Depuis de nombreuses années le principe égalitaire du service public est conspué, décrié, dénaturé et donc laminé par toutes les formes directes ou indirectes de privatisation. Afin de diminuer les charges collectives permettant d’assurer l’accès du plus grand nombre à un élément essentiel de la vie quotidienne le libéralisme a détruit tout ce qui avait été mis en œuvre sur la base des prescriptions du Conseil National de la Résistance. Plus un seul secteur n’échappe à la volonté de transformer, ce qui relevait de l’initiative publique, en interventions reposant sur les principes du monde du profit. Bien évidemment c’est l’extase du contribuable puisque on lui fait croire aisément que la diminution du nombre de fonctionnaires va réduire sa participation toujours trop élevée, selon lui, à l’action publique. Aucune évaluation réelle n’est faite sur l’efficacité de ce principe libéral voulant que bien évidemment tout soit plus efficace quand on confie son sort à une entreprise privée ! C’est ainsi que des fonctions régaliennes républicaines ont été déléguées en France, morceaux par morceaux, à des structures privées sous la pression d’une Europe voulant absolument que la concurrence passe avant l’intérêt général. L’éducation, l’énergie, les transports, les communications, la santé, la sécurité ont plutôt plus que moins basculé hors du principe du service public ou ne vont pas tarder à le faire dans les prochains mois.
Jamais personne ne se plaint de cette situation car il est difficile de se rendre compte que l’on paye de manière détournée ou directe bien plus cher qu’avant. La vraie raison de cette passivité c’est l’incapacité à percevoir qu’en ayant affaibli voire détruit des fonctionnements à but non lucratifs les adeptes du libéralisme ont accentué leurs profits. L’État complice récupère par exemple via la TVA (qui sait combien il en règle vraiment par an?) des recettes sans avoir les dépenses afférentes à la prestation. C’est tout bénéfice et ça permet de flamber en diminuant les impôts directs ou les cotisations. Or cette stratégie vient de gagner un nouveau secteur des collectivités locales. Grâce à une loi ultra-libérale il est désormais possible pour une métropole ou une ville de confier le contrôle du stationnement à des agents rémunérés par une entreprise privée spécialisée. Il est vrai que l’Etat a montré la voie depuis longtemps en lançant la privatisation des contrôles de vitesse avec une détestable hypocrisie.
Pour l’ineffable Gérard Collomb découvreur du nouveau monde, l’intérêt était évident et suffisait à balayer les réticences car lui il défendait le service public dans un domaine sensible : « Pour affecter gendarmes et policiers à leurs missions prioritaires d’enquête, de sécurité, confier les aspects matériels du contrôle de vitesse à des sociétés extérieures est une solution pertinente. […] La verbalisation restera de la compétence des policiers. Bien entendu, ces sociétés seront rémunérées au forfait et pas en fonction du nombre de PV. » En d’autres termes, circulez, il n’y a rien à voir. « Il n’y aura pas une poussée » pour qu' »on mette le plus d’amendes possible », avait promis le Ministre sur la chaîne Public Sénat. C’était superbe et donc la ville de Paris et bien d’autres se sont engouffrées dans la brèche de ce que l’on appelle pudiquement « l’externalisation » des contrôles jusque là confiés à des agents assermentés. Le résultat est révélateur de cette méthode qui ne repose que sur la collecte de fric à n’importe quel prix.
Tout a mal tourné quand la Mairie de Paris a instauré il y a deux mois des objectifs chiffrés après avoir confié au groupe Streeteo, filiale du groupe Vinci, le contrôle du stationnement payant : 50 000 contrôles par jour. Les salariés de Streeteo ont aussitôt mis en place un système visant à relever depuis des véhicules dotés d’un équipement pour la lecture automatisée de plaques d’immatriculation des rues entières de voitures garées. Ils faisaient ainsi des centaines de contrôles bidons, récupéraient les plaques et annulaient ensuite sous n’importe quel prétexte la prétendue contravention. L’objectif de 50 000 contrôles était atteint…. et même illégalement puisque les agents verbalisateurs n’étaient même pas assermentés comme le prévoit la loi.
