De ma fenêtre de vieux confiné toujours en souffrance du dos, j’ai guetté ce matin la rentrée des classes. Vous savez ces bandes joyeuses d’enfants qui, se retrouvant après deux mois de vacances, arpentent les rues du village (je crois que je date là!) en devançant les parents bavardant paisiblement sur leurs lieux éventuels de villégiature. Une ambiance ayant certes beaucoup évolué depuis quelques décennies mais qui reste néanmoins révélatrice d’un temps fort de l’année. Or pas d’effervescence particulière dans la rue vers 8h 30.
En effet les trois écoles du centre ville n’ont pas fait recette. Des milliers d’euros dépensés pour tenter de convaincre que les enfants seraient mieux dans les locaux scolaires qu’à leur domicile ; une douzaine de personnes mobilisées à la maternelle et tout autant à l’école élémentaire et une implication forte des élu.e.s locaux pour que cette réouverture soit aussi paisible que possible. En fait il n’y avait qu’une dizaine d’élèves dans le premier établissement et le double dans l’autre !
Il n’est donc pas étonnant que je n’ai vu défiler beaucoup de gamin.e.s masqués, cartable au dos devant ma fenêtre. On a fait un tintouin extraordinaire autour du retour sur les bancs des « communales » de 3 à 6 % des inscrits. Compte tenu de la qualité des locaux et des surfaces disponibles le danger de contamination devient infinitésimal. Le nombre des adultes étaient en effet supérieur partout à l’heure de la rentrée à celui des chères têtes blondes ou brunes à accueillir. Tout le monde arborait la nouvelle arme de la guerre passive contre le virus : le masque !
Je fréquente à divers titre un conseil d’administration de collège depuis 1982 et donc j’ai donc un certain recul sur les discussions qui s’y tiennent. Pour la première fois, en ces décennies de participation, celui auquel j’ai été associé se déroulait en visioconférence. Une excellente initiative puisqu’elle a permis au maximum de personnes concernées de s’exprimer sur la prochaine reprise. Une seule certitude : elle se prépare mais elle ne sera pas de tout repos.
Les précautions à prendre ont été minutieusement présentées par la Principale. On a eu l’impression qu’il faudra beaucoup plus de temps de mise en œuvre des conditions d’accueil que des cours. Le (la) collégien.ne devra en effet prendre sa température avant de quitter son domicile (belle perspective familiale). Il ne montera dans son bus de ramassage que s’il est muni d’un masque agréé (attention les masques de fabrication familiale ne seront pas admis) avant de s’asseoir seul à une place disposée le long des fenêtres de part et d’autre de l’allée centrale. il lui sera déconseillé de discuter avec ses copain.ne.s.
A l’arrivée sa température corporelle sera à nouveau mesurée et il sera conduit aux toilettes (en très mauvais état d’ailleurs) pour se laver les mains pour la première fois de la journée. La répartition dans les classes s’effectuera selon un sens unique fléché. Les professeur.e.s (selon les premières estimations les masques deviennent humides après deux ou trois heures de cours) devront envoyer des collégien.ne.s qui éternueraient, se moucheraient ou tousseraient, se laver les mains et s’ils vont aux toilettes et sortir de cours ils recommenceront durant 30 secondes. Ils recommenceront après et avant manger à leur place dans leur salle de classe. Le retour sera de la même veine. Une organisation quasi militaire va donc être mise en œuvre pour quelques heures de cours dont on mesure l’importance décisive !
J’ai entendu que le retour vers l’école était dans le fond peu important pour l’acquisition de savoirs supplémentaires. La période avec les échanges numériques entre professeurs et élèves s’est, de l’avis unanime fort bien déroulée, et donc le but du retour à l’enseignement en face à face aurait des objectifs sociaux si l’on se fie aux déclarations toujours péremptoires du Ministre de l’Éducation Nationale. On est dans le social !
