J’ai en mémoire une soirée de l’automne 2004 où, à la Mutualité, à Paris j’étais allé assister à un grand meeting européen de lancement de la campagne de certains socialistes contre le Traité établissant une Constitution pour l’Europe. Il y avait foule et du beau monde sur l’estrade autour de Laurent Fabius. Peu habitué aux réunions de ce type j’avais été impressionné par la prestation oratoire d’un jeune homme brun au regard noir, éloquent et convaincant s’exprimant avec une fougue particulière. Il démontra avec brio combien un vote positif serait néfaste pour la France ! Il fut ovationné par une salle acquise au combat contre un texte dont les effets néfastes se font encore sentir. Impressionné par une prestation de haute volée je demandais à mes amis présents quel était ce nouveau talent : « Manuel Valls » me répondit-on avec fierté.
Le député maire d’Evry effectuait à 42 ans, ses débuts dans une campagne électorale qui devait peut-être être la dernière mettant l’engagement citoyen au cœur de la vie politique. J’avoue avoir été conquis par le panache avec lequel il était intervenu ! Manuel Valls fut durant quelques mois un combattant affirmé contre les très nombreux caciques du PS qui tentèrent de convaincre l’électorat d’approuver un texte pourtant contraire aux intérêts réels des peuples. Il fallait un certain courage pour tenir dans un contexte où la grande majorité des « vedettes » socialistes militait avec méthode en faveur d’un résultat qui paraissait acquis.
Fin 2004, lors du référendum interne du PS sur la constitution européenne, le oui prôné par François Hollande l’emporta avec 59 % de voix. Pendant la campagne référendaire de 2005, Manuel Valls fut un des rares « nonistes » à se prononcer finalement pour le oui, à quelques semaines du vote. Un revirement que je n’ai jamais pu lui pardonner d’autant que ce fut un ralliement « utilitaire » au camp de François Hollande et surtout pas le fruit d’une analyse particulière. Malheureusement pour lui… le non l’emporta, par 54,7 % des suffrages et il fallut des trahisons politiciennes pour que les opposants soient dépossédés d’un succès obtenu par une action militante forte et jamais retrouvée depuis ! Manuel Valls retomba certes sur ses pieds mais il avait définitivement perdu ma confiance. Surtout que dans la foulée le révolutionnaire anti-traité constitutionnel ayant enflammé la salle de la Mutualité où j’avais fait le congrès épique de la Fédération de l’Éducation Nationale (FEN) en 1970 démontra son vrai visage.
Son action à la tête de la ville d’Évry fut en effet marquée par… le triplement des effectifs et l’armement de la police municipale, la généralisation des caméras de surveillance (pour un budget de 3,6 à 5 millions d’euros), l’expulsion de Roms, l’interdiction d’un supermarché Franprix halal dans le quartier des Pyramides. Rien de bien attirant mais dans le fond ce n’était que l’amorce d’un avenir encore plus ambigu puisque si l’on se fie à ses déclarations en 2007, il aurait refusé d’entrer au gouvernement Fillon comme le lui proposait, Nicolas Sarkozy, tout juste élu président de la République. Il a toujours justifié cette décision par des désaccords de fond avec la politique économique sarkoziste mais surtout pour préserver… un futur destin présidentiel personnel. Une ambition qu’il mettra en œuvre depuis Matignon après des coups de menton de 49-3 pour des lois qui tueront le PS et surtout sur quelques sujets après avoir « trahi » au moins autant que Macron un certain François Hollande.
Tous les témoins dignes de foi indique que par exemple sur la déchéance de la nationalité il fut l’un des inspirateurs pressant de la prise de position de celui qui lui avait donné le poste de Premier ministre. Le Premier ministre défend en effet ce qui est son projet en évoquant une menace terroriste sans précédent, plus forte encore que lors des attentats du 13 novembre. Peu importe qu’il ait lui-même déclaré antérieurement que la déchéance de nationalité n’était que « symbolique » dans la lutte antiterroriste. Pour Manuel Valls, les Français n’auraient pas compris que les élus soient incapables de se mettre d’accord et de voter les dispositions nécessaires à leur sécurité. Il renoncera à une réforme constitutionnelle avec morgue, sous la pression de l’opinion publique citoyenne en faisant endosser à François Hollande la responsabilité de cet échec ! Il y avait belle lurette que ma confiance s’était évaporée !
Fin 2016 il se déclarera dans un premier temps, défavorable à la tenue d’une primaire présidentielle à gauche de 2017 mais changera de position après la décision du conseil national du Parti socialiste d’en organiser une. Le 5 décembre, il annoncera d’ailleurs sa candidature aux primaires de la gauche en vue de l’élection présidentielle de 2017 et abandonne ses fonctions de Premier ministre le lendemain. Il ne respectera pas le résultat de la primaire puis il trahira le candidat désigné… avant de rallier le camp du vainqueur ! Le voici déçu et « déchu » de ses fonctions françaises et en partance pour la Catalogne qu’il ne veut surtout pas libre… jusqu’à ce qu’il change une fois encore de ligne ! Je m’en moque totalement… car à force de courir en zigzags il finira dans le ravin de l’oubli.
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Oui, vite, le ravin…
Le masque est tombé il y a longtemps déjà ! La girouette suit le sens du vent que je souhaite assez fort pour l’emporter… au diable
Quand j’ai entendu s’exprimer en 2011, pendant la campagne pour les primaires socialistes, le citoyen Valls, que je ne connaissais pas (je ne suis pas toujours « dans le coup »), je me suis demandé ce que ce type fichait dans un parti soit disant de gauche !
Ma première impression était mauvaise, mais c’était la bonne.
Bonjour,
Le coup de poker de Valls ? je vous le livre tel quel paru dans Gala
« Manuel Valls a retrouvé le sourire. Après son échec à la primaire du PS, sa séparation avec la violoniste Anne Gravoin, après 12 ans de vie commune et la fin de son idylle avec Olivia Grégoire, l’homme de 56 ans se reconstruit peu à peu. Et pour cela, il peut compter sur le soutien de la nouvelle femme qui partage sa vie. Selon Paris Match, l’ancien Premier ministre file le parfait amour avec Susana Gallardo. Il faut dire que leur relation serait toute récente. Les deux tourtereaux se sont rencontrés en juillet dernier à Minorque et ont déjà le surnom de « couple de l’été » en Espagne, comme le rapportent nos confrères.
Cette femme de 53 ans est loin d’être inconnue dans son pays. Susana Gallardo est « une figure de la haute bourgeoisie catalane », écrivent nos confrères. Et pour cause, elle est l’héritière des laboratoires pharmaceutiques Almirall. Celle qui a suivi ses études dans la fameuse université d’Oxford en Angleterre est une redoutable femme d’affaires, qui « a tracé sa voie dans le milieu des affaires et de la finance ». »
J’ajoute qu’elle a fait partie des conseils d’administration de multinationales, dont le groupe autoroutier Abertis, Banc of California ou la puissante banque Caixa, où elle siège toujours.
Sacré Manu, un … » pied » dans la politique et l’autre dans la finance. Il me rappelle furieusement un autre ex-premier ministre un certain Barroso, recasé chez Goldmann Sachs ( sans aucun doute pour bons et loyaux services). Au Portugal son nom est associé à sa politique de rigueur et son atlantisme qui a entrainé son pays dans la guerre d’Irak. L’image en France de Valls n’est pas meilleure.
Je ne suis pas inquiet pour lui, en cas de défaite une place au chaud lui est réservée dans un conseil d’administration. la politique mène à tout !
Salutations républicaines