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Ce sont des comportements qu’il faut déboulonner

On déboulonne des statues afin d’effacer des mémoires des personnages ayant d’une manière ou d’une autre contribué au développement de l’esclavage ou des idées qu’il sous-tendait. La polémique fait rage autour de ces initiatives qui cherchent à attirer l’attention sur le passé. Il semble pourtant que si elles ont leur importance il faudrait aussi avoir la même motivation pour éradiquer de multiples maux similaires dans le monde actuel. L’ouverture d’un procès en France sur des faits révélateurs de la face cachée de l’esclavage qui existe de manière plus ou moins secrète.

Il est très rare que la réalité du travail forcé émerge dans un monde libéral car les contrôles sont considérés comme des entraves à l’action économique. Les enquêtes se raréfient, les inspections dans le milieu du travail, les suivis des tous les milieux professionnels marginaux dépendent du nombre de fonctionnaires en baisse constante. Du coup des secteurs profitent de situations de précarité extrême pour mettre en place des pratiques inhumaines exploitant la faiblesse des individus qu’ils recrutent. La notion d’esclavagisme débute avec une exploitation des hommes par d’autres hommes sans aucun contrôle collectif sérieux.

Une affaire révélatrice de ces phénomènes que personne ne voulait voir arrive par hasard devant la justice moderne. Elle est particulière en raison du nombre de victimes concernées, que par l’importance du nombre de personnes poursuivies. Ce qui est frappant c’est qu’elle n’est pas le fruit d’un suivi réel des autorité mais simplement celui du hasard. Bien du monde savait mais détournait le regard jusqu’au jour pour une rixe entre communauté les gendarmes appelés mettent à nu un système esclavagisme moderne.

Lors de cette banale intervention chez un prestataire viticole dans la Marne, de nombreux travailleurs clandestins sont découverts dans des conditions de vie épouvantables. Soumis à des cadences quotidiennes de 12 heures non stop de travail, peu ou pas rémunérés ils dormaient à même le sol, faute de matelas, dans des locaux insalubres, avec seulement l’eau froide, mal nourris.L’enquête menée a permis quasiment en flagrant délit de mettre en examen pour « travail dissimulé aggravé et recours au service d’une personne exerçant un travail dissimulé aggravé », « emploi d’étrangers sans titre », « conditions d’hébergement indignes » et « traite d’êtres humains ».

Ces « entrepreneurs » se déplaçaient en région parisiennepour recruter des hommes en situation de grande précarité. Ils employaient surtout des hommes originaires d’Afrique ou de d’Afghanistan, Des gens qui n’avaient rien et espéraient seulement pouvoir travailler car ils n’étaient pas autoriser à le faire légalement.

Les dirigeants de trois sociétés spécialisées dans la fourniture de main d’œuvre pour les travaux dans les vignes en lien direct ou indirect avec de grandes maisons de champagne se retrouvent devant le tribunal. Par contre les donneurs d’ordre qui « ignoraient tout de ses pratiques » ont été exonérés de comparution.

À l’issue de l’enquête, de nombreuses saisies financières et immobilières ont été réalisées mais les dirigeants des entreprises concernées affirment n’être pour rien dans ces conditions de vie et de travail. Est-on certain que ce sont les seuls sur le territoire français ? J’en doute !

Le vrai problème c’est que tous les rapports le confirment ce genre de pratiques existent, peut-être de manière moins outrancières dans des pans entiers de l’économie européenne. La mafia en Italie exploitent des terres agricoles à grande échelle sur lesquelles elle utilise de la maind ‘œuvre dans des conditions similaires à celle de la France.

A la mi-juin les autorités italiennes ont menéune opération d’ampleur dans 14 exploitations agricoles dans les provinces de Consenza (région Calabre) et Matera (région Basilicate). Soixante personnes ont ainsi été interpellées et les 14 exploitations saisies. Elles sont soupçonnées de faire partie de groupes criminels organisés, se livrant à l’exploitation illégale de travailleurs et à l’aide à l’immigration clandestine.

Il en est de même en Espagne où la pénurie de main d’œuvre pour les récoltes conduit à faire appel à des milliers de migrants non-déclarés, mal payés et dans l’incapacité d’être logés. La fermeture des frontières a sensiblement compliqué les arrivées « officielles » des pays d’Europe de l’Est et du Maghreb.

Le déboulonnage des statues est une action visible. La dénonciation des honneurs rendus il y a quelques siècles à des esclavagistes en est une autre. Mais le sort actuel de milliers d’êtres humains à coté de chez nous motive-t-il autant de monde. La loi rien que la loi et toute la loi : pas certain que le principe soit appliqué avec la même rigueur pour tout le monde.

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Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Pour être cohérent, si l’on déboulonne les statues de tous les personnages historiques ayant encouragé ou toléré l’esclavage, il faudra remonter à l’Antiquité grecque et romaine, périodes où cette pratique était courante…..

    Bel ouvrage en perspective, peut être une nouvelle profession à créer ?

    On pourrait peut être commencer par éradiquer des pratiques contemporaines, qui, sans être ouvertement esclavagistes s’en rapprochent fortement et ont les mêmes effets pour ceux qui y sont soumis.

  2. Bernadette

    Trouver de la main d’oeuvre agricole en France est très difficile. Je ne suis pas étonnée.

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