« Il n’y a pas que le sujet du Covid-19 comme problème dans une société. Il y un problème alimentaire avec des enfants qui ne vont plus à la cantine, il y a des problèmes de violences intra-familiales qui ont pu s’empirer en période de confinement, puis il y a des problèmes éducatifs. Bien sûr qu’il fallait confiner. Mais ce travail de barrière ayant été fait, il fallait reprendre une vie collective » a-t-il affirmé sur BFM . On le croit ! Vive la vie collective pour les jeunes dans le contexte du déconfinement respirant la liberté et l’autonomie mais j’en conviens formateur pour la responsabilité.
Remettre en route dans de telles conditions la totalité de la grande machine éducative paraît un peu disproportionné mais tout est justifiable dans cette période singulièrement compliquée. De ma fenêtre je vois le « mammouth » du célébrissime Claude Allègre se lancer dans une aventure particulièrement risquée et pouvant laisser des traces durables.
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Les nerfs des enseignants sont souvent mis à rude épreuve, mais là, les maisons de repos de la MGEN ont toutes les chances de très vite afficher complet…
Vous savez ces bandes joyeuses d’enfants qui, se retrouvant après deux mois de vacances, arpentent les rues du village (je crois que je date là!)
C’est sûr que là tu nous parle d’un temps…air connu !
J’observe parfois le matin, depuis mon mirador l’arrivée des élèves (portion très congrue ce matin malgré une impressionnante « logistique ») et surtout de certains parents qui s’arrêtent devant l’école, un peu en travers, à l’endroit où c’est balisé « Stationnement interdit sauf v h handicapés », bloquant ainsi toute la file qui suit.
Puis on descend tranquillement amener fifils ou fifille dans la cour, tandis que derrière, les autres parents poirotent.
La même cérémonie se reproduit le soir, avec le même sans gêne, sans parler des véhicules garés n’importe comment, dans le carrefour, sur les trottoirs, sur les pelouse etc….
Il y a bien quelques marginaux qui se garent plus loin, et parfois même viennent à pied depuis leur domicile !
Quant aux envolées de moineaux auxquels nous avons assisté ou même participé, c’est de l’histoire ancienne .
On ne voit plus d’enfants venir ou quitter seuls l’école, sécurité oblige, même si les parents traversent à 20 mètres des passages pour piétons, le « bonhomme » étant rouge….
Oui, c’est bien compliqué. Mais , où les familles trouvent-elles les masques agréés ? Et à quel prix?
Sans compter, que les masques « fait maison « , sont fait bien plus conformes que certains masques distribués par des mairies, qui , même trompées sur la qualité, n’ont pas hésité à les distribuer.
Cher Jean-Marie
On en fait beaucoup, on en fait trop !!!! Je veux bien que ce connardevirus soit un danger pour certaines ou certains mais pour les enfants, jeunes ou très jeunes de surcroit, il ne l’est guère plus qu’une épidémie de varicelle (courante dans les GS de maternelle en juin et très dangereuse pour les adultes!) ou de gastro qui, on le sait encore moins font des ravages dans les rangs des plus grands…..
MAIS, car il y a toujours un MAIS, il fallait montrer, comme Matamore, qu’on était « en ordre de bataille ». Et qu’ON était le plus fort, le plus protecteur, le plus du plus.
Oui, les enfants, petits comme ados commençaient à montrer des signes de dépression, et ça, croyez-moi, ça se paye cash dans les mois voire les années à venir. Il fallait déconfiner.
Oui, il était nécessaire que nos chères têtes frisées retrouvent leurs pairs et s’éloignent de la pesanteur familiale.
Oui il était nécessaire que les parents puissent retourner travailler.
Oui, il était nécessaire de vérifier que les adultes qui allaient être en présence de ces enfants soient guéris ou non porteurs pour ne pas trop contaminer les autres adultes . Mais On en a décidé autrement.
Et comme disait mon père: « Généralement, ON est un con. »