On n’est qu’au début de ce type de pratiques de délégation au privé certes désormais légales mais dont les déviances ne font que débuter. Dépassements d’honoraires dans le domaine de la santé avec des filières de soins parfois très privatisées ; attractivité des établissements scolaires privés en raison de l’absence de mixité ou de sectorisation ; ouverture de la concurrence sur le rail avec abandon des lignes non rentables ; affaiblissement des distributeurs d’énergies domestiques par les investissements qu’on les a contraint à effectuer et donc profitent leurs concurrents ; illusion entretenue sur les auto-contrôles sanitaires ou normatifs ; sécurité des biens et des personnes confiée à des vigiles plus ou moins qualifiés ; autoroutes enneigées oubliées par des compagnies privées pourtant très lucratives ; ménage et entretien dans les établissements publics dont les écoles effectués par des grandes entreprises européennes… la liste s’allonge et il reste à démontrer qu’elle est avantageuse pour le citoyen !
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Bonjour
Il aurait été possible de sauver notre fonction publique par une véritable culture de polyvalence de chaque fonctionnaire sur son lieu d’exercice.
Le statut de la fonction publique lié à la catégorie, à l’échelon, peut être aux privilèges que chacun attend après une discussion très personnelle avec son supérieur. Toujours le pognon en jeu, que reste t’il pour le travail polyvalent ?
Bernadette n’a jamais du travailler dans la Fonction Publique. De quels « privilèges » parle-t-elle ? Dans une discussion personnelles avec son supérieur ? C’est exactement l’inverse ! C’est contre cette individualisation qui existe dans le privé que protègent et le statut et les grilles de salaires, tant décriées ici et là ! Quant à la polyvalence et la mobilité se sont justement des éléments de la destruction du statut. Merci madame de cesser de dire n’importe quoi.
@cristo33 bonjour,
Suis ravie que vous ayez trouver à inverser mes propos. Chacun de nous est différent dans la façon de voir et d’analyser son environnement.
Bien cordialement
Notre pays est monté sur le toboggan en 1983. Personne ne peut faire semblant de ne pas savoir dans quoi on s’engageait. Au début, la pente était faible. Aujourd’hui, ça devient beaucoup plus raide, et nul ne sait comment se fera l’atterrissage…
L’élan a été donné il y a déjà un certain temps en rendant payant (en plus du prix d’une communication) les appels téléphoniques à des services publics ou semi publics : Renseignements Téléphoniques, services de La Banque Postale (ex PTT, puis la Poste, service dont la création remonte à ….Louis XI)., Services fiscaux (DGIP) etc…, le tout généralement assorti d’un long moment d’attente avant « d’être mis en relation avec votre correspondant », quant on ne vous raccroche pas au nez au bout de 20 minutes d’attente (payante), les service étant indisponibles.
Comme ça marche bien, pourquoi ne pas exploiter le fil(l)on ?
Ce qui est grave c’est que Jupiter continue à exploiter cette forme de service inutile comme développement de service public.
La dématérialisation de l’existent continue de tourner à l’envers. C’est bien voulu par l’équipe gouvernementale. Face à cette debauche, la gauche s’immobilise.
Mais enfin les contribuables payent. Ils ont même payer du management qui a servi démolir le coeur même de l’utilité du service rendu.
Pas toujours mais souvent la sous-traitance amène une baisse de qualité du service rendu. Les entreprises n’ ont pas pour objectif le service mais plutôt le bénéfice ce qui est leur nature. Comme je parlais éducation à un directeur de centre d’ apprentissage repris par la CCI, il m’ a coupé: » Nous ne sommes pas là pour faire de l’ éducation mais de la gestion » tout en se rattrapant: « même si nous y pensons ». Le mérite de la franchise! La recherche de la rentabilité dans bien des entreprises entraîne le licenciement des expérimentés, anciens donc plus coûteux, pour des débutants inexpérimentés mais moins coûteux et plus malléables. Les indemnités fixées par les Prud’hommes ne suffisaient pas à empêcher la pratique mais avec les nouvelles règles,c’ est cadeau. Bilan défavorable pour le citoyen mais, de plus, catastrophique pour le citoyen-salarié. Ajoutons à cela le risque des dessous de table. Je me souviens d’avoir entendu des commerciaux,il y a bien longtemps (ce n’ est plus comme ça, je suppose…), qui ne voulaient plus travailler avec une administration bien précise tellement les dessous de table étaient plus élevés qu’ ailleurs. L’ un fournissait des produits de nettoyage et l’ autre des grosses machines de pressing pour les collectivités. Navrant mais ça m’ m’étonnerait que la privatisation diminue la pratique. Ajoutons encore la surprise que nous avons eu en constatant le remplacement à la mairie de Bordeaux de membres de la police municipale par des agents de sécurité par le nouveau maire dès sa première année. Pas confiance dans sa police?