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La recentralisation suspecte des fonds européens

Le jour où l’Europe humilie la France en rejetant la candidature de la commissaire proposée par le Président de la république sur le terrain, la région Nouvelle Aquitaine achevait ses réunions de préparation de la programmation des fonds européens 2021-2027… Tout un symbole du grand écart qui existe entre le travail concret des collectivités territoriales et une certaine vision politique de l’UE.

Avec plus d’un an de retard sur les autres pays, la France entame sa procédure de mise en place de son programme destiné à recueillir les soutiens financiers proposés par Bruxelles. On va donc discuter aussi largement que possible entre partenaires de tous niveaux pour que la région essaie de faire inscrire fin 2020 ses objectifs dans le document transmis à la commission européenne.

C’est le flou complet. Nul ne connaît vraiment le budget disponible car en raison des incertitudes sur le Brexit et les propositions des États membres. On partirait sur 1 % du produit intérieur brut et on pourrait aller jusqu’à 1,11 au mieux. Toutes les nouvelles propositions devront être financées par l’abandon d’autres politiques. la politique agricole commune va en être la principale victime ! 

Alors qu’il faudrait une France forte, convaincante, structurée elle s’effondre dans sa crédibilité sur un seul vote. Le travail de concertation et d’échange en court risque bel et bien de mal tourner si le gouvernement continue à taper insidieusement ou ouvertement sur les collectivités territoriales.

Ainsi la Commission européenne a privilégié 5 thèmes : l’innovation et le numérique (187 milliards) ; cohésion et valeurs (442 milliards) ; Ressources naturelles et environnement (379 milliards) ; Migrations et frontières (35 milliards) ; sécurité défense (28 milliards) …

La France est bien entendu contributrice à ce budget mais aussi récupératrice d’une bonne part de ces fonds qui tombent sur les territoires. Ils vont fondre de manière dramatique. L’état toujours plus recentralisateur a en effet décidé de récupérer les 2/3 des crédits affectés à la région Nouvelle Aquitaine et qui servaient à l’évolution de l’agriculture.

C’est indubitablement un acte d’allégeance du gouvernement à la FNSEA. Les « céréaliers » très inquiets de l’évolution de la politique agricole commune mise en œuvre en France ont remis la main sur le pactole. Sur les sommes allouées au titre du Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) il ne restera en région que les primes d’installation pour les jeunes agriculteurs, la forêt, les investissements et le développement local dont les crédits LEADER destinés aux projets locaux… mais disparaîtront surtout les aides régionales à la transition vers le bio. Hasard ? On peut fortement en douter.

Le Ministère de l’Agriculture en 2021 aura en effet en charge le développement d’une production plus saine. Les viticulteurs en transition dans notre département perdent la proximité et surtout le lien avec les élu.e.s. Ne serait-ce que parce que l’on peut douter de la capacité de l’État à gérer ces dossiers faute de personnel suffisant !

La France va accumuler du retard sous le regard amusé des tenants du productivisme agricole dopé par la chimie. On ajoutera que c’est un artifice supplémentaire pour augmenter fictivement le budget du Ministère et supprimer des crédits spécifiques encore présents. Il suffira d’inscrire les milliards en recettes en évitant d’effectuer les dépenses pour rééquilibrer fictivement els comptes. En fait la filière bio risque de devoir patienter. 

Les autres grands axes pour 2021-2027 retenus pour le territoire national concerne « la recherche, le développement et l’innovation », la promotion « des énergies renouvelables et à une utilisation efficace de l’énergie » ; l’amélioration de « l’emploi et le développement de la formation continue »  ainsi que la cohésion territoriale.

Exit en France de l’aide européenne au très haut débit (la Gironde très en avance n’est pas concernée) sauf pour des zones très fragiles. Pour les mobilités « douces » ou « durables » il n’y a vraiment aucun empressement pas plus que sur les grands équipements liés au transport. De fortes inquiétudes pèsent sur les aides potentielles à la protection de la biodiversité car Bruxelles considère que dans le temps la France a beaucoup bénéficié de son soutien dans ce secteur.

La Gironde de son coté via le Fonds social européen (probablement en baisse de 5 %) que lui délègue l’État va pourvoir poursuivre ses opération dans le secteur de l’insertion. Un engagement indispensable dans des secteurs avec des jeunes en grande difficulté. Seule ombre au tableau : dans la cadre de la limitation de l’augmentation des dépenses à 1,2 % imposée au conseil départemental, les crédits utilisés au nom du FSE sont… sanctionnés par une reprise financière totale. La France est le seul pays européen qui pénalise les collectivités qui osent mettre en œuvre une vraie europe sociale.

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Cet article a 2 commentaires

  1. J.J.

    Le jour où l’Europe humilie la France en rejetant la candidature de la commissaire proposée par le Président de la république…..

    C’est plutôt le petit chef qui peut se sentir humilié-et c’est tant mieux-, ça lui apprendra à s’entourer, lui, le promoteur d’une République soit disant exemplaire, de personnages plus ou moins interlopes, et à la moralité plus que douteuse.

    Utiliser l’argument de la présomption d’innocence, comme l’a fait madame Goulard, est une arme à double tranchant.
    Le corollaire de la présomption d’innocence est la présomption de culpabilité !

    Maintenant ça suffit, l’impunité et la magouille au pouvoir.

    Mais évidemment, quand on voit un Fillon, avec sa majestueuse collection de casseroles ramener sa fraise, on n’a guère de doutes sur l’honnêteté de certaines femmes ou hommes politiques, ceux la même qui contribuent à jeter le discrédit sur la fonction.

    Si la France est humiliée, je ne le suis pas, quelles que soient les raisons, peut être de « basse politique », qui ont amené à cette décision.
    18 vendémiaire 227

  2. Bernadette

    C’est très complexe tout ça. …

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