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Le Brésil déborde victorieusement sur l’extrême droite

Élection après élection dans le monde le scénario se répète : les vainqueurs sont ceux qui profitent de l’échec patent du régime précédent pour surfer sur la déception ou le rejet de mesures jugées inefficaces. Durcissement des idées et des actes pour rassurer celles et ceux qui n’espèrent plus rien de systèmes à bout de souffle, « pourris » jusqu’au trognon ou essentiellement tournés vers une idéologie un tant soit peu humaniste. On va finir par compter sur les doigts des deux mains les pays où subsiste une véritable démocratie. Ce seront des exceptions dans une décennie. L’homme providentiel exprimant les frustrations profondes de son peuple arrive partout au pouvoir, surtout s’il est soutenu par des médias détenus par des « profiteurs » intéressés ou par des mouvements religieux bien implantés. Le Brésil vient simplement d’en apporter la preuve même si un sursaut reste possible.
L’électorat évangélique représente l’un des soutiens majeurs de Jaïr Bolsonaro, lui-même ancien catholique converti depuis 2016. L’an dernier lors d’un meeting à Paraíba, dans le nord-est du pays, il déclare: «Dieu au-dessus de tous. Cette histoire d’État laïc n’existe pas. L’État est chrétien et que celui qui n’est pas d’accord s’en aille.» Il enchaîne les provocations, les insultes, les incitations à la haine mais il apparaît surtout comme le combattant résolu du Parti des Travailleurs.
Fervent admirateur de la dictature militaire qui a gouverné le pays de 1964 à 1985 le capitaine de réserve vante la traque à mort des «communistes». En avril 2016, il vote «oui» à la destitution de la présidente Dilma Roussef et dédie sa décision «à la mémoire du colonel Carlos Alberto Brilhante Ustra», accusé d’avoir torturé lui-même l’ancienne présidente. Horrible mais pourtant absolument pas réprouvé par les nostalgiques de cette époque.
Comme dans tant d’autres scrutins c’est pas dépit que bon nombre d’électrices et d’électeurs sont aller voter pour éliminer les candidat(e)s de l’ordre ancien. Ils avaient trahi la confiance de celles et ceux qui avaient cru en eux justement par réaction à la période noire antérieure.
Les valeurs perdues ne se rattrapent jamais dans l’esprit des personnes qui ont cru en elles. Ayant conquis le pouvoir par l’exemplarité de leur démarches à la base grâce à de brillants succès aux élections locales, le PT a été perdu par le sommet d’une pyramide où se trouvait l’homme providentiel, le charismatique Lulla. Fernando Haddad, qui a obtenu le score le plus bas du parti au premier tour d’une présidentielle depuis 1994, va devoir mettre les bouchées doubles pour rattraper son retard et effacer l’image catastrophique de son parti… ainsi que la forte déception qu’il a suscitée. Il ne lui reste que l’espoir que son adversaire fasse un faux-pas !
 Bolsonaro a déjà réaliser une percée exceptionnelle avec l’appui de puissants lobbys conservateurs, notamment ceux de l’agro-business et des puissantes Églises évangéliques..puisque le nombre de députés de son parti est passé de 8 à 52, sur 513 au total et il a déjà 4 sénateurs contre aucun antérieurement. Un autre signe montre bien que le parti de la finance est à ses cotés dans un pays où la pauvreté n’est pas forcément du coté du Parti des Travailleurs. En effet dès le lendemain du premier tour Peu après l’ouverture, l’indice Ibovespa de la Bourse de Sao Paolo a bondi de plus de 6 % et le réal brésilien, fortement déprécié ces derniers mois, prenait 2,87 % face au dollar, à 3,75 réais pour 1 dollar, contre 4,20 il y a deux semaines. Tout va se liguer : religion, argent, médias vont se liguer pour installer un ex-parachutiste dont le succés a été calqué sur celui de Trump ! Il devrait poursuivre une campagne très active sur les réseaux sociaux, avec l’aide de groupes qui ont diffusé massivement fausses nouvelles et informations douteuses, prenant modèle sur la campagne victorieuse de l’agité du bocal américain. Partout les mêmes procédés, les mêmes outils et surtout les mêmes résultats.
En Italie Salvini et Marie Le Pen font cause commune en sachant fort bien que les élections européennes peu personnalisées leur donne une chance unique de transformer le pseudo système démocratique de la proportionnelle en machine à broyer les mérites individuels. Inexorablement la démocratie représentative se détache des repères sur les capacités des individus à la faire vivre pour faire confiance à des « anti-système » dont le seul mérite est de dénigrer les « rétrogrades » attachés à des idées. La samba brésilienne dans trois semaines se dansera sur un air de « danse macabre ». La huitième puissance mondiale prend le chemin de tant d’autres que ce n’est plus un événement !

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Cet article a 3 commentaires

  1. LAVIGNE Maria

    Finance, médias aux ordres, risquent de porter au pouvoir un pantin. L’histoire n ‘a pas été retenue et les fautifs paradent encore et n’ont même pas la décence de se taire. Affligeant !

  2. J.J.

    Comme par hasard, le Brésil se trouve « de facto » éliminé du projet des BRICS, qui représentent un risque majeur pour le sacro saint dollar.
    Et d’où sortent-ils, ces évangélistes ?
    Comme c’est bizarre…

  3. Philippe LABANSAT

    La planète sombre, écologiquement, politiquement, philosophiquement.
    Tous les éléments sont réunis pour une déflagration, à commencer par la guerre pour l’accès aux ressources : les restes de pétrole ou de gaz, les restes de poissons, les restes de bois d’œuvre, les restes de sable, les restes d’air pur, mais aussi, les restes de terres cultivables, les restes d’eau potable…

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