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(In)dépendance, autonomie et résilience : un vieux menu

Le monde d’après qui aura bien du mal à se mettre en place en raison des verrouillages portés par les gens qui comptent siégeant forcément à Bercy n’évitera pas un vrai débat sur le financement du cinquième risque. La perte d’autonomie et les solutions qu’elle suppose va être considérablement aggravé par la crise sociale. Les solutions d’avant la pandémie ont atteint leurs limites… et leurs faiblesses dans un contexte pouvant régulièrement se reproduire.

Tous les systèmes ont craqué. Les Établissements d’hébergement mal préparés et surtout fort démunis en matériel de protection ont traversé des moments délicats en raison de la longue période de confinement. C’est indéniable. Il y a eu une flagrante inégalité face à la pandémie. Le départ des personnes âgées dépendantes de leur domicile vers ces lieux de regroupement va devenir psychiquement de plus en plus difficile. Les gens âgés vont vivre dans la crainte d’y finir leur vie pour plusieurs raisons.

D’abord l’accessibilité financière pose des problèmes aux futurs résident.e.s puisque le secteur marchand met la pression constante sur les tarifs. Certes certain.e.s retraité .e.s possèdent encore des revenus susceptibles de faire face à des prix de journée démesurés. Pour les pensionné.e.s ne bénéficiant pas d’un niveau maximum la contribution des enfants et même parfois des petits-enfants devient indispensable ce qui freine la décision de quitter la « maison ».

Ensuite il faut convenir que les conditions de vie dans bon nombres des EHPAD n’offrent pas des perspectives affriolantes. La coupure sociale constitue une profonde blessure psychique et la période récente autour du risque de contamination a nettement renforcé l’angoisse d’isolement définitif. Il existe pour un grand nombre de personnes et il faudra concevoir de manière différente les établissements de demain avec des habitats mixtes, des villages d’autonomie, une vraie mixité intergnérationnelle…

Enfin la transition entre le placement dans ce que bien des gens continuent à appeler à tort des « maisons de retraite » et le véritable danger que représente le maintien au domicile sans services d’assistance, reste trop peu évoquée. De nouvelles solutions de lieux d’autonomie assistée et solidaire doivent émerger rapidement avec la possibilité d’innover hors du carcan des tarifications forfaitaires globales qui n’a plus de sens.

Dans les prochains mois le texte sur la dépendance contiendra la création d’une cinquième branche « autonomie », vise à une convergence plus forte entre personnes âgées et handicapées. La caisse du lundi de Pentecôte (CNSA) a déjà rendu son avis sur un énième texte. Sur la cinquième branche – donc le projet de rapport au Parlement dans la version, là encore, des projet ayant le même manque que tous les précédents : son financement. Alors on emberlificote les propositions car les Ministères cherchent à refiler la patate chaude à tous les budgets possibles sauf sur la solidarité nationale collective. Les regards se tournent…vers les départements pourtant has been!

Le conseil d’administration de la CNSA financeur actuel en lieu et place de l’Etat de la dépendance a énoncé ses exigences d’ordre général rassemblées dans un avis intitulé « les principes essentiels qui doivent guider la mise en œuvre d’une grande loi autonomie »

Il exige que la gouvernance soit assurée par les parties prenantes au niveau national et territorial, mais surtout il préconise une approche domiciliaire (y compris en établissement) « qui appelle une transformation de notre offre médico-sociale, dans une logique de décloisonnement et de réponse aux aspirations de nos concitoyens, reconnaissant la spécificité de leurs besoins ». Pour ma part j’ai déjà proposé déjà à l’EHPAD public de Créon de préparer la gestion expérimentale de 6 lits externalisés… chez les résident.e.s pour un rapport inversé : l’établissement va vers les gens et non l’inverse. Les accueils familiaux sont également à développer et à privilégier très vite avec des allégements de contraintes sans aucun intérêt.

La convergence des politiques pour les personnes âgées et les personnes handicapées devient pour la CNSA indispensable (le département de la Gironde a anticipé en installant une plate-forme mutualisée) commune. Tout comme la revalorisation salariale de personnels allant au domicile domicile car elles ont un rôle essentiel dans la santé morale et physique des gens qu’elles ont en charge.

Il faudra également réunir l’ensemble des financeurs des politiques de l’autonomie par un pilotage concerté dans le cadre d’une loi de programmation. Bien évidemment une réduction significative du reste à charge sera la seule solution pour assurer un libre accès de tous aux services proposés.

(1) le bandeau : village alzheimer des Landes

Le sujet sera au cœur des préoccupations des moins jeunes certes mais aussi des jeunes qui ont vécu à travers leurs parents ou leurs grands-parents la crise sanitaire. Il faudra donc dans les prochains mois tirer les enseignements de ce qu’il vient de se passer, réveiller, innover, oser, convaincre et plus encore vérifier que les mots d’une loi ont une autre portée que celle des déclarations ministérielles. On n’est pas habitué à ce qu’il en soit ainsi !

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Cet article a 5 commentaires

  1. Philippe Labansat

    Personnellement, je sais très bien que mes revenus ne me permettront pas d’envisager un séjour en EHPAD, aussi court soit-il.
    De plus, j’ai bien l’intention de transmettre à mes enfants, le maigre capital que j’ai pu construire, et certes pas de le redonner à l’Etat ou aux heureux actionnaires de Korian, Orpea, DomusVi, Colisée ou Domidep.
    Aussi, non seulement je milite pour que notre pays ait enfin le courage d’autoriser l’euthanasie active (comme ont très bien su le faire la Belgique ou la Suisse), mais aussi pour que l’on donne à tout un chacun les moyens de tirer sa révérence, sans souffrance et avec élégance, quand, en pleine possession de ses capacités de jugement, il estime que le moment est venu…

  2. J.J.

    Bon, je dis plus rien, Philippe Labansat a encore répondu avant moi…

    J’ajouterai cependant quelque chose : » La caisse du lundi de Pentecôte (CNSA)  » qui n’est ni plus ni moins qu’un retour de la corvée, abolie à la Révolution, et que quelques rafarinesques économistes veulent multiplier, pourquoi cette caisse n’est -elle abondée que par les seuls salariés ?
    Les professions libérales ne font pas partie de la population ?
    Les commerçants, notaires, médecins libéraux etc… ne vieillissent pas ? Ils ne coûtent rien à la collectivité ?

  3. Puyo Martine

    Bonjour,
    Quel sujet angoissant pour ce dimanche de Juin. Vieillir ce n’est pas réjouissant, mais bien vieillir dans de bonnes conditions c’est un souhait légitime, mais les perspectives qui s’ouvrent à nous, sauf si on a des revenus exceptionnels, demandent réflexions. Le mieux c’est de pouvoir rester chez soi le plus longtemps possible à condition d’être en état de le faire. En ville c’est peut être mieux structuré mais en campagne il y a beaucoup à faire. Il faudrait envisager des grandes maisons partagées avec pièces privatives et parties communes et un jardin pour faire pousser des fleurs et des légumes. Ces maisons pourraient être rattachée à une maison de santé pour un suivi médical.

  4. Philippe Conchou

    « il n’y a rien de plus certain que la mort et rien de plus incertain que l’heure d’icelle » est-il écrit dans les testaments du 18ème siècle.
    Alors profitez sans penser au lendemain, et faites du vélo, ça fait mal aux jambes mais c’est bon pour la santé.

    1. J.J.

      Alors profitez sans penser au lendemain….
      C’est aussi une option : « Carpe diem, quam minimun credula postero…. »

      Je suis plus voltairien, et attrape des courbatures à cultiver mon jardin.

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