Retour au volant de mon véhicule vers 22 heures du conseil départemental et donc traversée de Bordeaux avec un nouveau constat : jamais peut-être les incivilités sur les chaussées empruntées ne parut aussi nombreuses. Impossible de conduire sereinement dans une ville puisque sans cesse les entorses aux principes du partage de la rue perturbent la perception du parcours pourtant sécurisé. Il faut avoir une attention particulière à des conduites totalement contraires au respect des règles de la vie collective.
J’ai compté 19 vélos, sans éclairage circulant avec des comportements pour le moins dangereux. Habillés de couleurs sombres les cyclistes s’octroient toutes les transgressions à la prudence. Pas moins de six d’entre eux ont carrément traversé des carrefours d’où peuvent surgir des véhicules ou le tram sans aucune hésitation. Ce n’est pas nécessairement le plus inquiétant. Les plus dangereux d’entre eux passent à tout allure lorsque le feu bascule de leur coté au rouge ! Privés de lumières arrières et avant, ces vélos dépouillés avaient souvent sur la selle des livreurs avec coffres sur le dos portant le logo de Deliveroo, restaurations spécialisée dans les plats thaïs ! Comment peut-on accepter que ces jeunes circulent sans aucune protection dans une ville ? Sauf s’ils ne sont pas déclarés, ces pédaleurs pressés sont en temps de travail… et sous la responsabilité légale, en cas d’accident, de l’entreprise qui les emploie. Il serait assez aisé de les contrôler au départ du restaurant… mais probablement manque-t-on de temps et de moyens humains.
Je n’ai croisé qu’un seul vélo avec un phare avant éclairé (mais pas d’éclairage arrière) qui remontait face à moi comme un adolescent sur un engin adapté à un enfant de 8 ans. Il circulait sur la alors que la piste cyclable était sur la gauche. J’ai été contraint de passer très près de deux équipages sans aucune lumière composé de deux adultes zigzagant en descendant vers la gare ! Bref un vrai parcours du combattant devant se garder d’un coté et de l’autre de dangers imprévisibles.
En empruntant la longue ligne droite de la rue Saint Nicolas il faut également se méfier des slaloms effectués par les deux roues motorisés des livreurs de pizzas. Eux-aussi circulent sans aucune signalétique alors qu’ils sont en temps de travail et aisément contrôlables ! Aucun signal de circulation ne leur fait peur… et ils se font probablement une gloriole de se faufiler dans les rues sans aucune retenue mettant constamment leur intégrité physique en péril. Je n’en ai croisé que trois mais égaux dans leur mépris pour les règles élémentaires de la conduite. Probablement soucieux de ne pas voir refroidir leur livraison ils rivalisent d’acrobaties inconscientes. C’est vrai que leur adresse paraît rassurante mais ils effectuent des trajectoires hasardeuses ne permettant pas de sécuriser les autres utilisateurs de la rue. Mieux en sens contraire a surgi de la demi-obscurité un un skateur absolument invisible à distance ! Au milieu de ces évolutions il est indispensable de faire attention à chaque instant.
Il y a sur le territoire métropolitain on compte en moyenne deux cyclistes tués par an ce qui est évident toujours trop mais au regard des victimes globales c’est modeste. On en compte cependant entre 2000 et 2016 cinq qui ont perdu la vie pour avoir « grillé » un feu rouge… auxquels il faut ajouter que 16 ont été tués par des automobilistes accomplissant la même infraction. Ces douloureuses statistiques ne reflètent absolument pas la réalité d’une circulation multiforme qui n’a plus vraiment de repères. Ces incivilités illustrent le contexte actuel où la transgression des principes du vivre ensemble volent en éclats au nom d’un pseudo liberté individuelle socialement dévastatrice.
Une traversée très ordinaire de la ville. En effet ces faits, ces comportements, ces manquements se produisent aussi en journée, donnant une image particulièrement détestable d’un mode de locomotion que je ne cesse de défendre depuis des années. Le nombre de cyclistes ne cesse d’augmenter (plus de 30 % sur les trois dernières années) sur le territoire métropolitain et les modes de déplacements alternatifs (trottinettes notamment) ont accentué la nécessité de partager encore plus l’espace public. Il ne semble pourtant pas que les usagers en prennent le chemin… mais probablement ai-je une mauvaise vue de la situation d’un début de nuit dans les rues de Bordeaux.
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