gide dont, à l’époque, certains engagements en avaient fait un auteur dont on ne m’avait jamais parlé… Et m’amena à Alexis Carrel, ce qui aujourd’hui doit paraître désuet en même temps que choquant eu égard à mes engagements depuis. Il me fit également découvrir Aragon (ce dont mes parents se seraient bien gardés de m’entretenir ☺). Par la suite, j’ai -toujours en chambrée- fait des topos sur « la matière » (j’ignorais à l’époque le boson de Higgs et l’ « interaction forte » ; il n’empêche !!!).
    Ce dont je me souviens, c’est l’aspect hygiène et activité physique, souvent négligées, voire ignorées, par les grands ados arrivés à l’âge de bidasse…

    [*] Pour moi (sur 27 mois et dix jours), après l’Algérie proprement dite, ce fut le Sahara pour encore 14 mois. Honnêtement : je ne sais pas si j’y serais allé un jour dans ma vie, autrement que l’effleurer en touriste par Tozeur en Tunisie ou Ouarzazate au Maroc… Dans les années qui ont suivi, je relisais Joseph Peyré, Pierre Benoît… J’ai acheté des livres de photos du Sahara, celles des ergs et des oasis, celles du reg et de la hamada. Bien plus tard, mauvais esprit que je suis , j’ai adhéré au slogan « padak ! » visant un certain rallye…

  3. Laure Garralaga Lataste

    Pour prolonger ces commentaires de JJ et de mon ami Bruno… Sauf, comme Pierre, à tomber sur un super toubib qui, découvrant une grave scoliose et sa petite famille (marié + un enfant) le réforme… !

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